Ursula von der Leyen : «C’est le moment pour l’Europe d’ouvrir la voie menant de la fragilité à une nouvelle vitalité»

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a brossé mercredi dans son discours annuel sur l’état de l’Union un tableau sans éclat de l’Europe, confronté à la crise du coronavirus et à la pire récession de son histoire, mais elle s’est aussi voulue rassurante en fixant de nouveaux objectifs ambitieux pour le bloc soit plus solide et plus uni face aux prochaines crises.

Avec Reuters

«C’est le moment pour l’Europe, le moment pour l’Europe d’ouvrir la voie menant de la fragilité à une nouvelle vitalité», a déclaré Ursula Von der Leyen. «Je dis cela parce qu’au cours des derniers mois, nous avons redécouvert la valeur de ce que nous avons en commun (…) Nous avons transformé la peur et la division entre les Etats membres en confiance dans notre Union», a-t-elle ajouté.

S’exprimant devant les députés européens réunis à Bruxelles, Ursula von der Leyen a déclaré que le bloc devrait se fixer comme objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990, contre un objectif actuel de réduction de 40%. La présidente allemande de la Commission s’est également engagée à recourir aux obligations “vertes” pour financer les objectifs climatiques.

«Aucune accélération n’est plus urgente que dans le domaine de l’avenir de notre planète fragile», a-t-elle noté.

«Alors qu’une grande partie de l’activité mondiale a été suspendue pendant les confinements et les fermetures, la planète a continué à se réchauffer dangereusement», a-t-elle ajouté.

Ursula von der Leyen a également plaidé pour davantage d’investissements dans les nouvelles technologies afin que l’Europe soit plus compétitive face à la Chine et aux Etats-Unis. Elle a indiqué que l’UE consacrerait 20% du montant du fonds de relance de 750 milliards d’euros adopté en juillet à des projets dans le numérique.

Loin de revenir sur les projets qu’elle avait présentés au début de son mandat en décembre alors que l’Union fait désormais face à la crise du coronavirus, la présidente de la Commission européenne estime qu’ils seront essentiels à la survie économique et politique à long terme du bloc, expliquent des responsables à Bruxelles.

L’Union européenne a traversé au cours des dernières années plusieurs crises: la crise financière de 2008, la crise migratoire, le Brexit et l’actuelle crise sanitaire. Sur chacun de ces dossiers, elle a souvent affiché ses divisions.

Au début de la pandémie, la solidarité entre les Vingt-Sept a volé en éclats lorsque certains pays ont refusé de partager leurs ressources médicales avec les nations les plus touchées et ont pris la décision unilatérale de fermer leurs frontières.

Les dirigeants du bloc ont également rejeté pendant des mois un plan commun de relance avant de finir par se mettre d’accord en juillet dans le cadre d’un accord jugé historique, l’UE acceptant d’émettre de la dette commune pour la première fois.

Les chances d’un accord post-brexit se réduisent

Abordant la question du Brexit, Ursula Von der Leyen a estimé que chaque jour qui passait réduisait les chances de conclure un accord avec Londres sur la future relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

La présidente de la Commission européenne a rappelé que l’accord de Brexit qui définit les modalités du divorce a été négocié et ratifié par les deux entités.

Cet accord, a-t-elle dit, «ne peut pas être modifié, négligé ou écarté unilatéralement».

«C’est une question de droit, de confiance et de bonne foi (…) La confiance est le fondement de tout partenariat solide», a-t-elle insisté.

Sur la situation en Biélorussie, où le président Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 26 ans, fait face à une contestation sans précédent, Ursula Von der Leyen a déclaré que les Etats membres de l’UE devraient être plus réactifs dans leur décision de politique étrangère afin soutenir les manifestations en faveur de la démocratie en Biélorussie ou pour s’opposer à la Russie et à la Turquie.

«Pourquoi de simples déclarations sur les valeurs de l’UE sont-elles reportées, édulcorées ou bloquées pour d’autres motifs?» s’est-elle interrogée.

«Lorsque les Etats membres disent que l’Europe est trop lente, je leur dis d’être courageux et de passer enfin au vote à la majorité qualifiée», a-t-elle déclaré, faisant référence aux blocages liés à la recherche de l’unanimité au sein des Vingt-Sept.

Concernant les Etats-Unis, la présidente de la Commission a déclaré que le bloc était prêt à élaborer un nouveau programme transatlantique sur des dossiers allant du commerce aux nouvelles technologies en passant par la fiscalité avec le vainqueur, quel qu’il soit, a-t-elle dit, de l’élection présidentielle américaine du 3 novembre entre Donald Trump et Joe Biden.

«Nous ne sommes peut-être pas toujours d’accord avec les décisions récentes de la Maison blanche. Mais nous chérirons toujours l’alliance transatlantique, basée sur des valeurs et une histoire partagées, et un lien indéfectible entre nos peuples», a-t-elle déclaré.

«Donc, quoi qu’il arrive dans le courant de cette année, nous sommes prêts à construire un nouvel agenda transatlantique, pour renforcer notre partenariat bilatéral, que ce soit sur le commerce, la technologie ou la fiscalité.»

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