C’est un grand signal qu’a donné le roi Mohammed VI à l’opinion publique en nommant à la tête de l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption, un professionnel des systèmes d’information et de la transformation digitale, Mohamed Bachir Rachdi. Ce patron d’une société cotée en bourse, Involys, a fait ses armes dans les projets structurants dans le privé mais également au sein des ministères de l’Intérieur et des Finances. Prémonitoire, Rachdi a organisé, cette rentrée, une série de rencontres et de conférences traitant de la transformation digitale notamment dans l’administration publique. La dernière en date, qui s’est tenue à l'hôtel Tour Hassan de Rabat, sous le thème : “ Transformation Digitale et Gouvernance au cœur de la Performance des Organismes Privés et Publics “, a été marquée par un ton particulièrement critique des panélistes au sujet de la gestion des affaires publiques par l’actuel gouvernement. Parmi eux, figuraient Driss Benhima, l’ancien patron de la RAM et Zouhair Chorfi, actuel secrétaire général au ministère de l'Économie et des finances.
C’est un communiqué du cabinet royal du jeudi 13 décembre qui en a fait l’annonce. Alors que presque personne ne s’y attendait, à l’exception de quelques initiés, le roi Mohammed VI a décidé de nommer Mohamed Bachir Rachdi à la tête de l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la Corruption. Les orientations royales l'intéressé ont été claires : la lutte contre la corruption sous toutes ses formes est une priorité pour Mohammed VI, et la responsabilité du nouveau président de l’INPPC est de déployer de manière optimale les mission confiées à cette instance nationale, à savoir la consécration des principes de bonne gouvernance, de la culture du service public, et de l’intérêt général, ainsi que des valeurs de la citoyenneté responsable.
Soucieux de la réussite de ce chantier, le roi a également insisté sur le respect de l’esprit de coordination et de la coopération, ainsi que de la conjugaison des efforts avec les institutions et instances nationales concernées, chacune bien sûr en ce qui concerne son périmètre d’intervention, et via une mobilisation conjointe et collective.
De Ila al-Amam au 20 février, Bachir Rachdi, l’informaticien militant
Comme l’a rapporté notre confrère Médias24, Mohamed Bachir Rachdi, est connu pour être un militant de la première heure : «On lui prête un engagement au sein du mouvement politique Ilal Amam né dans les années 1970 d'une scission avec le PLS (Parti de la libération et du socialisme). »
Notre confrère rapporte également des témoignages de plusieurs des proches et collègues de Bachir Rachdi au sein de la CGEM, le CESE et l’ONDH en l'occurrence Neila Tazi , Nizar Baraka ou Karim Tazi. Tous témoignent de son engagement social, de sa grande capacité de travail et de sa pleine disponibilité.
Mohamed Bachir Rachdi semble réunir les meilleures qualités pour assurer la lourde responsabilité que lui a confié Mohammed VI : 1) Une parfaite connaissance de l’environnement social, politique et institutionnel 2) Un background technique reconnu auprès des entreprises privées et organismes publics dans la gestion et la gouvernance 3) Une réputation intacte.
Le digital, «arme létale» du roi Mohammed VI contre la corruption et l’évasion fiscale
La numérisation de l’administration publique a été l’un des chantiers prioritaires du nouveau règne. Le roi chargera à l’époque, son actuel conseiller et ancien ministre délégué à l’Intérieur, Fouad Ali El Himma, de la première phase de ce long et fastidieux processus. Aujourd’hui, avec la vague de la numérisation, l’urgence de la mise en œuvre se fait notoire. D’ailleurs, c’est le chantier prioritaire que gèrent les équipes de l’Intérieur, notamment Khalid Safir, Wali directeur général des Collectivité Locales et Abdelhak Harrak, Wali directeur du Système d’Information, le tout piloté par le ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur, Noureddine Boutayeb, qui assure la coordination avec les autres instances gouvernementales.
Le Registre National de la Population, l’Identifiant Digital Civil et Social (IDCS) et les déclarations fiscales digitalisées, sont autant d’outils, entre autres, qui permettront à l'État 1) de structurer sa Big Data, 2) d’éliminer à des pourcentages élevés la corruption 3) mieux collecter l’impôt 4) cibler les populations les plus précaires. L’objectif royal est de faire donc du levier digital un outil central de lutte contre la corruption, une meilleure collecte d'impôts pour une meilleure distribution des richesses.