La fin du régime de Bachar Al-Assad est désormais actée. La Russie, soutien historique du président syrien, vient de le confirmer de manière officielle. Ce 8 décembre 2024, le Ministère des Affaires Étrangères russe a annoncé le départ de Bachar Al-Assad, une décision qui résulte de négociations avec des groupes armés. Moscou, qui affirme ne pas avoir pris part à ces tractations, appelle à une transition politique pacifique sous l’égide de la résolution 2254 de l’ONU. Pendant ce temps, les bases militaires russes en Syrie passent en alerte maximale, tandis que la communauté internationale s’interroge sur l’après-Assad et la redistribution des pouvoirs dans un pays marqué par plus de 13 années de guerre civile.
Un départ inattendu mais organisé
Le 8 décembre 2024, le Ministère des Affaires Étrangères de la Fédération de Russie a annoncé, à travers un communiqué officiel, la fin du régime de Bachar Al-Assad. Ce dernier, à la surprise générale, a décidé de quitter la présidence et de quitter le pays après des négociations avec plusieurs groupes armés actifs en Syrie. La déclaration souligne que cette transition s'effectuera de manière pacifique, conformément aux instructions laissées par l’ancien chef de l’État syrien.
Le retrait de Bachar Al-Assad met un terme à plus de deux décennies de règne sur la Syrie. L'homme fort de Damas, souvent présenté comme un «survivant» des printemps arabes, quitte la scène politique dans un contexte de recomposition des forces au sein du pays et de nouvelles dynamiques régionales.
❗️Russian Federation is in contact with all groups of Syrian opposition – Russian Foreign Ministry pic.twitter.com/7j5iOwiFqV
— RT (@RT_com) December 8, 2024
La Russie prend ses distances avec la décision
Dans son communiqué, Moscou se veut clair : la Russie «n'a pas participé aux négociations» qui ont conduit à cette décision. Cette précision stratégique permet à la Russie de se dissocier de toute perception d’ingérence, tout en réaffirmant son rôle de médiateur incontournable.
Cependant, la Russie ne se déclare pas passive pour autant. Elle appelle toutes les parties syriennes, qu'elles soient gouvernementales, rebelles ou issues de la société civile, à adopter une approche inclusive et pacifique de la transition. Le cadre de référence avancé est la célèbre Résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU, qui fixe les bases d'un dialogue inter-syrien inclusif.
Un appel à la préservation de la paix
La Russie exhorte les différents groupes armés et les factions syriennes à «renoncer à l'usage de la violence» et à s'engager dans un dialogue politique inclusif. Consciente des risques d'escalade qui pourraient surgir après le départ d'Al-Assad, Moscou soutient les efforts de l'envoyé spécial de l'ONU, Geir Pedersen, en faveur de la tenue rapide de négociations inter-syriennes à Genève.
Moscou craint un vide institutionnel en Syrie, un scénario redouté également par la communauté internationale après les précédents de la Libye ou de l’Irak. Le message de la Russie se veut donc préventif, insistant sur la nécessité de respecter la diversité ethno-confessionnelle de la Syrie, condition sine qua non d’une transition réussie.
Sécurité renforcée pour les citoyens russes et bases militaires en alerte
Consciente des risques de déstabilisation, la Russie a annoncé la prise de «mesures nécessaires» pour garantir la sécurité de ses citoyens présents en Syrie. Les ressortissants russes sur place, souvent des travailleurs humanitaires ou des techniciens liés à des infrastructures stratégiques, font l’objet d’une vigilance accrue.
En parallèle, les bases militaires russes en Syrie, dont la célèbre base aérienne de Hmeimim et le port militaire de Tartous, sont passées en «état d'alerte maximale». Cette posture défensive vise à parer à toute attaque surprise qui pourrait survenir dans la confusion post-Assad. Cependant, le communiqué se veut rassurant : «Il n'y a actuellement aucune menace sérieuse contre la sécurité de nos bases».
Poutine n'a usine attention d'abandonner ces installations militaires stratégiques. Plus qu'une simple présence militaire, elles sont un levier d'influence dans le bassin méditerranéen et au Moyen-Orient.
Un coup de théâtre diplomatique et géopolitique
Le départ d'Al-Assad rebat les cartes géopolitiques. Pour la Russie, cette transition offre l'opportunité de se repositionner en tant qu’acteur incontournable du futur syrien, tout en évitant d'être perçue comme l'architecte du départ du président syrien. L'absence de participation russe aux négociations permet à Moscou de maintenir sa posture de «garant de la paix» et de «puissance de médiation».
À l’international, cette annonce a suscité des réactions contrastées. Certains États occidentaux, qui avaient fait du départ d'Al-Assad une condition sine qua non à toute normalisation des relations avec Damas, pourraient y voir une victoire politique. D'autres, notamment au Moyen-Orient, observeront avec prudence la manière dont le pouvoir sera redistribué en Syrie.
Quelle transition après Al-Assad ?
La fin du régime d'Al-Assad pose la question de la nature de la transition. Avec un pouvoir historiquement centralisé entre les mains de la famille Assad, l'absence d'un successeur légitime clair ouvre la voie à de nombreuses incertitudes.
Les forces de l'opposition armée, autrefois divisées, se retrouvent désormais en position de force. Cependant, la diversité des intérêts ethniques et religieux complique la mise en place d'une gouvernance unifiée. La Russie insiste sur la nécessité de prendre en compte toutes les «forces ethno-confessionnelles» de la Syrie, un message adressé aussi bien aux Alaouites qu'aux Kurdes et autres communautés présentes dans le pays.
Pour éviter une guerre de succession, Moscou soutient l'initiative de l'envoyé spécial de l'ONU, Geir Pedersen, qui vise à convoquer des pourparlers d’urgence entre les différentes forces syriennes à Genève. L’objectif est de négocier la formation d’un gouvernement de transition inclusif, en conformité avec la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU.
La fin d'une ère, le début d'une nouvelle crise ?
Le départ de Bachar Al-Assad pourrait être perçu comme la fin d'une ère, mais aussi le début d’une nouvelle crise. Son règne, marqué par la guerre civile et la division du pays, se termine de manière inattendue, alors que les observateurs s’attendaient plutôt à un statu quo prolongé.
Plusieurs questions restent en suspens :
- Qui prendra le relais ? Les noms de certaines figures de l'opposition syrienne pourraient refaire surface, mais aucun consensus n'existe sur une personnalité fédératrice.
- Quel rôle pour l'Iran, la Russie, la Turquie et Israël ?
- Téhéran : sauver l’influence à tout prix
- Moscou : jouer le rôle d’arbitre incontournable
- Ankara : rentabiliser l'investissement d'accueil des réfugiés et protéger ses gains territoriaux
- Tel-Aviv : contenir la menace iranienne et surveiller la redistribution des pouvoirs en Syrie.
Le départ d'Al-Assad ouvre un nouveau chapitre, mais la nature de ce chapitre dépendra de la manière dont les forces sur le terrain choisiront de l'écrire. Un nouveau cycle de tensions ou une opportunité de paix durable ? L’avenir de la Syrie, et au-delà, de tout le Moyen-Orient, se jouera dans les prochaines semaines.
[…] القراءة في المصد… […]