Un Jordanien résident a New York a publié lundi une vidéo glaçante prise depuis une chambre mortuaire d'une entreprise de pompes funèbres musulmanes montrant plusieurs dizaines de corps de victimes du coronavirus en attente de sépulture.
Bakr Mansour, un jordanien résidant à New York a réussi à filmer l'intérieur d'une entreprise de pompes funèbres musulmanes de la ville américaine, submergée par les corps de personnes de confession musulmane décédés du coronavirus.
Sans protection particulière, Bakr Mansour, guidé par le responsable du bureau, filmait les corps de quelques 55 victimes du Coronavirus qui s'entassaient dans une chambre mortuaire disposée sur deux étages.
«Nous n'allons enterrer aujourd'hui que deux personnes, le reste doit attendre» lance le responsable.
«Nous n'avons plus que deux boîtes en bois pour protéger les corps et nous disposons d'aucun cercueil pour les enterrements», s'est-il plaint.
«90% des personnes décédées sont âgés, mais nous avons aussi quelques trentenaires qui ont succombé au coronavirus» a précisé le responsable de l'entreprise de pompes funèbres new-yorkais.
Tous les rituels religieux musulmans et juifs ont été supprimés
New York est rapidement devenue l'épicentre de l'épidémie aux États-Unis où une personne décède du virus toutes les 10 minutes. Un taux susceptible d'augmenter à mesure que les cas atteindront un pic au cours des prochaines semaines. Une simulation par un hôpital de premier plan de la région a suggéré que les admissions commenceraient à monter en flèche encore plus jeudi, selon un employé senior. Le gouvernement américain a déclaré que 100 000 à 240 000 Américains pourraient mourir du COVID-19.
Gérer les morts dans la pandémie est devenu une autre bataille que celle de soigner les vivants. New York pourrait bientôt manquer de stockage de débordement pour les corps dans les jours qui vont venir.
S'ajoute à cette problématique le déchirement des familles de ne pas pouvoir accompagner leur mort à l'enterrement mais aussi de procéder aux rituels religieux.
En effet, l'Organisation mondiale de la santé, dans ses directives du 24 mars sur les enterrements des victimes du COVID-19, affirme que les cadavres ne sont généralement pas infectieux. Mais ses recommandations selon lesquelles les proches ne doivent pas toucher ou embrasser le corps et les règles gouvernementales sur l'éloignement social pour prévenir la propagation de la maladie ont bouleversé les rituels funéraires et de mort dans pratiquement toutes les confessions de par le monde.
Pour les musulmans, certaines dispositions rituelles telles que la toilette mortuaire, la mise du corps du défunt dans un linceul et la prière mortuaire sont souvent suspendus. Il se peut même qu'en cas de grands nombres de décès, les autorités pourraient imposer la crémation des corps. Un sujet hautement sensible surtout auprès des communautés musulmanes et juives et qui suscitent déjà des débats houleux au Royaume-uni et en Argentine.