Quel que soit le vainqueur, les sondages n’ont pas vu la résistance de Trump

Pour Donald Trump, le ratage des sondeurs est «historique». Si le verdict dépendra du vainqueur final, les sondages, après la débâcle de 2016, ont de nouveau nettement sous-évalué la résistance phénoménale de la base trumpiste.

«Les sondeurs se sont totalement trompés», a lancé mercredi sur Twitter le président républicain, qui revendique la victoire face au démocrate Joe Biden sans attendre la fin du dépouillement.

Et au-delà du milliardaire, de nombreuses voix, dans le camp adverse, pestaient contre une réédition du scénario d'il y a quatre ans, quand la démocrate Hillary Clinton avait perdu contre toute attente.

Il y a des similitudes entre les deux élections.

«Les sondages semblent être grosso modo justes dans le Sud et le Sud-Ouest», dit à l'AFP Chris Jackson, de l'institut Ipsos.

La moyenne des dernières intentions de vote établie par le site RealClearPolitics juste avant la présidentielle de mardi donnait Joe Biden en légère avance en Arizona et en léger retard en Caroline du Nord, et les deux candidats au coude-à-coude en Géorgie. Les résultats semblent confirmer ces tendances.

Midwest

En Floride, la situation est plus contrastée: si la moyenne était légèrement favorable à l'ancien vice-président démocrate, de nombreuses études constataient une situation inverse, comme celle ABC News/Washington Post avec deux points d'avance pour Donald Trump, proche du résultat final.

"En revanche, Trump semble avoir une nouvelle fois fait mieux que les sondages préélectoraux dans le Midwest", reconnaît Chris Jackson.

C'est déjà dans ces Etats-clés, Michigan et Wisconsin, ainsi qu'en Pennsylvanie que l'erreur avait été la plus flagrante il y a quatre ans, contribuant sur le fil à la victoire surprise de l'homme d'affaires.

Cette année, l'histoire n'est pas encore définitivement écrite.

Que Joe Biden s'impose dans suffisamment d'Etats pour accéder à la Maison Blanche, et le favori des sondages aura bien été sacré -- une toute autre issue qu'un second mandat de Donald Trump faisant mentir les études d'opinion.

"Si un pronostic dit que Biden est favori car il peut survivre à une erreur sondagière de l'ordre de 2016 (environ trois points) contrairement à Clinton, et que c'est ce qui va probablement se passer, c'est assez informatif, non?", s'est défendu l'analyste Nate Silver, du site FiveThirtyEight qui donnait au démocrate, à la veille du vote, 89% de chances de victoire.

Mais quoi qu'il en soit, un constat s'impose: la quasi-totalité des études ont sous-estimé le vote trumpiste.

Economie vs. pandémie

C'est justement dans ces trois Etats du Nord industriel que le démocrate était crédité de ses avances les plus confortables. Jusqu'à 6,7 points en moyenne dans le Wisconsin (et même 11 voire 17 points selon des sondages très sérieux du New York Times ou du Washington Post!), alors que Joe Biden semble finalement l'emporter de justesse avec une marge de 0,6 point.

Contrairement à 2016, quand les sondages avaient correctement prédit l'avance d'Hillary Clinton au niveau national mais s'étaient trompés pour ces Etats-clés, "cette fois il semble que les sondages nationaux ont sous-évalué le score de Trump tout comme les sondages dans les Etats", explique à l'AFP Christopher Wlezien de l'University of Texas.

Selon lui, l'erreur est "assez systématique" et ne peut s'expliquer uniquement par la marge d'erreur.

Parmi les possibles analyses, il mentionne la possibilité que des électeurs de Donald Trump aient refusé de répondre aux sondeurs, ou que les indécis se soient prononcés in extremis pour le président sortant.

L'analyse de la participation record, et de la possibilité d'une mobilisation républicaine supérieure aux attentes, permettra aussi d'y voir plus clair.

Les sondages réalisés à la sortie des urnes fournissent une piste: contrairement aux prévisions, l'inquiétude pour la crise économique est arrivée devant la préoccupation liée à la pandémie de Covid-19 dans les sujets ayant motivé le vote.

Or, en matière économique, Donald Trump jouit d'une image plus positive que sur sa gestion décriée de la crise sanitaire. Et Joe Biden a concentré la quasi-totalité de son message sur le coronavirus.

En attendant l'issue de la présidentielle, un autre ratage commençait à prendre forme: le sort du Sénat, qui devrait rester aux mains des républicains. Dans le Maine, la sénatrice républicaine Susan Collins a gardé son siège sans avoir été donnée gagnante par le moindre sondage préélectoral.

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