Celui qui dirige le Tchad depuis la rébellion armée de 1990, Idriss Déby Itno, est mort mardi, au lendemain de sa réélection à la tête du pays, des suites de blessures reçues alors qu'il commandait son armée dans des combats contre une colonne d’insurgés qui avançait vers la capitale N’Djamen.
Que se passe-t-il ?
«Le président de la république, chef de l'État, chef suprême des armées, Idriss Déby Itno, vient de connaître son dernier souffle en défendant l'intégrité territoriale sur le champ de bataille. C'est avec une profonde amertume que nous annonçons au peuple tchadien le décès ce mardi 20 avril 2021 du maréchal du Tchad», a annoncé ce mardi le porte-parole de l'armée, le général Azem Bermandoa Agouna, dans un communiqué lu à l'antenne de TV Tchad.
Idriss Déby s'était rendu samedi et dimanche sur le front opposant son armée à une colonne de rebelles qui avait lancé une offensive à partir de bases arrières en Libye.
Agé de 68 ans, Idriss Déby, militaire de carrière qui s'est emparé du pouvoir en 1990 à l'issue d'un coup d'Etat, promu au rang de Maréchal en août dernier, venait d'être réélu pour un mandat de 6 ans avec 79,32% des suffrages exprimés, selon des résultats provisoires énoncés lundi 19 au soir par l'instance électorale nationale.
Pourquoi est-ce important ?
Le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) avait lancé son offensive depuis ses bases arrière en Libye le 11 avril, jour de l’élection présidentielle.
Durant des affrontements qui ont duré huit jours, l’armée tchadienne a affirmé lundi avoir tué plus de 300 rebelles, fait 150 prisonniers et perdu cinq militaires dans des combats. Le pouvoir assurait que la situation était sous contrôle.
Samedi, le gouvernement avait affirmé que l’offensive, dans les provinces du Tibesti et du Kanem, avait « pris fin ». Mais des combats ont repris dimanche en fin d’après-midi, selon le général Azem Bermandoa Agouna, porte-parole de l’armée. « La situation est calme en ce moment sur le front », a-t-il toutefois déclaré lundi matin.
Des chars ont été positionnés lundi sur les principales avenues de la capitale, ce qui a entraîné des scènes de panique. Ces blindés ont été retirés en fin de matinée, à l’exception d’un périmètre autour de la présidence.
Le FACT, lui, a assuré dimanche s’être rendu maître du Kanem, où se sont déroulés les combats de samedi. Les affirmations de l’un ou l’autre camp ne peuvent être vérifiées de sources indépendantes, l’accès aux zones de combats étant interdit.
Idriss Déby Itno était le principal soutien de la France au Sahel et au sein de l'opération Barkhane. D'ailleurs, le quartier général de l'opération militaire française était d'ailleurs installé N'Djamena.
L'Elysée qui prenait en considération les recommandation du défunt sur tous les sujets sécuritaires, n'avait pas jugé la menace des insurgés préoccupante. En effet, l’ambassade de France avait souligné à l’attention de ses ressortissants que le déploiement des blindés dans les rues de la capitale était « une mesure de précaution, à usage dissuasif, sans qu’une menace particulière pèse sur la capitale ».