Le président turc Recep Tayyip Erdogan a averti dimanche l'Europe que son pays ne pouvait faire face à lui seul à un nouvel afflux de Syriens fuyant l'intensification des bombardements dans la province d'Idleb, que le régime de Damas cherche à reprendre aux jihadistes.
Des dizaines de milliers de personnes se sont dirigées vers la frontière avec la Turquie en raison du nombre croissant des frappes aériennes des forces gouvernementales syriennes et russes sur la région de Maaret al-Numan, dans le nord-ouest syrien, depuis le 16 décembre.
«La Turquie ne peut accueillir une nouvelle vague de réfugiés en provenance de Syrie», a martelé Erdogan au cours d'une cérémonie à Istanbul, ajoutant que plus de 80.000 des trois millions des habitants de la province d'Idleb l'ont quittée pour aller vers des zones situées près de la frontière turque.
Si, en conséquence, le nombre des migrants augmente, «la Turquie ne portera pas seule ce fardeau», a-t-il ajouté.
«Les effets négatifs de cette pression que nous subissons seront ressentis par tous les pays européens, à commencer par la Grèce», a-t-il mis en garde.
L'Europe assisterait alors aux mêmes scènes qu'en 2015, au moment de la pire crise liée à une arrivée massive de réfugiés qu'elle ait connue depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, quand un million de personnes avaient fui vers ce continent.
Le flux de passages vers l'Europe s'est tari à la faveur d'un accord conclu en 2016 entre Ankara et l'UE, mais le président turc a récemment menacé de laisser passer les candidats à l'exil.
Les responsables turcs affirment que la Turquie héberge actuellement environ cinq millions de réfugiés, dont quelque 3,7 millions de Syriens chassés par le conflit qui déchire leur pays depuis 2011.
M. Erdogan a par ailleurs annoncé qu'une délégation turque se rendrait lundi à Moscou pour des pourparlers en vue de tenter de mettre fin aux attaques contre la région d'Idleb.