La valeur du baril coté à New York pour livraison en mai s'est effondré ce lundi et a clôturé à -37,63 dollars le baril, un crash historique. Du jamais vu, alors que le baril de Brent, lui, n'a perdu qu'un peu plus de 5%. Concrètement, cela veut dire que les producteurs américains ont payé 38$ dollars pour donner leur baril de pétrole que personne ne sait plus où stocker.
Les contrats de vente à terme de pétrole américain pour livraison en mai expirant mardi à la clôture, ceux qui en détiennent devaient trouver des acheteurs physiques au plus vite, de peur de recevoir une livraison sans pouvoir la stocker. Pour cela, ils ont été contraints de brader leurs prix pour convaincre des acheteurs, pire, ils ont été obligés de payer jusqu'à 37,63$ pour s'en débarrasser.
En effet, le baril de 159 litres de pétrole brut coté à New York, qui s'échangeait encore à 60 dollars en début d'année et à 18,27 dollars vendredi soir, a finalement terminé à -37,63 dollars. Il n'était jamais tombé en dessous de 10 dollars depuis la création de ce contrat en 1983.
L'or noir subit de plein fouet l'effondrement de la demande en raison des mesures de confinement pour endiguer la propagation du coronavirus. Selon les premières estimations, la consommation de pétrole dans le monde a chuté de 20 millions de barils par jour (mb/j) et jusqu'à plus de 30 mb/j pour les plus pessimistes. Avant la pandémie, le marché tournait autour des 100 mb/j.
Saturation des capacités de stockage aux États-unis
Le monde déborde d'or noir à ne plus savoir quoi en faire. N'importe quel oléoduc ou tanker en mer est utilisé comme réserve de pétrole. Les prix de location des navires ont d'ailleurs flambé passant de 30.000 dollars par jour à plus de 150.000 dollars.
Les stocks de brut aux États-unis ont augmenté de 19,25 millions de barils la semaine dernière. Le grand hub à Cushing dans l'Oklahoma est au bord de la saturation. Les réserves s'élèvent à 55 millions de barils alors qu'il n'y a de la place que pour 76 millions de barils, selon l'administration américaine de l'information sur l'énergie
En attendant, « de tels niveaux de prix obligent à des fermetures et entraînent des pertes d'emplois. Les opérateurs tentent de réduire les coûts pour faire face à cet environnement de prix bas », explique Rystad Energy dans une note. Selon le dernier décompte de Baker Hughes, le nombre de puits de forage a chuté de 66 unités la semaine dernière, la plus forte baisse hebdomadaire depuis 2015, rapporte LesEchos.
Rappelons qu'un accord portant sur une réduction de production de 11 millions de barils par jour a été trouvé et signé le 12 avril par l'Opep+. Un accord qui n'entrera en vigueur que le 1er mai et n'a semble-t-il pas convaincu les marchés, qui considèrent que les réductions promises ne suffiront pas à compenser la chute massive de la demande provoquée par la pandémie.