La Russie a déployé plus de 12 000 combattants tchétchènes impitoyables et aguerris en Ukraine, dont certains font partie des troupes d'élite du Spetsnaz, pour décapiter le gouvernement ukrainien barricadé à Kiev.
Les premiers groupes de combattants tchétchènes ont été vus hier, jeudi 24 février, aux alentours de la capitale Kiev, faisant la prière dans une clairière d'une forêt. Le président tchétchène Ramzan Kadyrov a confirmé l'information en publiant la vidéo de ce rassemblent des combattants du bataillon «Sud».
Et pour annoncer son engagement auprès de Poutine dans sa guerre en Ukraine, Kadyrov publie dans la foulée une photo de sa rencontre, le jeudi 24 février, avec le commandant de la Garde nationale russe (Rosgvardia) Viktor Zolotov.
Le président tchétchène a profité de son passage à Moscou pour tenir une réunion de travail avec le premier ministre pakistanais, Imran Khan, qui effectuait une visite officielle au Kremlin. Ce dernier a été reçu par Vladimir Poutine, le jour même du lancement de l'opération militaire en Ukraine.
L'image des combattants tchétchènes priant aux portes de Kiev a suscité une vague d'inquiétude en Ukraine mais également en Europe. Tour le monde se rappelle leur arrivée en Géorgie en 2008 aux côtés des forces russes provoquant la fuite immédiate des soldats géorgiens.
Les médias britanniques ont largement commenté leur présence en les qualifiant d'«escadron de la mort ayant pour seul objectif assassiner les membres du gouvernements ukrainiens».
Selon le Daily Mail, ces combattants font partie de ce qui est décrit comme un «escadron de forces spéciales tchétchènes», reconnus pour être des «chasseurs». «Ils ont été lâchés en Ukraine pour détenir ou tuer une série de responsables ukrainiens spécifiques», affirme le journal.
Le quotidien ajoute que chaque soldat aurait reçu un «jeu de cartes» spécial sur lequel figuraient les photos et les descriptions des responsables ukrainiens, citant une chaîne Telegram liée aux services de sécurité de Moscou.
Le Daily Mirror, un autre journal londonien, cite le témoignage d'une source militaire britannique: «Ces forces tchétchènes sont dures, aguerries et totalement impitoyables».
Kadyrov : Douze mille Tchétchènes prêts à se déployer en Ukraine
Le président tchétchène va confirmer son soutien à Vladimir Poutine dans sa guerre en Ukraine en organisant ce vendre 25 février, un grand rassemblement de 12.000 soldats en partance à Kiev sur la grande place de la capitale Grozny.
«Des milliers d'hommes de Tchétchénie sont prêts à offrir leur aide aux forces armées russes», a promis Ramzan Kadyrov, devant les caméras de la presse, alors que l'armée de Moscou a entamé le deuxième jour de son attaque contre l'Ukraine.
«Ce sont des volontaires qui sont prêts à partir pour n'importe quelle opération spéciale à tout moment afin de sécuriser notre État et notre peuple», poursuit Kadyrov à la publication, ajoutant qu'aucune troupe ne serait déployée tant que le «commandant suprême en chef» Poutine n'aurait pas donné son feu vert.
Selon le ministre tchétchène de la politique nationale, Akhmed Dudayev, l'objectif du rassemblement était de montrer à quel point les troupes étaient prêtes à suivre les ordres et à défendre leur patrie.
«Il s'agissait d'un contrôle du personnel», a précisé Dudayev à la presse, «un contrôle de l'état de préparation du personnel à exécuter tout ordre du commandant en chef suprême, le président du pays, Vladimir Vladimirovitch Poutine.»
Dans un discours qu'il a prononcé devant les militaires rassemblés dans le centre de Grozny, Kadyrov a exigé que le président ukrainien Volodymyr Zelensky présente ses excuses à Poutine.
« Profitant de cette occasion, je veux donner un conseil à l'actuel président Zelensky afin qu'il appelle notre président, le commandant suprême Vladimir Vladimirovitch Poutine, et s'excuse de ne pas l'avoir fait plus tôt. Faites-le pour sauver l'Ukraine. Demandez-lui pardon et acceptez toutes les conditions que la Russie propose. Ce sera pour lui la démarche la plus correcte et la plus patriotique», a déclaré le dirigeant tchétchène.
Plus tard dans la journée plusieurs vidéos et images publiés sur les réseaux sociaux et sur Telegram, ont montré des forces tchétchènes se déplacent dans des véhicules portant le marquage «V» afin de les distinguer des forces ukrainiennes qui, dans de nombreux cas, utilisent des équipements militaires similaires.
Il est à noter qu'une série de symboles ont été repérés sur des véhicules russes. De nombreux véhicules portant le symbole Z ont été vus à Belgorod, en Russie, qui se trouve à moins de 30 km de la frontière ukrainienne.
Parmi les autres symboles figurent un triangle avec deux lignes de chaque côté, un cercle avec trois points à l'intérieur et un petit triangle à l'intérieur d'un plus grand triangle.
Les experts pensent que ces symboles pourraient servir à identifier la destination d'un lot particulier de véhicules.
Moscou a lancé une «opération militaire spéciale» en Ukraine aux premières heures de la matinée de jeudi, dans le but de démilitariser et de "dé-nazifier" le pays, après avoir affirmé que le gouvernement de Kiev était responsable de huit années de génocide dans la région du Donbas, déchirée par la guerre.
Alors que le deuxième jour de l'offensive touche à sa fin, une grande partie de l'armée ukrainienne a été paralysée, les aéroports, les centres de communication, les infrastructures de défense et les bases militaires ayant été endommagés par une série de frappes aériennes russes.
Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que Kiev avait «disparu» après avoir choisi Varsovie comme lieu de négociation avec Moscou.
«Zelensky a déclaré qu'il était prêt à discuter du statut de neutralité de l'Ukraine. Initialement, Poutine a dit que le but de l'opération était d'aider les républiques populaires de Lougansk et de Donetsk, notamment par la démilitarisation et la dénazification de l'Ukraine. Et ceci, en fait, est une composante intégrale du statut neutre», a expliqué Peskov.
La méthode Crimée n'a pas fonctionné en Ukraine
D'après les messages publiés sur les chaines Telegram des services de sécurités russe, le bila de la nuit du jeudi à vendredi a démontré que la stratégie utilisée pour mettre la main sur la Crimée n'a pas fonctionné en Ukraine. Vladimir Poutine ne voulait pas une guerre éclair et une capitulation rapide du gouvernement de Kiev sans effusion de sang.
Mais la resistance des ukrainiens infligeant des pertes humaines et matériels non négligeables font levé des voix pour un durcissement de l'attaque russes en utilisant des avions de chasses et de l'armement plus destructeur.
Le déploiement des forces tchétchènes s'inscrit dans le cadre de ce durcissement. L'escadron des forces spéciales tchétchènes est l'une des unités renégates les plus meurtrières que la Russie puisse déployer sur la ligne de front pour prendre Kiev.
«Ils sont susceptibles d'avoir peu de considération pour les vies civiles alors qu'ils se concentrent sur leur mission», commente une source militaire..
Il y aurait désormais plus de 200 000 soldats russes en Ukraine, alors que des vagues de chars de Moscou se déversent dans la région en guise de renforts.
Jusqu'à présent, la presse occidentale parle de plus de 2 800 soldats russes tués par la résistance ukrainienne. Cependant,les forces spéciales de Moscou sont déjà à l'intérieur de la capitale.
La bataille pour les villes ukrainiennes est sur le point de se transformer en une insurrection sanglante, car des civils, hommes et femmes, ont reçu des armes à feu pour défendre leur patrie. De plus, le ministère de l'intérieur a décrété la nuit du jeudi au vendredi, dans le cadre de la loi martiale, que les hommes âgés de 18 à 60 ans ne pouvaient pas quitter le pays et ont été appelés à résister à l'assaut russe alors que l'aéroport de Kiev est tombé aux mains des forces de Moscou. L'armée russe a déclaré avoir saisi un aéroport stratégique juste à l'extérieur de Kiev et coupé la ville de l'ouest. Une information confirmée par le président ukrainien lui-même dans une allocution télévisée accusant un groupe d'espions et de saboteurs russes vus dans un quartier de Kiev, à environ cinq kilomètres au nord du centre.
D'ailleurs, dès l'aube du vendredi, des explosions ont retenti à Kiev et des coups de feu ont ensuite été entendus près du quartier gouvernemental. Sachant que les soldats ukrainiens ont établi des positions défensives aux ponts et des véhicules blindés ont roulé dans les rues.
Décapiter le gouvernement
Selon des rapports de services de renseignement britanniques confirmés pat le président ukrainien Volodymyr Zelensky, Poutine souhaite décapiter le gouvernement ukrainien pour mettre fin prendre le contrôle du pays. Zelensky a admis être la «cible numéro un» des assassins russes dans sa capitale, tandis que sa famille est «l'objectif numéro deux» des tueurs à gages de Poutine.
Sur les messages Telegram, un seul nom est publiquement annoncé comme cible des forces russes à capturer vivant. Il s'agit de l'ancien premier ministre ukrainien, Oleksandr Turchynov, que Moscou souhaite poursuivre pour crimes de guerre et pour avoir été responsable de l'éclatement de la guerre au Donbas.
L'ancien acteur et humoriste de 44 ans a insisté sur le fait qu'il était resté à Kiev et a exhorté ses concitoyens à rester forts. Il a déclaré qu'il parlait depuis Kiev mais que l'élégance du palais présidentiel avait disparu depuis longtemps : Zelensky, dans son t-shirt vert olive, semblait parler depuis un bunker.