Singapour, qui combat une seconde vague d'infections au Covid-19, a fait état jeudi d'une hausse record du nombre de contaminations en 24 heures, essentiellement survenues dans les dortoirs surpeuplés où vivent les travailleurs étrangers.
La cité-Etat figure parmi les premiers endroits de la planète à avoir détecté des cas de Covid-19, après son apparition en Chine. Elle avait été vue comme un modèle en réussissant à en contenir la propagation grâce à une stratégie de contrôle très stricte et de traçage des contacts avec les personnes infectées. d'ailleurs les chercheurs de Harvard avaient salué Singapour en la qualifiant de «l'étalon-or» dans la détection de nouvelles infections.
Mais une forte hausse du nombre de contaminations locales en avril a obligé le gouvernement à imposer des mesures sévères auxquelles il ne s'était jusqu'à présent pas résolu, parmi lesquelles la fermeture de la majorité des lieux de travail. Des écoles et des commerces non essentiels ont été fermés et les résidents ont été appelés à se confiner autant que possible.
Le ministère de la Santé a fait état jeudi de 728 nouveaux cas en 24 heures, la plus forte hausse en une seule journée, portant le nombre total de contaminations recensées à 4.427, dont 10 mortels.
«Le nombre de nouveaux cas parmi les titulaires de permis de travail vivant dans des dortoirs a significativement augmenté», a indiqué le ministère dans un communiqué.
Parmi les 728 nouveaux cas, 654, soit environ 90%, concernent des gens vivant dans les dortoirs et 26 autres concernent des travailleurs étrangers vivant hors de ces installations, selon le ministère.
Environ 200.000 travailleurs étrangers, principalement originaires d'Asie du Sud, vivent dans 43 dortoirs répartis sur l'île, et forment une part essentielle de la main d'oeuvre du pays.
Nombre d'entre eux sont des salariés du bâtiment, travaillant souvent de longues heures pour construire les gratte-ciel étincelants et les centres commerciaux de Singapour.
«Les gens ont peur», a déclaré Kiron, un ouvrier du Bangladesh de 35 ans qui vit dans l'un des dortoirs. Il a demandé que son nom complet ne soit pas divulgué pour protéger son emploi. «Vous ne savez pas si vous serez le prochain à tomber malade.»
Après des critiques sur les conditions de vie déplorables dans les dortoirs, le gouvernement a déménagé des milliers d'étrangers vers d'autres centres d'hébergement, dont un complexe flottant, afin de désencombrer les dortoirs et de diminuer les risques de contaminations.
Le gouvernement fournit aussi des repas et des services de nettoyage renforcés dans les dortoirs placés en quarantaine, apportant son aide pour gérer ces installations habituellement administrées par le secteur privé.
Sur Facebook, un diplomate chevronné, Tommy Koh, a dénoncé la «façon honteuse» dont les travailleurs étrangers sont traités. La situation actuelle devrait «être un rappel sur la façon de traiter nos indispensables travailleurs étrangers, comme un pays de premier ordre devrait le faire».