Suez a logé mercredi son activité Eau France dans une fondation de droit néerlandais pour les quatre années à venir afin de la rendre «inaliénable», une décision qui a pour effet d’entraver le projet de rachat du groupe porté par Veolia.
Reuters
Veolia, qui propose d’acquérir l’essentiel de la participation d’Engie dans Suez (29,9% sur un total de 32%) avant de lancer une offre sur le reste du capital de son concurrent, a prévu de céder dans ce cadre l’activité Eau France de sa cible au fonds Meridiam pour éviter des problèmes de concurrence.
Après avoir rejeté les avances de Veolia à de multiples reprises, Suez a fait valoir mercredi soir dans un communiqué que cette cession serait “contraire” à sa raison d’être et à son intérêt social, ainsi qu’à celui de «ses parties prenantes et en particulier de ses salariés».
Le groupe a en conséquence placé le même jour son activité Eau France dans une fondation de droit néerlandais ayant pour mission de «préserver, dans l’intérêt social de Suez, l’intégrité» de cette activité en son sein.
«Pour les quatre années à venir et sauf décision contraire du conseil d’administration de Suez au cours de cette période, Suez Eau France, comme ses actifs, sera inaliénable à défaut d’accord préalable de ses actionnaires sous certaines conditions, y compris, en tout état de cause, celui de la fondation», a précisé Suez.
Le groupe a également fait savoir qu’il comptait «étudier les conditions d’une ouverture du capital de Suez Eau France aux salariés de cette société».
Auditionnés à l’Assemblée nationale, les dirigeants de Suez avaient auparavant déclaré mercredi avoir besoin de “quelques semaines” pour soumettre une contre-proposition à l’approche de Veolia, qui a de son côté exclu de prolonger son offre à Engie au-delà du 30 septembre.
Alors que son groupe réitérait dans la soirée sa demande à Engie «d’établir un calendrier de discussions adapté», le président du conseil d’administration de Suez Philippe Varin a estimé lors d’une conférence téléphonique que la décision de placer l’activité Eau France dans une fondation permettait aussi de replacer l’instance qu’il dirige «au centre des discussions».
«Fondamentalement, ceci permet maintenant au conseil d’administration de Suez, qui était hors de la boucle de décision, de revenir au centre des décisions sur l’avenir de la société», a-t-il dit.
«Cela n’empêche pas du tout une OPA ; simplement il faudra trouver les bons remèdes, mais pas la cession de l’eau en France de Suez», a également déclaré Philippe Varin.
Suez a en outre estimé être «parfaitement en mesure de co-construire avec Engie une solution qui sera satisfaisante pour Engie, et dans l’intérêt social de Suez», qui pourrait notamment «être l’occasion de mettre en place un doublement du programme d’actionnariat salarié».