L’année 2021 devrait être marquée par un rattrapage économique et débuter sous les meilleurs auspices pour les marchés financiers avec à la fois une arme pour contrôler la pandémie de coronavirus et un soutien monétaire et budgétaire puissant, dit-on chez la banque privée suisse, Lombard Odier.
Avec Reuters
Elle pourrait être inégale mais la croissance sera bien là grâce à l’introduction attendue d’un vaccin contre le COVID-19, même si quelques doutes persistent encore, dit à Reuters Samy Chaar, chef économiste de la banque privée suisse.
«Le vaccin est l’outil décisif pour maintenir la pandémie sous contrôle et à partir du moment où l’épidémie est sous contrôle, l’économie repart rapidement, comme cela a été le cas au troisième trimestre et comme on l’a vu en Asie», dit-il.
«Ce qui va caractériser 2021, c’est le rattrapage économique quand l’épidémie sera sous contrôle. Au début, on aura le meilleur des mondes avec à la fois un outil décisif pour contrôler la pandémie et davantage de soutien budgétaire» ajoute-il.
L’économiste dit miser sur le déblocage du plan de relance européen de 750 milliards d’euros et sur un programme qui pourrait atteindre 500 milliards de dollars aux Etats-Unis après la mise en place de l’administration Biden.
«On va commencer l’année avec des taux à zéro, des banques centrales qui auront recalibré leurs programmes d’achat et un stimulus budgétaire encore présent», dit-il.
Le deuxième semestre est toutefois plus incertain, avec un soutien qui pourrait progressivement se réduire, ajoute-t-il.
«Après l’été, une fois que la reprise aura été sécurisée, se posera la question du maintien des mesures d’urgence. On aura probablement alors le signal qu’une partie des plans sera d’urgence sera enlevée lentement et graduellement», dit-il.
«La fait de basculer vers une politique un peu moins accommodante est un danger pour les Bourses et il y aura un effort de communication à faire, notamment de la part des banques centrales. La grande question est de savoir si la reprise sera assez forte pour supporter un peu moins de dosage médicamenteux.»
Moins de rendement dans le monde d'après
Le phénomène de rattrapage, qui pourrait surprendre par sa rapidité, aboutira à un réancrage de l’économie dans un environnement de croissance faible marqué par des thématiques de long terme comme la démographie, la baisse de la force de travail et la diminution de la productivité, prolonge Samy Chaar.
«On retrouvera rapidement la réalité économique d’avant-COVID avec une croissance faible, une inflation très contenue, même si elle pourrait se normaliser à des niveaux modérés, et des taux d’intérêt très bas, voire négatifs», dit-il.
Dans ce contexte, Lombard Odier réfléchit à la gestion de l’épargne de ses clients, ajoute-t-il.
«Une baisse des rendements est à attendre mais il est nécessaire de rester investi, en acceptant les risques et la volatilité et en s’en protégeant, en s’appuyant par exemple sur l’obligataire américain ou certaines devises qui vont bien quand tout va mal comme le yen japonais ou le franc suisse», dit-il.
Le monde d’après le coronavirus devrait donc être marqué par une croissance à la fois faible et inégale, avec des secteurs frappés de plein fouet et d’autres en plein essor, prévoit l’économiste.
«Les défis auxquels nous faisons face sont exceptionnels, qu’il s’agisse de la transition économique, de la transition énergétique ou de la gestion des ressources sur une planète fatiguée», dit-il. «Les entreprises qui sont des sources de solution par rapport à ces défis majeurs sont des avenues de croissance.»
Plutôt que de dessiner un monde totalement nouveau, la crise du coronavirus exacerbe et accélère des tendances qui étaient déjà à l’oeuvre avant elle comme la modification des manières de consommer et de voyager ou la tendance au télétravail, poursuit Samy Chaar.
Face à ces mutations, le maintien d’une coordination sans faille entre les réponses monétaire et budgétaire sera essentielle, avec la nécessité pour les gouvernements de dépenser à bon escient un argent abondant, fait valoir le chef économiste de Lombard Odier.
«Plutôt que d’avoir peur de niveaux de dette qui sont complètement soutenables avec le niveau des taux d’intérêt, la question est de savoir ce qu’on en fait», dit-il.
«Nous avons envie de voir de la dépense publique dans l’innovation, dans l’infrastructure et dans le fait de réduire les inégalités sociétales. Nous espérons ne pas être déçus.»