Le 1er meeting de campagne de Zemmour en cinq actes

Une vidéo de Brut s'est attardée sur le discours de Zemmour prononcé lors de son 1er meeting de campagne du candidat de l'extrême droite, Eric Zemmour, qui a été émaillé d'affrontement et d'incidents violents. Cinq séquences ont été ainsi identifiées : 1) Mimétisme de Donald Trump; 2) Les «ils» : ceux qui sont contre le peuple, 3) Les «vous» et les «nous» et le «moi» : les persécutés; 4) Programme : immigration zéro; 4) Macron : l'adolescent.

Le candidat à l'élection présidentielle Éric Zemmour a tenu son premier meeting de campagne ce dimanche à Villepinte,  cinq jours après avoir officiellement déclaré qu'il briguait l'Élysée.

Selon les organisateurs, 13.000 militants avec de nombreux drapeaux bleu-blanc-rouge ont accueilli le candidat. Une foule surchauffée qui s'est prise aux journaliste de Quotidien, l'émission de TMC présenté par Yann Barthès ainsi qu'à un groupe de militants de SOS Racisme, qui était dissimulé dans le public.

Zemmour fait du Trump

Depuis la sortie du livre d'Eric Zemmour «La France n’a pas dit son dernier mot», la presse française n'a pas cessé de pointer du doigt les similitudes entre le polémiste et Donald Trump.

«Depuis le début de ses prises de parole, Éric Zemmour a fait usage d’excès et de fractures idéologiques. Un style qui n’est pas sans rappeler celui de Donald Trump» écrit FranceInfo le 20/11/2021.

Et de rajouter : «La couverture du dernier livre d’Éric Zemmour, La France n’a pas dit son dernier mot, s’inspire directement de celle de Donald Trump. Et ce n'est pas leur seul point commun. En effet, les deux hommes ont construit leur notoriété grâce à la télévision. Tous deux partagent également le goût de la provocation, sur le sujet de l’immigration d’abord. Le milliardaire américain s’en prenait à celle venue du Mexique, tandis que le polémiste tient des propos similaires contre les musulmans».

Au lendemain du derby meeting de Zemmour, le média 100% vidéo Brut notera les similitudes entre le discours du candidat et l'ancien président américain. Brut a en effet réalisé un montage dans lequel on entend Eric Zemmour attaquer les «système» et les «journalistes» en utilisant presque mot pour mot des déclarations de campagne de Donald Trump.

«Depuis des mois, il ne se passe pas une seule journée sans que le pouvoir et ses relais médiatiques ne m’attaquent: ils inventent des polémiques (...), ils fouillent dans ma vie privée, ils me traitent de tous les noms» s'exclamé Eric Zemmour.

«A chaque élection, le système exclut soigneusement les candidats qui lui déplaisent avec ses juges aux ordres et ses journalistes militants.» persiste et signe le polémiste.

«Ils» contre le peuple

«A chacun de mes déplacements, ils enragent, en voyant ce peuple qu'ils pensaient à jamais disparu. S'ils me détestent, c'est parce qu'ils vous détestent. S'ils me méprisent, c'est parce qu'ils vous méprisent. Vous êtes arrivés, nous sommes arrivés, et nous avons bouleversé les plans les mieux établis.» a scandé Zemmour devant un public enflammé.

«Ils veulent me rendre inéligible, ils veulent vous voler la démocratie. Ne les laissons pas faire.» s'est-il attaqué à ces ennemis qui persécutent le «peuple».

Dans son analyse de ce discours, le politologue et professeur en rhétorique, Clément Viktorovitch estime qu'Éric Zemmour se décrit «en seul représentant d’un peuple qui aurait été trahi par tous les pouvoirs, politiques, judiciaires et médiatiques». Cette opposition, souligne-t-il, c’est la définition exacte de ce qu’en science politique on a appelé le populisme.

Vous, nous et moi, contre les autres

«Vous êtes arrivés, nous sommes arrivés, et nous avons bouleversé les plans les mieux établis et rompu le pacte tacite entre tous les acteurs de cette farce», a clamé Éric Zemmour.

«Contre moi, tout est permis. Et la meute est désormais lancée à mes trousses : Mes adversaires veulent ma mort politique, les journalistes veulent ma mort sociale et les djihadistes veulent ma mort tout court».

Éric Zemmour a développé amplement le lien si particulier qui l’unirait au peuple français à savoir : « qu'en faisant partie du peuple, si ses adversaires le méprisent, c’est qu’ils méprisent aussi le peuple», écrit Clément Viktorovitch. Cela s'appelle du sophisme par division, poursuit-il, ce qui est vrai pour la partie serait vrai pour le tout, et inversement.

Dans le discours d’Éric Zemmour, les individus qui composent le système n’ont pas simplement échoué, failli, ni même trahi le peuple. Ils ont "juré sa perte" ; ils veulent le "faire disparaître" et menacent jusqu’à son "existence". Autrement dit, ils auraient une intention maligne, voire perverse, affirme le politologue français.

Programme : Immigration, immigration, immigration

En tordant les chiffres et en faussant les additions., Eric Zemmour s’est saisi de la thèse sulfureuse du «grand remplacement» autour de laquelle il a construit tout un discours haineux sur l’immigration et l’islam. Le polémiste d'extrême droite a fait de cette vision ethniciste de la nation le point central de sa candidature aux présidentielles.

Sans surprise donc, Zemmour n'a pas oublié de faire appel à sa réthorique sur l'immigration lors de son allocution du meeting de Villepinte.

«Dès la rentrée prochaine, nous referons de l’école l’instrument de l’assimilation à la française et nous chasserons des classes de nos enfants le pédagogisme, l’islamo-gauchisme, et l’idéologie LGBT»

«Dès les premières semaines de mon mandat, l’immigration zéro deviendra un objectif clair de notre politique. Avant l’été prochain, je veux :

  • Limiter le droit d’asile à une poignée d’individus chaque année pour redonner son sens à ce droit dévoyé
  • Exiger que les demandes d’asile soient formulées dans nos consulats pour éviter l’installation des déboutés qui ne repartent jamais
  • Supprimer le droit au regroupement familial et réduire drastiquement l’immigration familiale.
  • Opérer une meilleure sélection des étudiants étrangers et poser le principe de leur retour à la fin de leurs études
  • Démanteler les filières d’immigration clandestine,
  • Mettre hors d’état de nuire les associations qui ramènent ces migrants en Europe.»

Macron, adolescent et mannequin de plastique

Le candidat d'extrême-droite à la présidentielle a violemment tancé le président français Emmanuel Macron, le qualifiant de «mannequin en plastique», d'«automate», de «masque sans visage» et d'«adolescent».

«Macron a vidé de leur substance notre économie, notre identité, notre culture, notre liberté, notre énergie, nos espoirs, nos existences. Il a tout vidé, parce qu’il est à lui tout seul le grand vide, le gouffre.» a lancé Eric Zemmour.

Et de rajouter : «En 2017, la France a élu le néant et elle est tombée dedans.

Mes amis, il est temps. Il est temps de sortir notre pays et notre peuple de ce puits sans fond.

Nous laissons dans sa vitrine ce mannequin de plastique, cet automate qui erre dans un labyrinthe de miroirs, ce masque sans visage qui défigure le nôtre.

Nous laissons cet adolescent se chercher éternellement. Nous le laissons avec son obsession pour lui-même.»

À la toute fin de son discours, Éric Zemmour a annoncé officiellement le nom de son parti : «Reconquête». 

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