Le ministre saoudien des affaires étrangères est arrivé ce mardi 18 avril à Damas où il a rencontré le président syrien Bachar al-Assad. Il s'agit de la première visite du genre d'un haut responsable saoudien en Syrie depuis le début de la guerre civile en 2011.
Le ministre saoudien des affaires étrangères a rencontré, ce mardi, le président Bachar al-Assad à Damas, alors que les pays de la région restent très divisés sur la perspective d'une réadmission de la Syrie au sein de la Ligue arabe.
Le voyage du prince Faisal bin Farhan en Syrie mardi est le premier du genre d'un ministre saoudien des affaires étrangères depuis 2011, lorsque la répression du régime d'Assad contre les manifestants a déclenché une guerre civile sanglante et entraîné la suspension du pays de l'organisation panarabe.
Le ministère saoudien des affaires étrangères a indiqué dans un communiqué que le prince Faisal bin Farhan et Bachar al-Assad avaient discuté des mesures à prendre en vue d'une résolution politique en Syrie «qui contribuerait au retour de la Syrie dans son environnement arabe et créerait les conditions nécessaires au retour des millions de Syriens qui ont fui la guerre».
Selon un communiqué de la présidence syrienne, le prince Faisal a déclaré à Bachar Assad que «la période à venir exige que les relations entre la Syrie et les pays arabes frères reviennent à leur état normal».
La visite du Chef de la diplomatie saoudien en Syrie a eu lieu quelques jours après que les ministres arabes se soient réunis en Arabie saoudite pour débattre de la normalisation avec al-Assad, certains pays, dont le Qatar, la Jordanie et le Koweït, s'y opposent. L'Arabie saoudite avait prévu d'inviter Bachar al-Assad à un sommet de la Ligue arabe le mois prochain, mais la réunion de vendredi a laissé planer le doute.
L'un des points d'achoppement était la drogue de synthèse Captagon, une amphétamine très addictive dont le commerce est devenu une source de revenus pour le régime Assad, acheminée vers l'Arabie saoudite et la Jordanie.
Les Émirats arabes unis, qui ont rétabli leurs relations avec Damas à la fin de l'année 2018, ont pris la tête des efforts visant à réintégrer Damas dans le giron arabe.
L'Arabie saoudite a rompu ses liens avec le gouvernement d'Al-Assad en 2012 et Riyad a longtemps soutenu ouvertement l'éviction d'Al-Assad, en soutenant les rebelles syriens dans les premières phases de la guerre. Mais le président syrien a depuis repris le contrôle d'une grande partie du pays avec le soutien militaire de la Russie et de l'Iran, et a réduit son ostracisme régional en se rendant aux Émirats arabes unis et à Oman en 2022 et 2023.
Il est à rappeler que le ministre syrien des affaires étrangères s'est rendu ce mois-ci en Algérie et en Tunisie, après s'être rendu en Arabie saoudite et en Égypte, dans le cadre d'une offensive diplomatique.
La Syrie compte également rouvrir sa mission diplomatique en Tunisie et y nommer un ambassadeur, à la suite d'une décision similaire annoncée par la Tunisie.
Tremblement de terre
Le tremblement de terre meurtrier en Turquie et en Syrie en février a contribué à accélérer le rapprochement avec al-Assad. Ce rapprochement s'inscrit également dans le cadre d'une détente plus large entre l'Arabie saoudite et l'Iran, qui ont accepté cette année de normaliser leurs relations diplomatiques sous l'égide de la Chine.
Lors d'un voyage à Moscou le mois dernier, Bachar al-Assad a déclaré à la chaîne Russia Today que «la Syrie n'est plus le théâtre d'un conflit entre l'Arabie saoudite et l'Iran».
La guerre en Syrie a fait plus d'un demi-million de personnes, tandis qu'environ la moitié de la population d'avant-guerre a été chassée de chez elle.