Nicolas Sarkozy, jugé pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite des «écoutes de Paul Bismuth», a clamé lundi son innocence tout en exposant pour la première fois sa version des faits.
«Permettez moi de dire de façon solennelle que (…) je n’ai jamais commis le moindre acte de corruption. Jamais», a déclaré l’ancien chef de l’Etat qui ne s’était exprimé jusqu’ici que brièvement sur les faits qui lui sont reprochés dans cette affaire.
«J’ai été placé en garde à vue devant la presse du monde entier (…) On m’a signifié à plus de 3h du matin que j’étais mis en examen», a-t-il poursuivi dans ses propos liminaires.
«Toutes mes conversations avec mon avocat ont été écoutées et publiées quasi in extenso dans la presse. On a écouté plus de 3.700 conversations privées (…) mais on n’a trouvé (pour m’incriminer) que cinq ou six conversations avec mon ami de toujours qui est aussi mon avocat», a-t-il ajouté, faisant référence à Thierry Herzog, également poursuivi dans cette affaire.
Nicolas Sarkozy a par ailleurs dénoncé les moyens selon lui disproportionnés accordés à l’enquête, notamment les deux commissions rogatoires internationales et la perquisition à la cour de cassation.
«Douze magistrats interrogés. Pour qui ? Rien que pour moi ! C’est l’affaire du siècle. Des milliers d’articles partout. Pourquoi? Parce que c’est moi. Pas pour la gravité des faits qui me sont reprochés», a-t-il déclaré.
Bien que présent depuis le premier jour de ce procès ouvert le 23 novembre, l’ancien chef de l’Etat français ne s’était exprimé jusqu’ici que brièvement.
Hergoz : «Plus qu'un ami, c'est un frère», dit sarkozy
Le parquet national financier accuse Nicolas Sarkozy d’avoir promis d’aider l’ancien magistrat Gilbert Azibert à obtenir un poste à Monaco en échange d’informations confidentielles au sujet d’une enquête sur des soupçons de versements illégaux qu’il aurait reçus de la milliardaire Liliane Bettencourt, héritière de L’Oréal, pour le financement de sa campagne électorale de 2007.
Dans le cadre de l’enquête sur un éventuel financement libyen de cette campagne, les juges ont décidé en 2013 de placer sur écoute Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog.
Ils ont alors découvert que les deux hommes communiquaient à l’aide de téléphones portables enregistrés sous de faux noms, en l’occurrence celui de «Paul Bismuth» pour l’ancien chef de l’Etat.
Selon les enquêteurs, les écoutes téléphoniques ont révélé que Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog avaient à plusieurs reprises évoqué des contacts avec Gilbert Azibert, magistrat à la Cour de cassation qui avait à ce titre accès à des informations sur l’enquête concernant Liliane Bettencourt.
Nicolas Sarkozy a présenté Thierry Herzog comme «un ami, un ami de la famille (…) c’est en fait beaucoup plus qu’un ami, c’est un frère».
Il a en revanche assuré n’avoir jamais fréquenté Gilbert Azibert avant une brève rencontre en 2013, alors qu’il n’était plus président de la République et n’avoir jamais intercédé en faveur de l’ancien magistrat pour que celui-ci obtienne un poste de conseiller d’Etat à Monaco. «M. Azibert ne me doit rien», a-t-il dit.
Président de 2007 à 2012, Nicolas Sarkozy a martelé qu’il n’avait rien à se reprocher, dénonçant une enquête à charge et une «reconstruction» à partir de bribes de conversations téléphoniques.
«Je veux être lavé de cette infamie, pas uniquement par une procédure, je veux être lavé, parce que je veux la vérité des faits et du droit», s’est emporté l’ancien chef de l’Etat.