Nasser Bourita : 26 ans de diplomatie royale, de la patience stratégique à la souveraineté consacrée

Article 1 – Les fondations de la diplomatie royale : de 1998 à 2007

De la patience du bâtisseur à la clairvoyance du stratège, la diplomatie royale a, en un quart de siècle, façonné un tournant dans l’histoire du Maroc moderne.

Dans un entretien accordé à 2M, Nasser Bourita retrace la trajectoire diplomatique pensée et conduite par le Roi Mohammed VI, de la sortie, en 1998, du « plan de règlement » à la reconnaissance universelle, en 2025, du modèle d’autonomie sous souveraineté marocaine.

Cet exercice de communication marque aussi un moment crucial de vulgarisation et de pédagogie diplomatique, où le ministre s’adresse directement aux Marocains dans une langue claire, accessible et rigoureuse, pour démêler le vrai du faux au milieu du brouhaha informationnel, des fake news et des campagnes de désinformation qui ont précédé le vote du Conseil de sécurité.

Ce premier volet d’une série documentaire restitue, dans le respect des mots et des étapes, le récit intégral d’une diplomatie royale devenue modèle de constance, de méthode et de légitimité.


Ce qu’il faut retenir de la 1ère partie de l’entretien de Bourita sur 2M

Un moment historique pour le Maroc
Nasser Bourita décrit l’adoption de la résolution 2797 comme un tournant majeur qui consacre l’autonomie sous souveraineté marocaine et marque la fin du cycle ouvert par le “plan de règlement” et le référendum des années 1990.
Une trajectoire initiée en 1999 par Mohammed VI
À son accession au Trône, le Roi a rompu avec la logique du référendum et engagé une stratégie nouvelle, fondée sur le réalisme, la crédibilité et la constance. Dès 1999, il oriente la diplomatie marocaine vers la recherche d’une solution politique durable.
La genèse de l’initiative d’autonomie (2004–2007)
Le ministre rappelle que l’idée du plan d’autonomie est née d’un long processus de réflexion royale entamé dès 2004, aboutissant à la présentation officielle de l’initiative au Secrétaire général de l’ONU en 2007.
Une diplomatie patiente et cumulative
Bourita insiste sur la continuité : l’initiative d’autonomie n’est pas un geste isolé, mais le fruit d’un travail de vingt-six ans mené par le Roi Mohammed VI, combinant négociation, persuasion et crédibilité sur la scène internationale.
L’affirmation d’un Maroc maître de son destin
Le ministre décrit la résolution 2797 comme la consécration d’une ligne diplomatique fondée sur la souveraineté, la stabilité et le développement, inscrivant désormais la question du Sahara dans le registre de la légitimité et de la réalité.


1ère partie de l’entretien de M. Nasser Bourita sur 2M en date du 01/11/2025

Sanaa Rahimi :
Bonsoir, et bienvenue dans cette émission spéciale, à l’occasion des cinquante ans de la Marche Verte et du soixante-dixième anniversaire de l’indépendance du Maroc.
Un moment marquant, que tous les Marocains ont vécu aujourd’hui : le Maroc uni, de Tanger à Lagouira.
Un moment résumé par la décision onusienne adoptée hier par le Conseil de sécurité, la résolution 2797, qui consacre le passage de la question du Sahara vers la voie de l’autonomie, sous la souveraineté du Maroc.
Un moment fort, décisif, historique fruit du travail conduit par Sa Majesté le Roi Mohammed VI tout au long de vingt-six années.
Mon invité dans cette émission spéciale est le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, M. Nasser Bourita.
Bienvenue.

Nasser Bourita :
Merci, bienvenue à vous.

Sanaa Rahimi :
Nous sommes accompagnés dans ce programme par notre collègue Ridouane Erramdani.

Nasser Bourita :
Bienvenue à vous, chers téléspectateurs. Bienvenue aussi à notre collègue Abdellah Tourabi.

Sanaa Rahimi :
Nous serons tous d’accord : Nasser Bourita a vécu hier une joie particulière, comme nous tous, Marocains. Pourquoi cette joie ? Pourquoi ce succès ? Pourquoi aujourd’hui ?

Nasser Bourita :
Nous vivons un moment historique, un moment de rupture, un tournant.

La question essentielle est : comment en sommes-nous arrivés à ce moment-là ?

Aujourd’hui, si les Marocains sentent qu’il y a un changement après la bonne nouvelle annoncée hier par Sa Majesté le Roi, et en lien avec la résolution, c’est parce qu’elle est venue couronner un immense effort mené par le Souverain pendant ces vingt-six dernières années.

Nous vivons aujourd’hui la consécration d’un engagement personnel, d’un effort personnel de Sa Majesté le Roi dans cette question.

Car si cette résolution, en elle-même, constitue une rupture avec toutes les précédentes, elle marque un tournant dans la question du Sahara.

Il ne faut pas oublier où nous en étions en 1998 : nous parlions alors d’un plan de règlement et d’un référendum.

Un référendum qui incluait l’indépendance ou la séparation comme option principale.

C’était la fin de 1998 et le début de 1999.

À partir de 1999, Sa Majesté le Roi a commencé à travailler, avant même la fin de l’année, d’abord sur la façon de sortir de ce processus du plan de règlement et du référendum, qui s’est révélé sans issue et impossible à appliquer.

Ensuite, le Roi a travaillé directement sur la question du « quel est l’alternative ? » pour en sortir.

C’est ainsi qu’a commencé l’initiative d’autonomie, préparée depuis 2004 jusqu’à son aboutissement en 2007. Cette initiative a pris son cours, mais lorsque ce processus a buté sur l’absence de volonté des autres parties, Sa Majesté le Roi est passé à une autre phase : faire de l’autonomie la référence pour les États. À cette époque, les Nations Unies n’étaient pas encore prêtes.

Il y a eu un travail considérable sur les relations bilatérales avec les États. Comme l’a rappelé hier le Roi dans son discours, désormais, à l’Assemblée générale des Nations Unies, trois quarts des pays reconnaissent le plan d’autonomie. Cela n’est pas venu tout seul : en 2007, 2008, 2009, il n’y avait que quelques pays.

Nous ne sommes pas arrivés à ce moment par hasard.

Ensuite, il y a eu la reconnaissance américaine en 2020, fruit d’une interaction importante menée par le Roi avec l’administration américaine de l’époque.

Même alors que le président Trump était sur le départ, le Roi a poursuivi le processus dans le cadre d’une interaction directe, jusqu’à l’obtention de la reconnaissance américaine.

Chronologie – Les fondations de la diplomatie royale (1998–2007)

Année Événement clé Contexte et portée
1998 Fin du “plan de règlement” onusien Le processus de référendum prévu par les Nations Unies s’enlise. Son application devient impossible, ouvrant une période d’incertitude diplomatique.
1999 Accession au Trône de Sa Majesté le Roi Mohammed VI Le Souverain introduit une nouvelle approche fondée sur l’équité, l’objectivité et le réalisme, marquant une rupture avec la logique du référendum.
1999–2003 Réévaluation stratégique du dossier du Sahara Le Maroc entame une réflexion approfondie sur les limites du plan onusien et amorce la conception d’une solution politique crédible et durable.
2004 Lancement de la réflexion sur l’autonomie Début du travail diplomatique et institutionnel sur un modèle d’autonomie régionale sous souveraineté marocaine.
2005–2006 Élaboration du cadre de l’initiative Les contours politiques, économiques et institutionnels du projet marocain d’autonomie sont consolidés. Le Royaume engage la concertation avec ses partenaires.
Avril 2007 Présentation officielle de l’Initiative marocaine d’autonomie à l’ONU Le Maroc soumet formellement son initiative au Secrétaire général des Nations Unies, marquant un tournant diplomatique historique et la fin de l’ère du référendum.

Beaucoup pensaient que cela disparaîtrait avec le départ de Trump. Mais le Roi n’a pas seulement préservé ce gain avec l’administration Biden, il a aussi poursuivi le travail avec les autres partenaires :

  • l’Espagne a changé de position en 2021,
  • l’Allemagne également en 2021,
  • la France après la visite du président Macron et le message adressé au Roi en juillet 2024,
  • et enfin le Royaume-Uni en juin 2025.

Voilà d’où nous venons : d’un plan de règlement et d’un référendum avec l’option de l’indépendance, vers un nouveau paradigme, celui de l’autonomie. Ensuite, Sa Majesté a fait de cette autonomie la structure centrale du débat sur le Sahara, puis l’a érigée en solution défendue par les grandes puissances.

Souvenez-vous de ce qu’a dit le Roi au Parlement en octobre 2024 :

« Il y a deux mondes. Un monde réel, celui où le Maroc est dans son Sahara, où des pays reconnaissent l’autonomie, où le développement économique progresse. Et un autre monde, attaché à des idées du passé, que le temps a dépassées. »

Le Roi avait ajouté que les Nations Unies devaient assumer leurs responsabilités, afin que ces deux mondes ne coexistent plus, que le monde réel devienne celui des documents onusien.

C’était en octobre de l’an dernier.

Et l’année suivante, le Roi a travaillé dans ce sens, et aujourd’hui, les Nations Unies ont assumé leurs responsabilités hier.

La résolution reflète désormais le monde réel : celui de la légitimité, de l’histoire, de la vérité, et de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Elle affirme que l’autonomie est le référentiel central, le point de départ et le point d’arrivée. Aujourd’hui, le Sahara marocain est désigné comme une zone de développement et de prospérité.

Voilà le cheminement : c’est le couronnement d’un processus.

Le Maroc récolte aujourd’hui les fruits d’un travail que Sa Majesté le Roi a mené pendant vingt-six ans.

Nawfal Laarabi
Nawfal Laarabi
Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist 20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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