Joe Biden est officiellement «président élu»

Le collège électoral a entériné lundi la victoire à la présidentielle de Joe Biden, qui dans un réquisitoire sévère contre Donald Trump a dénoncé son refus obstiné de reconnaître sa défaite et invité l'Amérique à «tourner la page». D'ici à son inauguration officielle comme 46e président des Etats-Unis, le président sortant entend bien poursuivre sa stratégie.

Le collège électoral américain a, ce 14 décembre, accordé sans surprise une majorité de votes à Joe Biden, qui obtiendrait (sous réserve de validation par le congrès le 6 janvier) 306 votes contre 232 pour le président sortant Donald Trump. Tandis que ce dernier entend bien poursuivre ses recours contre de présumées fraudes jusqu'au bout, le démocrate ne deviendra officiellement le 46e président que le 20 janvier, jour de la cérémonie d'inauguration.

C'est le vote des grands électeurs de Californie, Etat remporté très largement par Joe Biden avec plus de 63% des voix, qui a permis au démocrate de franchir la barre des 270 suffrages, synonyme de victoire.

Si l'étape du vote des grands électeurs est traditionnellement une formalité, Donald Trump lui a donné un relief particulier en refusant d'admettre le verdict des urnes et donnant de l'écho à des théories du complot sur d'éventuelles tricheries électorales. «Ce n'est pas fini», avait déclaré à Fox news le 13 décembre.

«C'est une position extrême que nous n'avons jamais vue auparavant», a dénoncé Joe Biden lors d'un discours depuis son fief de Wilmington (Delaware), à propos des nombreux recours en justice engagés sans succès par le républicain pour faire invalider les résultats dans certains Etats.

«Une position qui a refusé de respecter la volonté du peuple, de respecter l'Etat de droit, et refusé d'honorer notre constitution», a tancé le démocrate.

Joe Biden s'était pour le moment gardé d'attaquer si frontalement Donald Trump sur le sujet.

«L'intégrité de nos élections a été préservée. Maintenant, il est temps de tourner la page. De nous rassembler», a invité le futur président des Etats-Unis. «La flamme de la démocratie a été allumée il y a longtemps dans ce pays. Et nous savons désormais que rien - ni même une pandémie ou un abus de pouvoir - ne peut éteindre cette flamme

Les résultats du scrutin du 3 novembre ont déjà été certifiés par chacun des 50 Etats américains: le démocrate a remporté le nombre record de 81,28 millions de voix, soit 51,3% des suffrages, contre 74,22 millions (46,8%) au président républicain sortant.

Mais aux Etats-Unis, le locataire de la Maison Blanche est choisi au suffrage universel indirect, et le vote lundi de ce «collège électoral» a entériné la victoire de Joe Biden.

Trump continue de dénoncer l'élection la plus truquée de l'histoire américaine

Depuis la Maison Blanche, Donald Trump dénonce depuis bientôt un mois et demi, sans preuves mais théories du complot à l'appui, «l'élection la plus truquée de l'histoire américaine».

Ses recours en justice ont quasiment tous été rejetés. Humiliation ultime, la Cour suprême, qu'il a pourtant profondément remaniée en y nommant trois juges et en y confortant ainsi la majorité conservatrice désormais forte de six membres sur neuf, a rejeté la semaine dernière deux recours républicains sans même s'en saisir sur le fond.

L'étape solennelle de lundi désormais franchie, un plus grand nombre d'élus républicains accepteront-ils de reconnaître enfin la victoire de Joe Biden? C'est possible.

L'un d'entre eux, le sénateur républicain Rob Portman, a fait le pas lundi: «Bien que j'aie soutenu le président Trump, le vote du collège électoral aujourd'hui fait qu'il est clair maintenant que Joe Biden est le président élu».

Mais il est peu probable que Donald Trump rentre, lui, dans le rang, d'autant que selon les sondages, une large majorité de ses électeurs ne considèrent pas le démocrate comme un vainqueur légitime.

Il pourrait tenter de profiter de la complexité d'un processus institutionnel qui s'étire en longueur pour un dernier baroud d'honneur: certains élus proches de lui envisagent de contester les résultats lorsque le Congrès sera appelé à apporter une dernière validation le 6 janvier.

La démarche n'a cependant pratiquement aucune chance d'aboutir.

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