Le gouvernement français s'attend-t-il à une autre vague de mouvements sociaux similaire à celle des gilets jaunes? Une interrogation suscitée par la commande effectuée par l'Etat français de munitions marquantes pour ses armes à létalité réduite.
Que se passe-t-il ?
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a publié un appel d’offres le 14 mars pour la fourniture de pour des «munitions cinétiques de défense unique de calibre 40 mm au profit des forces de la sécurité intérieure». Il s'agit de 170.000 balles de lanceurs de balles de défense (LBD). L'Etat français envisage l'acquisition de 160.000 « munitions de défense unique» et 10.000 « munitions de défense marquante visible », un nouveau type de munition qui s’inscrit dans une logique de contrôle et de traque.
En quoi est-ce significatif ?
Révélé par le quotidien Libération, cet appel d'offre survient au moment où l'utilisation desdites munitions a été condamnée par la justice française suite à plusieurs plaintes de victimes.
En effet, le ministère de l'Intérieur a reconnu le 16 mars, la responsabilité de l'État dans les blessures d'un jeune lycéen strasbourgeois de 15 ans, grièvement blessé par un tir de LBD en marge d'une manifestation de «gilets jaunes» en janvier 2019, tandis qu'un policier a été mis en examen pour l'éborgnement d'une jeune femme, par un tir de lanceur de balles de défense lors d'une manifestation des «gilets jaunes» en décembre 2018 à Paris.
Malgré ces condamnations et la mobilisation des syndicalistes, militants et élus, Gérald Darmanin a refusé de donner suite à la proposition d’une commission d’enquête parlementaire qui souhaitait restreindre l’usage du LBD face aux «mouvements de foule».
L'usage des LBD a été massif dans les opérations de maintien de l'ordre face aux manifestation des «Gilets Jaunes», 19.000 tirs rien qu'en 2018. Le mouvement de protestation a mis à mal le maintien de l’ordre « à la française » dont les images du chaos au cœur de la capitale Paris avaient défrayé la chronique faisant le tour du monde.
Le sentiment de mauvaise gestion de la pandémie, l'impopularité du premier ministre Jean Castex, la crise économique et la fièvre des présidentielles de 2022 autant de catalyseurs d'une explosion sociale latente qui pourrait donner lieu à manifestations violentes d'une population à bout.