A la veille d’un jour décisif pour la province autonome de Catalogne dont la population s’exprimera le dimanche 1 octobre 2017 sur sa destinée, c’est-à-dire soit continuer à dépendre du gouvernement central de Madrid ou opter pour l’indépendance, une brochette d’éminents universitaires d’Amérique du nord, exerçant dans les domaines du droit, de l'économie, de l'Histoire et des sciences humaines, ont rendu publique une lettre ouverte adressée aux autorités espagnoles dans laquelle les chercheurs de nationalités américaine, canadienne et mexicaine condamnent ce qu’ils désignent être une «répression à caractère dictatorial sur les catalans émanant du gouvernement» de Madrid.
Noam Chomsky and 69 other US, Canadian and Mexican professors sign letter of support for #Catalonia https://t.co/76yAh2xTzj pic.twitter.com/AWnxh5BIa2
— Julian Assange (@JulianAssange) September 30, 2017
D’un ton très dur, le document signé par 70 professeurs menés par le philosophe américain Noam Chomsky, compare les agissements du gouvernement de Mariano Rajoy avec ceux du dictateur fasciste Francisco Franco, qui a gouverné l'Espagne pendant 40 ans jusqu’à sa mort en 1975. De son côté, Madrid rejette catégoriquement la légitimité de cette consultation populaire et y oppose la décision de la Cour suprême qui a interdit le référendum.
Dans leur lettre ouverte, et à 24h de la tenue de ce scrutin à haut risque géopolitique, les 70 universitaires nord-américains tentent d’attirer l'attention du gouvernement de Madrid sur ce qu’ils appellent «la répression politique menée par le pouvoir central» et exigent que Madrid y «mette immédiatement» en vue de permettre aux Catalans «d'exprimer librement leurs opinions politiques».
Le gouvernement espagnol a annoncé pour sa part qu'il empêcherait physiquement les personnes qui entreraient dans les bureaux de vote les menaçant d’arrestation immédiate. De leur côté, les 70 pétitionnaires croient savoir qu’«à mesure que le référendum s'approche, les politiques de répression s'intensifient», comportement qu’ils dénoncent arguant la Constitution du pays qui donne le droit au citoyen la pleine liberté de pensée, d’opinion et d’expression. Ce qui inquiète le gouvernement central, c’est que le chef de l’exécutif de Catalogne, Carles Puigdemont, et plus de 750 maires des conseils municipaux de la province autonome ont mis à la disposition des votants des locaux pour leur permettre de voter lors de ce référendum qui met en alerte tous les pays de la région craignant une contamination de ce processus politique dangereux qui risque de faire éclater de graves tension.
The world's first internet war has begun, in Catalonia, as the people and government use it to organize an independence referendum on Sunday and Spanish intelligence attacks, freezing telecommunications links, occupying telecoms buildings, censors 100s of sites, protocols etc.
— Julian Assange (@JulianAssange) September 30, 2017
Tour de vis de Madrid
Les troupes d’élite de l’armée espagnole et les unités légères d’intervention de la Guardia Civil sont en état d’urgence absolue et prêtes à parer à toute éventualité. D’ailleurs, sur ordre de la justice fédérale, les forces de sécurité espagnoles ont neutralisé les sites d’information qui appuient le référendum et ont confisqué 1,5 million d'affiches et de dépliants. Quant aux autorités centrales, elles ont pris le contrôle des circuits financiers de la province autonome pour empêcher toute tentative de financement de l’opération à travers les fonds de la communauté catalane et mis la main sur la Poste catalane. Les juges espagnols ont même ordonné aux opérateurs téléphoniques Vodafone et Movistar d’interdire l’accès à la plateforme référendaire ref1oct.eu.
#Catalans respond to Google censoring their voting location app on behalf of the Spanish state pic.twitter.com/uTAssO4PIh
— Julian Assange (@JulianAssange) September 30, 2017
Google has censored voting location app promoted by #Catalan president @KRLS after order from Spanish court https://t.co/YStIGUKCep pic.twitter.com/qdMTqvJIU4
— Julian Assange (@JulianAssange) September 29, 2017
This is the referendum app on Google Play that the judge has ordered taken down. Currently has about 1,200 installs.https://t.co/VUKYXd7i02 pic.twitter.com/M41KjasGFo
— The Spain Report (@thespainreport) September 29, 2017
L’Union européenne réaffirme sa neutralité
Estonia: Juncker stresses EU's support for Spanish govt. over Catalan referendum
En marge de la tenue hier du sommet numérique de Tallinn, en Estonie, qui a réuni les chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne, les dirigeants européens se sont abstenus de commenter l’opération référendaire estimant qu’il s’agissait d’une affaire relevant de la politique intérieure de l’Espagne. Cédant probablement aux pressions de Madrid, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a déclaré de son côté qu’il se référait aux dispositions des commissions Prodi et Barroso qui n’admettent une telle sécession que si les consultations populaires respectaient les conditions judiciaires et constitutionnelles requises, alors que le 14 septembre dernier il ne voyait pas d’objection à l’indépendance de la province autonome de Catalogne. C’est probablement cette fenêtre de tir offerte par les européens, qui n’ont pas émis d’objection claire à une éventuelle indépendance de la Catalogne, qui a poussé les 70 universitaires des Etats-Unis, du Canada et du Mexique à envoyer une sévère réprimande au gouvernement de Madrid l’accusant «d’un niveau d’arbitraire et de répression jamais atteint depuis la dictature de Franco.»
Abdellah El Hattach Follow @aelhattach