Sa Majesté le Roi Mohammed VI a entamé, jeudi, une visite officielle au Ghana. En terme de symbolique, Accra constitue la première destination officielle du souverain après le retour du Maroc au sein de l'Union Africaine. Il s'agit également de la première visite d'un souverain marocain dans ce pays avec lequel le royaume tisse des liens historiques depuis l'avènement des Indépendances au milieu du siècle dernier.
En effet, le Père fondateur du Ghana, Nkwame N'Krumah, était très proche de feu Sa Majesté Mohamed V avec qui il a constitué le noyau fondateur de l'Organisation de l'Union Africaine. Ce noyau a vu le jour à la Conférence de Casablanca en 1961, durant laquelle les deux leaders ont donné le ton pour la mise en place d'un espace panafricain qui aura pour principale mission la défense des intérêts du continent et la promotion de son économie. Près de six décennies plus tard, c'est au petit-fils de Mohamed V de prendre son bâton de pèlerin pour aller rendre visite au pays de Nkwame N'Krumah et mettre en place de nouveaux jalons en matière de coopération bilatérale.
Le Ghana, qui sera bénéficiaire du méga-projet de gazoduc qui reliera le Nigeria et le Maroc, est un pays stable jouissant d'une économie solide dans la sous-région d'Afrique occidentale, et compte sur l'expertise du Maroc pour donner un coup de fouet aux échanges entre les deux pays.
L'importante délégation d'hommes d'affaires qui accompagne Sa Majesté le Roi au Ghana témoigne de l'importance de ce pays dans l'agenda diplomatique du Maroc et laisse croire à la naissance d'un nouvel axe stratégique Rabat-Accra, non seulement en ce qui concerne les secteurs de l'énergie, de la finance et des matières premières, mais aussi sur le plan spirituel où la minorité musulmane est largement Tijanie, sachant qu'à l'indépendance, cette ancienne colonie britannique était à majorité musulmane et qu'en soixante ans la courbe s'est intégralement inversée suite à une forte campagne de prosélytisme menée par l'Eglise presbytérienne.
Le renforcement de l'axe Rabat-Accra , sur lequel les deux pays travaillent depuis plus de dix ans, viendra combler un vide en terme d'intégration régionale et ouvrira le Maroc sur une nouvelle culture (anglophone), dans une région à forte dominante francophone.
Abdellah EL HATTACH Follow @aelhattach