PAM : Benchamach se fait hara-kiri

Alors que l’ancien secrétaire général, Ilyas El Omari, et quels que soient les griefs dont il peut être comptable, a permis au PAM, en un laps de temps très court, de s’imposer comme un parti de premier rang dans l’arène politique nationale en tant que deuxième force politique du pays, Hakim Benchamach, lui, et à contrario de ses prédécesseurs, est en train d’emprunter le chemin inverse des pères fondateurs du PAM en démantelant méthodiquement ce qui reste de cette machine politique. D'aucuns sont abasourdis par cette facilité avec laquelle le secrétaire général du parti authenticité et modernité, et non moins président de la Chambre des Conseillers, est en train d'accélérer à la dislocation des structures du PAM dont il représente pourtant une des vieilles gardes. Depuis son élection à la tête de ce parti iconoclaste, Hakim Benchamach n’a eu de cesse de provoquer remous, tiraillements et mécontentements dans les rangs de la formation politique pensée, voulue et fondée par Fouad Ali El Himma.

Mais quelle mouche a donc piqué Hakim Benchamach lors de la réunion du bureau politique du PAM avec les députés, élus et représentants du parti dans la région de Marrakech-Safi ? Réunis mercredi dans un palace de la ville ocre pour discuter de menus sujets inscrits à la va-vite à l’ordre du jour, les représentants locaux et régionaux du parti se sont vite retrouvés dans le collimateur de Benchamach et ses acolytes du BP mobilisés en force en vue de fomenter un véritable pronunciamiento régional.

Le ton montant, et n’admettant pas d’être contredit ou remis en question, Benchamach s’en est violemment pris aux ténors du PAM, à leur tête un Ahmed Akhchichine qui est resté sidéré par l’attitude peu mesurée, voire hostile du secrétaire général du parti qui a perdu ce soir-là tout tact et toute approche diplomatique, s’emmêlant les pinceaux, confondant les genres et mélangeant l’objectif et le subjectif. Et emporté par une colère non maîtrisée et pas digne d’un dirigeant politique à ce niveau de responsabilité, Hakim Benchamach, incapable de convaincre ses interlocuteurs et peu enclin au dialogue, s’est transformé en véritable tribunal d’inquisition et, dans la foulée a pris des sanctions violentes et démesurées à l’encontre de pontes du PAM : Abdeslam Bakouri, évincé de la tête du secrétariat du parti dans la région Marrakech-Safi; exclusion du parti de Samir Koudar, 1er vice-président de la région Marrakech-Safi; gel des fonctions de Mohamed Habib Bentaleb, coordinateur régional du parti et, goutte qui va faire déverser le vase, blâme opposé à Ahmed Akhchichine, président du Conseil de la région, ancien ministre et homme fort et apprécié dans les rangs du parti.

Lors de cette messe boycottée par Fatima-Zahra El Mansouri et désertée par les PAMistes de la province de Rhamna, Benchemass s’est non seulement mis à dos le premier réservoir d'élus et de voix du PAM au Maroc, à savoir la région Marrakech-Safi, mais n’arrive pas aujourd’hui à assumer la décision hasardeuse qu’il a fait prendre hier au bureau politique en sanctionnant des cadres supérieurs du parti : il cherche désespérément en ce moment une manière de sauver la face mais le mal est fait. Et comme le malheur des uns fait souvent le bonheur des autres, certaines formations politiques se frottent les mains. A leur tête le RNI et le PJD qui s’attendent à des défections dans les rangs du PAM et sont prêts à accueillir ses mécontents à bras ouverts.

En se faisant hara-kiri, Benchamach a également causé de graves dommages collatéraux par sa sortie incontrôlée. Au cas d’une migration massive des militants PAM vers le RNI et le PJD, à la veille d’échéance cruciale, l’histoire retiendra que l’ancien activiste de l’extrême-gauche aura été l’architecte de la mort d’un rêve générationnel qui devait faire la conjonction entre authenticité et modernité.

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