Des rumeurs persistantes font état d'un éventuel départ du Maroc de l'opérateur télécom français Orange. Raison évoquée, la dégradation des relations en Rabat et Paris.
«Autrefois la France jouait avec les gouvernements locaux (Afrique de l'Ouest, ndlr) comme on jouait avec des cubes. Depuis, elle a perdu la main, l'envie et le savoir-faire» affirme Vincent Hervouet, Chef du service « Étranger » de LCI.
Au Maroc, le constat est le même. L'Etat français a perdu la main, l'envie et le savoir-faire de coopérer en intelligence avec le Royaume, devenu libre et émancipé des derniers résidus nocifs du diktat colonial.
Les dossiers qui fâchent s'empilent: les tergiversations de l'Elysée sur le Sahara marocain, le rapprochement sécuritaire et militaire entre Rabat et Tel-Aviv, la crise silencieuse de l'affaire Pegasus, l'accueil et la médiatisation de Youtubeurs marocains, le ralliement du Maroc à l'alliance américaine et anti-française «Africa Focus Group», la basse attaque du Magazine Elle proche de Brigitte Macron, le soutien du Maroc au gouvernement de transition malien et la tentative de manipulation judiciaire du parquet français du décès de la touriste française à Tiznit.
Jamais les relations entre le Maroc et la France ne se sont aussi dégradée. La seule variante dans l'histoire est le déclassement de la France en Afrique et un manque de lucidité d'une intelligentsia française dépassée et sans repères.
Si l'Elysée tente de faire pression sur le Maroc en retirant ses investissements du pays notamment Orange, le Royaume n'en sera que très satisfait. Nos champions nationaux n'attendaient que cette opportunité pour se développer davantage. Dan sa folie, Emmanuel Macron est bien capable à quelques mois de la fin de son mandat, et pour avoir le contrôle de l'opérateur téléphonique, de provoquer un effet de boule de neige avec la «Trafalgar posthume» pour Bernard Tapie poussant à la démission le président d'Orange Stéphane Richard, éclaboussé.
La politique de la terre brulée de la France de Macron
Emmanuel Macron se venge de l'échec de sa strategie du maintien par la force de l'influence française en Afrique de l'Ouest en optant pour la stratégie de la terre brûlée, chère à l'Allemagne nazie.
En retirant subitement ses troupes du Sahel, Emmanuel a déclenché une réaction en chaîne dans les trois pays les plus fragiles de la région, le Tchad, le Mali et tout récemment le Burkina Faso.
Au Burkina, le crime est signé. Le président malien Roch Marc Christian Kaboré s'est fait renversé, arrêté et retenu par des putschistes dont le Chef a fait l'École de Guerre à Paris, au moment où les forces spéciales françaises étaient basées à l'aéroport de Ouagadougou. Et LeMonde de fêter l'opération en titrant : «Au Burkina Faso, un coup d’état militaire salué par la rue».
«Ce coup d'Etat au Burkina Faso montre l'étendue de son échec, d'abord la multiplication des coups d'Etats au Sahel enterrent tous les discours sur la bonne gouvernance, l'Etat de droit qu'on répète comme des perroquets depuis Mitterand», fustige Vincent Hervouet.
Le colonisateur français qui sommeille dans l'appareil d'Etat français, ne supporte pas cette vague continentale et populaire anti-française. Au Mali, le Chef de la junte au pouvoir a réussi à fissurer le blocus international sur son pays, en organisant des manifestations monstres nourries par un sentiment anti-français largement partagé. En Centrafrique et au Burkina, le phénomène, s'amplifie. Paris cris à la manipulation russe.
«Contre les putschistes maliens, Paris avait tendu un cordon sanitaire. Les frontières sont bouclées, l'Union africaine et la CEDEAO ont pris des sanctions, ça n'a pas dissuadés leurs camarades du Burkina d'en faire autant.» souligne M.Hervouet.
Et de poursuivre, «Au Sahel, La France est embourbée. Elle n'a pas empêché la contagion du Jihad, la contagion du putsch. Son aide n'a pas consolider des États fragiles, c'est même le contraire».
«Le monde a bien changé. A force d'enterrer la Françafrique, elle est bien morte est enterrée», Conclut -il.