L’axe Alger-Tunis-Le Caire sabote l’Accord de Skhirat

En suspendant les activités du comité du dialogue qui travaillait sur la révision de l’accord de Skhirat, le Parlement libyen a, de facto, rejeté le document signé au Maroc sous l'égide de l’ONU en décembre 2015.

17 décembre 2015, les protagonistes de la crise libyenne paraphent l'Accord de Skhirat. Au premier plan de la photo Nasser Bourita la cheville ouvrière de la diplomatie marocaine

Cette rupture dans le processus de paix interlibyen qui risque de déstabiliser les institutions et faire rentrer le pays dans l’inconnu, est la résultante des derniers développements intervenus dans la région des champs pétroliers.

En effet, l’offensive militaire dirigée par une coalition de milices extrémistes, appuyée par le gouvernement de Fayez el-Sarraj à Tripoli, a permis à ces groupuscules de prendre le contrôle des vastes et riches champs pétroliers jusque-là détenus par le général dissident Khalifa Haftar, ‘seigneur’ de l'est-libyen.

Les milices de Fayez el-Sarraj constituées des brigades de défense de Benghazi et du Groupe islamique combattant, tous les deux dépendants d’al-Qaïda, ainsi que des Frères musulmans, sont également soutenues par des puissances étrangères, ce qui rend impossible l’application des accords de Skhirat.

Alger, Tunis et Le Caire sapent l’Accord de Skhirat

Mais il n’y a pas que les développements sur le terrain militaire qui a fait basculer la donne politique, mais également l’immixtion de la Tunisie, de l’Algérie et de l’Egypte dans le processus de paix - parrainé par l’ONU et le Maroc - qui a perturbé la bonne marche des négociations pour une révision de l’accord.

Car moins d’une semaine avant le rejet de l’accord de Skhirat, et en marge de la réunion des ministres des affaires étrangères de la Tunisie, de Egypte et de l’Algérie, un soi-disant «Appel de Tunis» est sorti de nulle part pour venir casser l’accord signé au Maroc en 2015.

Mais en lisant les clauses de cette «initiative», elle ressemble comme deux gouttes d’eau aux dispositions de l’accord de Skhirat et stipule, entre autres : 1. D’inciter les Libyens au dialogue ;  2. Refuser toute intervention militaire qui risque de dégrader la situation en Libye ; 3. Continuer à soutenir le rôle de l’ONU.

En voulant récupérer les accords de Skhirat et donnant l’apparence de les défendre, la Tunisie, l’Egypte et l’Algérie ont ainsi contribué largement à les saboter.

 

Abdellah EL HATTACH

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