La présidente de la commission européenne, Ursula von der Leyen, a assuré l'Afrique du ferme soutien de l'Europe samedi à Addis Abeba, pour son premier déplacement hors de l'UE depuis sa prise de fonctions, consacré notamment aux questions migratoires et sécuritaires.
«J'espère que ma présence à l'Union africaine pourra envoyer un fort message politique, parce que le continent africain et l'Union africaine comptent pour l'Union européenne et la Commission européenne», a déclaré Mme von der Leyen, après avoir rencontré le président de la commission de l'UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat.
«Pour nous, pour l'Union européenne (UE), vous êtes plus qu'un voisin», a ajouté l'ancienne ministre allemande de la Défense, en poste depuis le 1er décembre, à l'issue de cette rencontre au siège de l'UA.
La nouvelle présidente de la commission européenne, qui veut faire de l'Europe le premier continent neutre sur le plan climatique d'ici à 2050 et doit présenter le 11 décembre un "Pacte vert", a estimé que l'Afrique et l'Europe pourraient collaborer à la lutte contre le réchauffement.
«Vous ici, sur le continent africain, comprenez mieux que quiconque le changement climatique», a-t-elle déclaré.
Les deux dirigeants ont évoqué les questions migratoires et sécuritaires. «Je ne suis pas là pour présenter un quelconque grand plan pour l'Afrique. Je suis là avant tout pour écouter», a cependant souligné von der Leyen.
«Honnêtement, je n'ai pas toutes les réponses à ces défis, mais je suis convaincue qu'ensemble nous pouvons trouver les réponses», a-t-elle ajouté, pendant que le président de la commission de l'UA appelait à une mobilisation internationale accrue pour contrer les menaces sécuritaires, notamment le terrorisme.
Abiy Ahmed, chouchou de la communauté internationale
La présidente de la commission européenne devait ensuite s'entretenir avec le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, qui doit recevoir mardi à Oslo le prix Nobel de la paix.
Ils devaient discuter du soutien que peut apporter Bruxelles à l'Éthiopie, qui se prépare à des élections générales en mai 2020 décisives pour son avenir.
La journée devait également permettre la signature d'accords d'aide financière de l'UE à l’Éthiopie portant sur 170 millions d'euros, a indiqué à l'AFP une source européenne.
Sur ce total, 100 MEUR seraient consacrés à soutenir le budget du pays, 50 MEUR au secteur de la santé, 10 MEUR aux élections et 10 autres MEUR à la création d'emplois.
L'UE est le principal partenaire commercial de l'Afrique, et sa première source d'investissement et d'aide au développement.
Mais les responsables européens ont regardé avec circonspection la Chine étendre son influence dernièrement dans de nombreux pays africains, dont l’Éthiopie.
Migrants africains : le cauchemar de l'Europe
L'Europe et l'Afrique ont éprouvé des difficultés ces dernières années à limiter le nombre de migrants africains qui ont pris la route de l'Europe en utilisant les périlleuses routes maritimes.
Rien que cette semaine, au moins 62 migrants africains sont morts noyés au large de la Mauritanie en tentant de gagner l'Europe, dans le pire naufrage en 2019 sur la route des migrations longeant la côte Atlantique.
Alors que plusieurs pays africains réclament que l'Europe ouvre ses portes à plus de migrants, les dirigeants européens s'activent à trouver des solutions aux causes profondes de l'immigration, comme la pauvreté et l'insécurité.
D'ailleurs, le mécanisme de soutien à la paix pour l'Afrique établi en 2004 a permis d'allouer 2,7 milliards d'euros pour les opérations de paix et de sécurité sur le continent, destinés à 14 interventions sous mandat africain dans 18 pays.
Toutefois, l'Europe a fait savoir qu'elle souhaitait arrêter de payer les salaires des troupes africaines en certains endroits comme la Somalie, où l'UE est le principal partenaire financier de la mission de l'UA sur place, l'Amisom.
«L'UE a le sentiment qu'elle devrait s'écarter du type de financement dont bénéficie l'Amisom (...) Elle est plus intéressée à financer la prévention et la résolution des conflits, ainsi que les mécanismes d'alerte et de médiation», a expliqué à l'AFP Elissa Jobson, membre de l'International Crisis Group (ICG).
L'UA, de son côté, peine à obtenir de ses États membres le versement d'une taxe de 0,2% sur les importations censée permettre d'assurer son indépendance financière, une initiative là encore soutenue par l'UE.
Après ses rencontres avec Faki et Abiy, von der Leyen, la première femme à prendre la tête de l'UE, devait rencontrer la présidente éthiopienne, Sahle-Worke Zewde, qui est également la première femme à occuper ces fonctions.
Avec AFP