Les images de la réunion présidée par le Roi Mohammed VI, ce mardi au Palais Royal de Rabat, montrent le souverain interpellant la ministre Leila Benali sur l'état d'avancement des divers chantiers des énergies renouvelables. La jeune ministre, sur laquelle pesaient les regards du Conseiller Royal Fouad Ali El Himma et du ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit, a reçu les ordres pressants du Roi pour accélérer la réalisation du projet Noor Midelt et d’élaborer, dans les meilleurs délais, une «Offre Maroc» opérationnelle et incitative, de la filière de l’hydrogène vert.
Baptême de feu pour la jeune ministre de la transition énergétique et du développement durable, ce mardi 22 novembre. Leila Benali a dû assumer devant le Roi Mohammed VI, le retard pris par son gouvernement et son département dans la mise en oeuvre des différents projets des EnR.
Cela c'est passé lors d'une réunion présidée par le souverain au Palais Royal de Rabat, marquée par l'absence de l'un des premiers pollueurs du royaume, Aziz Akhannouch, propriétaire de la compagnie pétrolière Afriquia Gaz, contaminé par le Covid, et du président de Masen, Mustapha Bakkoury, apparement toujours en disgrâce.
Assise aux cotés du Conseiller royal Fouad Ali El Himma, Leila Benali avait à sa gauche, Abderrahim El Hafidi, Directeur général de l'ONEE, dernière personne qui la sauverait de la noyade. En face, outre le visage placide de la ministre l'économie Nadia Fettah, le regard inquisiteur du ministre de l'Intérieur, le gardien du temple et sentinelle contre tout risque de délestage, rajoutait davantage de pression sur les épaules de la ministre, visiblement intimidée par la présence du Roi.
Les caméras de la SNRT montrent des images où la ministre est interpelée par le souverain et celles où elle lisait studieusement son rapport, sans regarder l'assistance. Tout porte à croire que l'exercice n'était pas simple pour la ministre.
Noor Midelt
Selon le communiqué du Cabinet royal publiée sur la MAP, cette réunion de travail présidée par le Roi Mohammed VI a été consacrée au développement des énergies renouvelables et aux nouvelles perspectives dans ce domaine.
Elle s’inscrit dans le cadre du suivi régulier par le Souverain des objectifs stratégiques que le Royaume s’est fixés en matière de développement à grande échelle des énergies renouvelables, notamment celui de porter la part de ces énergies à plus de 52% du mix électrique national à l’horizon 2030.
Suite à l'exposé fait par Leila Benali, le Roi Mohammed VI a donné ses hautes directives en vue d’accélérer le développement des énergies renouvelables, notamment les énergies solaire et éolienne.
«En construisant sur ses avancées, le Maroc devrait accélérer le déploiement des énergies renouvelables afin de renforcer sa souveraineté énergétique, réduire les coûts de l’énergie et se positionner dans l’économie décarbonée dans les décennies à venir», souligne le communiqué.
A cet égard, le souverain a demandé d’accélérer la réalisation des trois projets d’énergie solaire Noor Midelt.
Pour rappel, les projets Noor Midelt ont été affecté par l'annonce des résultats décevants du bilan des centrales Noor I, II et III de Ouarzazate. Lesquels résultats ont été révélés par un rapport du CESE en juillet 2020, faisant état de pertes annuelles de MASEN dépassant les 800 millions de dirhams.
Alors que la première phase du projet Noor Midelt a été lancée en 2018 et devrait entrer en service cette année, Noor Midelt 2 accuse un retard de 3 ans.
L'appel d'offre de Noor Midelt II a été rendu public le 23 mai 2019. Il a été remporté par un consortium composé de EDF Renouvelables (France), Masdar (Emirats Arabes Unis) et Green of Africa (Maroc).
Les choix technologiques et les tarifs préférentiels pratiqués par Masen seraient la cause des déficits de l'agence. Les réajustements seront ainsi opérés sur les stations de Midelt notamment par la combination de l'énergie thermo-solaire (CSP) et photovoltaique (PV).
Instructions royales : élaborer une «Offre Maroc» opérationnelle et incitative de l’hydrogène vert
Le communiqué du Cabinet Royal précise par ailleurs, que le Roi Mohammed VI a également ordonné lors de cette réunion, l'élaboration dans les meilleurs délais d'une «Offre Maroc» opérationnelle et incitative, couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur de la filière de l’hydrogène vert au Maroc. Elle devrait comprendre, outre le cadre réglementaire et institutionnel, le schéma des infrastructures nécessaires.
Une offre qui aura pour objectif de placer le Maroc dans le club des pays à fort potentiel dans la filière émergente de l’hydrogène vert et de ses usages et répondre aux multiples projets portés par des investisseurs et leaders mondiaux.
La COP27 a mis à nu l'inertie du gouvernement Akhannouch
On l'a vu dans la diplomatie, on le voit aujourd'hui dans les EnR, sans la pression du Roi Mohammed VI le gouvernement Akhannouch ne bouge pas d'un iota.
Si on a perd jour après jour les points arrachés par le souverain sur le plan diplomatique, la COP27 de Charm el-Cheikh nous alerte des risques de perte du leadership du Royaume sur les énergies renouvelables.
Les chiffres d'investissement dans la transition énergétique annoncés par l'Egypte et l'Afrique du Sud lors de cette conférence sur le climat sont faramineux.
L'Afrique du Sud s'est fixé pour objectif d'attirer jusqu'à 250 milliards de dollars dans son industrie naissante de l'hydrogène vert d'ici 2050, afin de «tirer parti des abondantes sources d'énergie solaire et éolienne». Une industrie qui pourrait créer 1,4 million d'emplois et générer jusqu'à 30 milliards de dollars de revenus annuels d'ici 2050.
Pour sa part, la zone économique égyptienne du canal de Suez a signé des accords sur l'énergie verte d'une valeur de 83 milliards de dollars durant la Cop27. Ces accords ont dépassé les attentes de la zone économique, qui n'espérait que 25 milliards de dollars.
L'Égypte a en effet, signé neuf accords-cadres avec des compagnies d'électricité internationales pour des installations d'hydrogène vert et d'ammoniac dans la zone économique le long de la mer Rouge.
Ces installations produiraient collectivement jusqu'à 7,6 millions de tonnes d'ammoniac vert et 2,7 millions de tonnes d'hydrogène par an.
L'Afrique pourrait s'emparer de 10 % du marché mondial de l'hydrogène vert
Les Émirats arabes unis sont les premiers partenaires d'Al-Sissi pour mener ces projets. Masdar, société d'Abu Dhabi spécialisée dans les énergies propres, et AMEA Power, basée à Dubaï ont été mis à contribution.
Il faudra attendre 2035 pour que tous les projets soient opérationnels permettant à l'Égypte de réaliser son ambition de devenir un centre d'hydrogène vert.
Environ 20 % des 83 milliards de dollars sont des investissements «en espèces», tandis que 80 % seront sous forme de transfert de technologie.
L'Égypte souhaite que 42 % de son énergie provienne de sources renouvelables d'ici 2035, contre 11 % environ en 2019.
L'Afrique pourrait s'emparer de 10 % du marché mondial de l'hydrogène vert d'ici 2050, car la demande de carburant plus propre continue de croître dans le cadre des efforts de décarbonisation.
Hydrogène vert marocain : Plus 90 millards de dollars d'investissement à horizon 2030 selon les estimations du gouvernement Saad Dine El Otmani
Un rapport «Feuille de route de l'hydrogène vert», publié en janvier 2021 par le gouvernement Saad Dine El Othmani, estimait l'investissement cumulé nécessaire au développement de la filière de l'hydrogène vert au Maroc, entre 90 milliards de dirhams à l’horizon de 2030 et 760 milliards de dirhams à l’horizon de 2050.
«En raison de sa situation géographique optimale et de ses ressources exceptionnelles en énergies renouvelables, le Maroc peut devenir un acteur clé du développement de la filière de l’hydrogène vert au niveau régional et peut capter jusqu’à 4% de la demande mondiale en molécules vertes», citait le rapport..
«L’Objectif est de positionner le Maroc dès aujourd’hui sur l’hydrogène vert en tant que solution technologique de conversion et de stockage d’énergie, à l’instar du Japon, de l’Allemagne, de la France, du Danemark, de l’Espagne...» soulignait la même source.