Mais quelle mouche a piqué Jeune Afrique ?

En titrant en couverture de sa dernière livraison ‘Terrorisme, Born in Morocco’, le magazine hebdomadaire panafricain, Jeune Afrique, n’a pas jeté un pavé dans la marre pour faire uniquement le buzz et vendre du papier et des insertions publicitaires, mais l’objectif est plus cynique. Il veut faire croire,  à travers un jeu de mot machiavélique, que l’origine du terrorisme se trouve en terre marocaine et que, en même temps, la majorité des terroristes sont nés au Maroc, se délectant au passage de cette nuance à peine perceptible pour faire miroiter aux milieux néocolonialistes dont le magazine fait historiquement partie, que le royaume chérifien est un terreau de violence et un exportateur de haine, de cruauté et de barbarie. Pire, l’utilisation de l’emblème national rouge et accrocher les têtes des criminels sur les branches de l’étoile verte centrale qui frappe de son sceau le drapeau du pays, est une atteinte grave à la symbolique nationale du Maroc, une infamie, un affront aux marocains.

Que cherche le magazine Jeune Afrique en titrant en couv’ une accusation provocatrice cherchant à humilier le Maroc et les marocains ? Certainement pas le buzz. Incapables de gérer la menace terroriste, les européens font souvent appel à l’expertise marocaine en la matière. Connue et reconnue mondialement. Mais les milieux néoconservateurs et néocolonialistes en Europe ne le voient pas ainsi. Ils tentent de convaincre leur opinion nationale que le Maroc est un exportateur de terroristes. Non seulement c’est faux, chiffres à l’appui, mais ils tentent de déstabiliser le royaume sur le plan économique et touristique, à la veille de la visite au Maroc d’une importante délégation sécuritaire espagnole conduite par le ministre de l’Intérieur ibérique, Juan Ignacio Zoido.

Si les criminels qui ont mené les attaques de Barcelone sont majoritairement d’origine marocaine, ou nés au Maroc, ils ont en revanche grandi en Europe, bénéficié du système éducatif européen, n’ont pas assez été encadrés quand ils ont quitté précocement l’école : les pays d’accueil sont tout aussi responsables du devenir de ces jeunes. Et ce n’est pas une raison que l’on permettra de stigmatiser ces pays en question. La faille est générale. La responsabilité est commune. Mais stigmatiser ainsi le Maroc et le décrire comme un repaire de terroristes-nés, c’est inadmissible venant d’un support qui se veut influent et élitiste. Et l’utilisation du drapeau du Maroc pour véhiculer cette hérésie, est un véritable affront aux citoyens de ce pays.

Pour remettre les choses dans leur contexte, l’Etat Islamique ou Daech, compte des dizaines de milliers de combattants en Irak, en Syrie, en Libye, au Yémen et au Sinaï, originaires de 81 pays.

Le Maroc est certes un important pourvoyeur de cette milice terroriste, mais il ne se classe qu’à la septième place derrière la Tunisie, l’Arabie Saoudite, la Jordanie, la Russie, la France (oui, la France !!) et la Turquie. La Maroc a ‘fourni’ 1200 combattants contre près de 6000 tunisiens. Mais bien sûr Jeune Afrique ne parle pas de ces derniers, le patron de ce magazine étant…un tunisien, ou français d’origine tunisien, ou tunisien naturalisé français, bref, né en Tunisie, c’est ce qui compte désormais si l’on suit la logique de Béchir Ben Yahmed.

Proche du dictateur déchu Zine El Abidine Ben Ali, le patron de Jeune Afrique a sollicité à maintes reprises l’intervention de l’ex-chef de l’Etat tunisien pour sauver le magazine de la banqueroute. Et bien sûr les richissimes hommes d’affaires tunisiens ont régulièrement mis la main à la poche pour injecter du liquide dans cette publication, car Ben Ali la considérait comme relevant de la sécurité nationale du pays.

Abdellah EL HATTACH

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