France et Espagne: des déconfinements très progressifs pour éviter «l’écroulement de l’économie»

Dans la foulée de plusieurs pays européens, l'Espagne et la France, deux des plus meurtris par le nouveau coronavirus, ont présenté mardi des plans de déconfinement très progressifs, Paris mettant en garde contre un risque «d'écroulement de l'économie», alors que la pandémie a déjà tué plus de 211.000 personnes dans le monde.

Illustration du déconfinement auquel aspire une partie de la planète toujours cloitrée, les surfeurs australiens ont investi de nouveau la plage de Bondi, à Sydney. Ce célèbre «spot» de surf a été de nouveau autorisé mardi aux surfeurs, qui se sont rués dans les vagues dès le lever du jour. Elle reste néanmoins interdite aux promeneurs et amateurs de bronzage.

En Europe, continent le plus endeuillé par la pandémie, le Premier ministre Edouard Philippe a présenté mardi les modalités beaucoup plus strictes du déconfinement en France, à partir du 11 mai, un exercice de délicat équilibre entre la nécessité de juguler la crise économique et la volonté d'éviter une deuxième vague de l'épidémie.

Au programme: tests massifs, réouverture progressive des écoles, des commerces - mais pas dans un premier temps des cafés et des restaurants - et masque obligatoire dans les transports publics.

Les cinémas, grands musées et théâtres resteront eux fermés, comme les plages, et la saison sportive 2019-2020 ne reprendra pas. Les rassemblements de plus de dix personnes seront interdits.

«Nous allons devoir vivre avec le virus», a prévenu Edouard Philippe, dans un long discours devant les députés, alors que 65% des Français jugent que l'exécutif n'est «pas à la hauteur», selon un dernier sondage.

«Un peu trop d'insouciance et c'est l'épidémie qui repart. Un peu trop de prudence et c'est l'ensemble du pays qui s'enfonce», a-t-il affirmé, en résumant: «C'est une ligne de crête délicate qu'il faut suivre».

Espagne : Déconfinement par phases jusqu'à fin juin

Le gouvernement espagnol a aussi fixé mardi la feuille de route du déconfinement qui se fera par «phases» jusqu'à «fin juin», a annoncé son Premier ministre Pedro Sanchez, en précisant que le passage entre les différentes phases dépendrait de l'évolution de la pandémie.

Le confinement général du pays, le plus strict d'Europe, a déjà été légèrement assoupli dimanche avec l'autorisation pour les enfants de moins de 14 ans de se promener et doit encore l'être samedi avec la possibilité de faire du sport seul dehors ou de se promener entre membres du même foyer.

Les écoles resteront elles fermées jusqu'en septembre.

En Italie, pays européen qui a payé le plus lourd tribut à la pandémie, les modalités du déconfinement prévu le 4 mai ont d'ores et déjà été précisées: rassemblements interdits, de même que les déplacements entre régions, port du masque obligatoire dans les transports, écoles fermées jusqu'en septembre.

D'autres pays européens ont déjà entamé une progressive levée des restrictions, avec la réouverture de nombreux commerces, mais toujours de stricts mots d'ordre de «distanciation sociale» : Norvège, Danemark, Suisse, Autriche, Allemagne...

Dans ce dernier pays cependant, le taux d'infection, très surveillé, a de nouveau atteint le seuil de 1,0 selon les autorités sanitaires, qui ont exhorté la population à rester prudente, alors que la chancelière Angela Merkel s'inquiète d'un déconfinement précipité.

Allemagne : masque obligatoire dans les transports

Bon gré, mal gré, les Allemands se conforment déjà au masque obligatoire dans les transports. «Ça tient chaud, ça glisse, on respire mal», se plaint Emil, la vingtaine, qui attend son train de banlieue sur le quai d'une gare berlinoise. «Mais si c'est pour éviter les infections, ça me va».

La Grèce a aussi annoncé mardi les modalités d'un déconfinement progressif à partir du 4 mai, à commencer par les petits commerces et les salons de coiffure et de beauté.

Le bilan humain reste très lourd sur le Vieux continent, avec près de 127.000 morts: 26.977 décès en Italie, 23.822 en Espagne, 23.293 en France, 21.092 au Royaume-Uni. Avec près d'un tiers des cas et plus de 56.000 des 211.000 victimes mondiales, les Etats-Unis sont de loin le pays le plus touché.

Désireux de faire oublier des propos malheureux sur des injections de «désinfectant», le président américain s'est fait discret ce week-end, mais a renoué lundi avec son point de presse quasi-quotidien à la Maison Blanche, et par la même occasion avec des attaques virulentes contre la Chine, où est apparu le virus fin 2019.

La maladie «aurait pu être arrêtée à la source», a assuré Donald Trump, en évoquant une possible demande de réparation de plusieurs milliards de dollars.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a dénoncé «des mensonges éhontés».

L'épidémie en Chine, à présent jugulée, y a contaminé près de 83.000 personnes et fait officiellement 4.633 morts.

Annulation des JO envisagée

Au Royaume-Uni, les Britanniques, Premier ministre Boris Johnson en tête, ont observé une minute de silence en hommage aux soignants morts en combattant le nouveau coronavirus.

«Ce sont les héros morts au combat de la nation», a déclaré le ministre de la Santé Matt Hancock.

En plus du bilan officiel de 21.678 morts, près de 4.300 personnes sont mortes en deux semaines, entre le 10 et le 24 avril, dans les maisons de retraite dans le pays, selon le Bureau national des statistiques (ONS).

Le président Vladimir Poutine a jugé mardi que la Russie (867 morts, la plupart à Moscou), n'avait pas encore atteint le pic de l'épidémie de coronavirus, tout en disant envisager une levée progressive du confinement à partir du 12 mai.

Déjà reportés à 2021, les Jeux olympiques initialement prévus cet été au Japon seront purement et simplement «annulés» si la pandémie n'est pas maitrisée d'ici un an, a prévenu le patron du comité d'organisation Yoshiro Mori.

Ailleurs dans le monde, on continue de s'adapter comme on peut. Ainsi en Argentine, le monde du tango et ses danseurs de «l'étreinte» n'ont d'autre choix que de faire une pause. «La danse me manque», confie une professeure de 43 ans, résignée aux cours à distance. «Le seul espoir, c'est un vaccin...», lâche une autre amatrice.

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