L’ordonnance d’un juge sud-africain d’opérer une saisie conservatoire sur une cargaison de 54 000 tonnes de phosphates marocains, et d’immobiliser le tanker NM Cherry Blossom battant pavillon des Îles Marshall au Port Elisabeth, continue de faire couler beaucoup d’encre. Contrairement à OCP Group qui n’a pas souhaité communiquer, le client néo-zélandais sort de son mutisme pour expliquer les circonstances de cette affaire et en évaluer et les conséquences.
Ballance Agri-Nutrients, c’est le nom de la société néo-zélandaise à laquelle était destiné le chargement de phosphates estimé à 7,2 millions de dollars, affirme que les 54 000 tonnes (d’autres sources parlent de 50 000) bloquées représentent environ un huitième des besoins annuels néo-zélandais en phosphate. Ce qui n’est pas négligeable.
Ballance Agri-Nutrients croit savoir que le blocage prendra plusieurs semaines pour y trouver une solution.
Entre-temps, la société aura besoin d’acheminer d'autres cargaisons de phosphate pour assurer l’approvisionnement des agriculteurs. «Pour l’instant, les stocks sont suffisants, mais nous ne sommes pas entièrement dépendants du Maroc, nous importons également de Chine et d'Afrique du Sud.» A ce propos, l’Afrique du sud est également producteur et exportateur de phosphate, il pourrait donc aussi s’agir d’une opération de sabotage à teneur purement commerciale perpétrée par le gouvernement de Pretoria dans le but de gêner les exportations marocaines.
Le directeur général de Ballance Agri-Nutrients, Mark Wynne, estime qu’il s’agit-là d’un problème politique «dont il est conscient » et que cela était au-dessus de ses compétences.
«C'est un sujet géopolitique très complexe (…) et il n’y a que les Nations unies qui puissent y trouver une solution ; certainement pas nous, c’est impossible » martèle-t-il. Avant de conclure qu’il se trouvait au Maroc l’année dernière pour renouveler les contrats avec la partie marocaine (OCP Group), tout en intégrant la portée RSE dans ses conditions d’achat.
Le client néo-zélandais importe du phosphate marocain depuis plus de 30 ans, et c'est la première fois qu'une cargaison est immobilisée.
Dans une première réaction à cette affaire, le porte-parole du gouvernement a déclaré que le Maroc était «en position de force sur le plan politique et (...) n'enfreint pas le droit international». Mustapha El Khalfi, qui s'exprimait lors de son point de presse hebdomadaire à l'issue du Conseil de gouvernement, a ajouté que «les manœuvres des adversaires de l'intégrité territoriale du Royaume sont vouées à l'échec».
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