L'administration de Donald Trump a accusé lundi pour la première fois l'Iran de la «mort probable» de l'ex-agent du FBI Robert Levinson et a exhorté le futur président Joe Biden à faire de la libération des prisonniers américains une condition de toute négociation avec Téhéran.
Le Trésor américain a dans la foulée annoncé des sanctions contre deux hauts responsables du renseignement iranien, Mohammad Baseri et Ahmad Khazai, pour leur implication présumée.
Le ressortissant américain avait disparu en 2007 dans des circonstances mystérieuses, et Washington avait depuis réclamé l'aide de Téhéran malgré l'absence de relations diplomatiques entre les deux pays ennemis.
«Le gouvernement iranien s'était engagé à apporter son assistance pour rapatrier Bob Levinson, mais il ne l'a jamais fait. La vérité, c'est que des agents des services de renseignement iraniens, avec le feu vert de hauts responsables iraniens, ont été impliqués dans l'enlèvement et la détention de Bob», a déclaré le directeur de la police fédérale américaine Christopher Wray dans un communiqué.
«Le gouvernement américain est parvenu à la conclusion que toutes les preuves dont nous disposons semblent indiquer que Bob est mort en captivité», a dit un autre haut responsable américain dans un échange avec la presse. «Il est très clair que ce cas était bien connu à des niveaux très élevés du gouvernement iranien», a-t-il insisté.
Dès le mois de mars, après 13 ans d'incertitude, le président Trump avait laissé entendre que son décès était probable. La famille de l'ex-agent du FBI avait alors affirmé avoir été informée par des responsables américains qu'il était «mort alors qu'il était détenu par les autorités iraniennes».
Washington a toujours affirmé que Bob Levinson n'oeuvrait pas pour le gouvernement américain au moment de sa disparition en mars 2007, sur l'île de Kish, dans le Golfe. Il était alors déjà retraité du FBI depuis une dizaine d'années.
Mais selon le Washington Post, il travaillait pour la CIA et devait rencontrer un informateur au sujet du programme nucléaire iranien.
Biden aux antipodes
Les circonstances de la captivité de l'ex-agent, et de son «probable décès», n'ont pas été précisées par les responsables américains. «Nous appelons le régime iranien à fournir un compte-rendu exhaustif de ce qui est arrivé à M. Levinson», a déclaré le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo dans un communiqué.
Les responsables de l'administration Trump ont assuré que le timing de cette annonce n'avait rien de politique, s'agissant uniquement du résultat d'un "processus complexe".
Mais cette accusation formelle met davantage encore la pression sur la future administration Biden pour qu'elle se montre intransigeante avec Téhéran.
D'autant qu'elle intervient juste après l'exécution par l'Iran de l'opposant Rouhollah Zam, dénoncée comme «barbare» par Mike Pompeo et que le futur conseiller à la sécurité nationale de Joe Biden à la Maison Blanche, Jake Sullivan, a aussi qualifiée de «violation horrible des droits humains».
Or l'Iran est un dossier sur lequel le président élu démocrate, qui doit entrer en fonction en janvier, est aux antipodes de son prédécesseur républicain.
Donald Trump a sorti les Etats-Unis de l'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, jugeant qu'il était insuffisant pour empêcher Téhéran de fabriquer la bombe atomique et pour endiguer son comportement "néfaste" au Moyen-Orient. Il a rétabli puis durci les sanctions américaines levées dans le cadre de cette entente internationale.
Joe Biden veut lui revenir dans cet accord et lever les sanctions, à condition que les autorités iraniennes reviennent de leur côté dans les clous des restrictions nucléaires qu'elles ont commencé à transgresser en représailles à la décision du milliardaire républicain.
Un haut responsable de l'administration sortante a exhorté lundi le prochain gouvernement à "inclure le retour à la maison de tous les Américains injustement détenus" en Iran dans une éventuelle négociation avec la République islamique.