La crise de Hong Kong qui a envenimé les relations entre Londres et Pékin a fini par précipiter la décision du Royaume-Uni sur la 5G de Huawei. Désormais, l'achat de nouveaux équipements Huawei sera interdit après le 31 décembre 2020 et les équipements existants devront être retirés d'ici 2027.
C'est la fin de ce que l’ancien Premier ministre David Cameron avait qualifié «d’âge d’or» des relations entre la Grande-Bretagne et la Chine.
Après l'entrée en vigueur d'une loi controversée sur la sécurité, imposée par Pékin à Hongkong, Londres. a répliqué ce mardi en décidant d'exclure le géant chinois des équipements télécoms, Huawei, en raison d'un risque pour la sécurité du pays.
Un durcissement de position qui a plu à l'administration Trump qui s'est félicitée de l'émergence d'un « consensus international » concernant Huawei.
« La décision du Royaume-Uni reflète un consensus international grandissant sur le fait que Huawei et d'autres acteurs représentent une menace pour la sécurité nationale car ils restent redevables au Parti communiste chinois », a indiqué mardi Robert O'Brien, conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump.
Huawei a jugé la décision britannique de « politisée » et de « décevante » car «elle risque de ralentir l'avancée digitale du pays, d'augmenter les factures et d'accroître la fracture numérique». De quoi exacerber aussi les tensions avec Pékin. L'ambassadeur chinois au Royaume-Uni juge «discutable» le fait que «le Royaume-Uni puisse encore offrir un environnement commercial ouvert, juste et sans discrimination aux entreprises venues d'autres pays ».
Lundi, Huawei a fait état pour le premier semestre d’un ralentissement de la croissance de son chiffre d’affaires, à 13,1%, sous l’effet des pressions américaines sur ses clients et fournisseurs.
Ericsson et Nokia prêts à le remplacer
Sollicité par l'AFP, Nokia a affirmé «avoir la capacité et l'expertise nécessaires pour remplacer tous les équipements Huawei des réseaux britanniques à l'échelle et à la vitesse voulues».
Son concurrent Ericsson a dit lui posséder «la technologie, l'expérience et la capacité de la chaîne d'approvisionnement nécessaires pour parvenir» à créer un réseau 5G de «premier plan» au Royaume-Uni.
«La décision d'aujourd'hui lève l'incertitude qui ralentissait les décisions d'investissement autour du déploiement de la 5G au Royaume-Uni», a jugé Arun Bansal, président d'Ericsson pour les régions Europe et Amérique latine.
En outre, le ministre britannique chargé de la Culture et du Numérique, Oliver Dowden, a déclaré que le gouvernement était en pourparlers à un «niveau technique» avec les quatre principaux rivaux de Huawei, dont Nokia, Ericsson, mais aussi Samsung en Corée du Sud et NEC en Japon.
Actuellement, Huawei, Ericsson et Nokia se partagent 80% des réseaux télécoms commerciaux 5G dans le monde. Mais le groupe chinois est largement considéré comme le fournisseur le plus avancé en termes de 5G, avec une technologie permettant des transferts de données ultra-rapides, nécessaires aux voitures à conduite autonome et aux robots télécommandés dans les usines ou les salles d'opération.