MHE, la décélération !

Il a fait de la vitesse son arme, sa marque de fabrique. Une arme qui lui a permis d’orner sa bibliothèque de tombstones des deals qu’il a arrachés, à coup d'accélérateur, l’un après l’autre, de la bouche de ses concurrents, souvent lents à son goût. On ne citera à son tableau de chasse, les Agma, Capinfo, Cofimag, CNIA, Es-Saada, Colina, GSK, le coup du siècle Sanlam, entre autres prises de choix. La communauté économique casablancaise a enfin trouvé son champion, le successeur tant attendu de Sir Othmane Benjelloun, celui qui leur fera oublier la déception Adil Douiri : Moulay Hafid Elalamy, ce beau séducteur aux yeux bleus, qui manie si bien le luth. Nommé à la tête du ministère de l'industrie en octobre 2013, MHE dégaine encore une fois son arme favorite : “l’administration est trop lente, c’est dans la poche, je les aurai tous, en faisant vite” pensait-il. “J’ai l’impression de nager dans le miel” s’est-il confié un jour lors d’une conférence organisée par la Fondation Attijariwafa bank. Sans le savoir, sa personnalité va déteindre sur la stratégie industrielle de son pays, son plan n’est ni efficace, ni en rupture, ni révolutionnaire, mais accéléré : le Plan d’accélération industrielle verra ainsi le jour, dans la douleur. Cinq années après sa prise de fonction, et à force de dépasser les limitations de vitesse, il semble que Moulay Hafid Elalamy ait épuisé tous les points de son “permis de briller”. Subitement le mythe MHE est réduit à néant. Un moment terrible, pour cet enfant terrible, car c’est le Boss, Himself, qui l’annoncera, et l’étiquettera pour longtemps “d’arrogant au détriment de la responsabilité publique” et “de se servir avant de servir les intérêts du pays”. Dans cette douloureuse déroute, les paris sont lancés sur qui de l’équipage MHE, descendrait au prochain arrêt? Said Alj, son frère d’arme, qui a eu le privilège ultime de lui succéder à la tête de Saham et non moins milliardaire qui a financé la campagne de Mezouar à la CGEM ? Ou bien Driss Jettou, son nouvel associé dans la promotion de villas de luxe ? Ou bien les responsables du cabinet Capital Consulting qui ont contribué aux côtés d’autres de leurs confrères, à la décélération industrielle ?

A priori, personne ne s’y attendait, ou presque. Le jeudi 29 novembre, un communiqué du Palais royal, tombe comme un couperet : "Le roi Mohammed VI a présidé jeudi au Palais royal de Rabat, une séance de travail consacrée au suivi de la mise à niveau de l’offre de formation professionnelle (...) ; Le roi Mohammed VI a attiré l’attention sur l’échec du plan d’accélération industrielle dans la région Souss-Massa, qui n’a connu aucun progrès depuis son lancement, appelant le département concerné, à savoir le ministère de l’Industrie et de Commerce, à redoubler d’efforts, et demandant à Moulay Hafid Elalamy à assumer ses responsabilités afin d’accélérer son déploiement dans les délais impartis."

Le microcosme politico-économique, sonné, attendra 24 heures, avant que Médias24 révèle au grand jour le détail des réprimandes royales au champion de l’accélération, sous un titre sismique : Moulay Hafid Elalamy sévèrement tancé par le Roi Mohammed VI. Sept jours après, dans son édition du vendredi 7 décembre, le quotidien Assabah va annoncer la couleur : Les inspecteurs de l’IGF ont débarqué au Ministère de Moulay Hafid ElAlamy. Objet de leur visite : Les marchés conclus dans le cadre du déploiement du Plan d’accélération industrielle.

Capital Consulting et Valyans dans le viseur de l’Inspection Générale des Finances

Les services du nouveau ministre des Finances, Mohamed Benchaâboun, ont ainsi été mobilisés pour décortiquer les marchés conclus par Moulay Hafid Elalamy concernant les prestations de conseil, les études et assistance technique relatives au plan d’accélération industrielle et aux plans régionaux y afférents.

A ce jour, l’IGF aurait d’ores et déjà relevé l’existence de «graves» dysfonctionnements dans l’attribution et l'exécution de ces marchés par le ministère de l’Industrie, du commerce, de l’investissement et de l’économie numérique. Des marchés qui ont mobilisé plusieurs millions de dirhams à l’Etat, sans qu’il y ait eu d’impact concret sur l’économie ni sur l’emploi.

Parmi les cabinets conseils adjudicataires de ces marchés et qui sont ciblés par l’enquête de l’Inspection Générale des Finances, figurent les cabinets Capital Consulting et Valyans Consulting. Ces deux acteurs marocains du conseil stratégique auraient décroché des marchés de gré-à-gré avec Moulay Hafid Elalamy dans le cadre du Plan d'Accélération Industrielle, sur la période 2016-2018.

Cette enquête tombe mal pour les deux cabinets cités ci-dessus, car ils sont tous les deux engagés dans un processus de cession à des investisseurs étrangers.

Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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