«Où sont passés les élus du 8 septembre ?» s'est interrogé le journaliste Ridouane Erramdani sur sa page Facebook ce mardi matin. La réponse est vite trouvée auprès de son confrère Mustafa Elfanne qui dans un post publié sur le même réseau social, nous informe que nos «chers» élus seraient très occupés à trouver des solutions pour rentabiliser leurs investissements de campagne électorale. Elfanne, rapporte le cas d'un adjoint de la mairesse de Casablanca qui aurait fait des pieds et des mains pour se faire coopter au sein du Comité de Suivi de la Lydec. Cet élu se serait expliqué, sans sourciller, sur ses motivations :«Je veux être membre du comité de suivi de la Lydec parce que j'ai "perdu" plus d'un milliard lors de la campagne électorale du 8 septembre dernier» Sic!
Si le silence du Chef de gouvernement et de ses ministres devient assourdissant et inquiétant après un démarrage catastrophique de leur mandat, les têtes se tournent désormais vers les élus qui à part quelques interventions clownesques au parlement se sont terrés dans un silence coupable et suspect.
Après les premiers dysfonctionnements de la majorité gouvernementale qui ont poussé Aziz Akhannouch à imposer un «pacte politique et morale» pour reprendre le contrôle du navire qui commençait à prendre de l'eau, le feu de la discorde se déclare au sein du Conseil de ville de Casablanca.
Selon le journaliste Mustapha Elfanne, la plus grande agglomération du Maroc est devenue otage de l'alliance tripartite composée du RNI, du PAM et du PI. Un réseau d'influence tentaculaires dont certains membres seraient étrangers au Conseil de la ville.
Le journaliste impute cette situation à la faiblesse et l'inexpérience de la mairesse et de son proche entourage qui selon ses termes, «ne connaissent rien aux affaires locales ou nationales».
Mustapha Elfanne enfonce le clou : «L'ordre du jour des réunions du bureau du Conseil de la ville est souvent discuté dans des salons fermés et des villas spacieuses à l'insu même des membres du bureau du Conseil et peut-être même de la Mairesse de la ville».
De plus, parait-il, que la gestion des affaires locales à Casablanca serait entre les mains d'une personne qui ne ferait pas partie de l'alliance partisane RNI-PAM-PI et qui cumulerait :
- L'administration et la gestion de trois provinces,
- Plusieurs importants mandats du Conseil municipal,
- Membre du Conseil préfectoral de Casablanca,
- Membre de l'Etablissement de Coopération intercommunale,
- Membre du Comité de Suivi de la Gestion Déléguée,
- Siège au parlement.
Un cumul de responsabilité qui contraste avec les 11 conseillers municipaux qui ne disposerait d'aucun mandat, précise le journaliste.
Elfanne ne va pas aller de main morte pour qualifier cette anomalie au sein du Conseil de ville de Casablanca : «Cette personne a une longue expérience dans la gestion locale et maitriserait les mystères qui conduisent tout élu à s'enrichir rapidement».
D'après le journaliste, le combat de coqs entre membre de l'alliance RNI, PAM et PI a pris des tournures grotesques. Des preuves de sorcellerie auraient même été découvertes dans un bureau d'un conseiller de la ville.
Être membre du comité de suivi de Lydec représenterait une manne d'argent aux élus
«Les préparatifs vont de bon train pour la signature d'un pacte d'honneur entre la majorité du Conseil de la ville de Casablanca conduite par le RNI. Une charte qui vise à contenir les critiques que se renvoient les élus de ces partis, que ce soit au sein du Conseil de la Ville que lors des rencontres privés» écrit ElFanne sur sa page Facebook.
Le journaliste précise que ce pacte tripartite devrait être signé par la mairesse Nabila Rmili du RNI, Said Naciri du PAM et Hussein Nasrallah ou Moulay Ahmed Afilal du Parti de l'Istiqlal.
Cette charte qui serait en cours d'élaboration aurait eu le « feu vert » des secrétaires généraux des partis concernés.
Commentant cette information, Elfanne s'est interrogé sur la pertinence de ce pacte alors que la Mairesse aurait délégué une large partie de ses responsabilités à un élu ne faisant même pas partie de l'alliance suscitée.
Lequel élu, dont son pouvoir n'a cessé d'accroitre, aurait remué ciel et terre pour obtenir un siège au sacro-saint Comité de Suivi de la gestion déléguée, organe de gouvernance de la Lydec chapeauté par la présidente de la commune de Casablanca, Nabila Rmili.
Interrogé sur ses motivations de s'être autant démêlé pour avoir son siège au sein du Comité de suivi de la Lydec, l'homme fort du Conseil de ville de Casablanca n'aurait pas sourcillé en avouant : « J'ai perdu plus d'un milliard lors de la campagne électorale du 8 septembre dernier»!
A plusieurs reprises, la Cours des compte de Driss Jettou a épinglé la défaillance du Comité de suivi de la Lydec. En 2014, la Cours avait écrit explicitement que « Le comité de suivi chapeauté par le président de la commune urbaine de Casablanca n’assure pas pleinement ses missions. La situation est telle que l’hétérogénéité des représentants de l’autorité déléguante, constitués des élus de différentes communes ne permet pas à l’autorité déléguante de détenir un pouvoir prépondérant face aux représentants du délégataire, constitués d’agents de Lydec qui ont l’obligation de mettre en œuvre les directives de leur hiérarchie.»
Tenant compte des aveux de notre élu rapporté par Mustapha Elfanne, on vient à la conclusion que rien n'a été fait depuis le rapport alarmant de Driss Jettou et que rien n'indique que le gouvernement s'investi suffisamment dans la moralisation et la transparence de la vie publique.