Les Turcs ont fini de voter à l'occasion de l'une des élections les plus importantes de l'histoire centenaire du pays. Une course qui pourrait mettre fin aux 20 ans de règne du président Tayyip Erdogan et avoir des répercussions bien au-delà des frontières de la Turquie.
Les bureaux de vote, où les électeurs ont choisi leur président et leur député, ont fermé à 17 heures, heure locale (14 heures GMT).
Les bureaux de vote ont fermé dimanche en Turquie, où le président Recep Tayyip Erdogan, qui dirige depuis 20 ans ce pays membre de l'OTAN en proie à la tourmente économique et à l'érosion des contrôles et des équilibres démocratiques, a été mis en péril par un candidat de l'opposition qui l'a fortement contesté.
Le vote a commencé à 8 heures (05:00 GMT) et les bureaux de vote ont fermé à 17 heures (14:00 GMT). En vertu de la coutume électorale turque, les organisations de presse ne sont pas autorisées à publier des résultats partiels jusqu'à ce qu'un embargo soit levé à 21 heures (18:00 GMT). Il n'y a pas de sondages de sortie des urnes.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan est confronté au plus grand défi politique de sa carrière après que des millions de personnes ont voté dimanche lors d'élections cruciales qui pourraient remodeler les politiques intérieure et étrangère du pays.
Les élections présidentielles et législatives ont eu lieu trois mois après que des tremblements de terre dévastateurs ont tué plus de 50 000 personnes dans le sud de la Turquie, et constituaient à bien des égards un référendum sur les deux décennies pendant lesquelles M. Erdogan a été le principal homme politique du pays. La course de M. Erdogan a été extrêmement serrée, en grande partie à cause de la colère suscitée par l'état de l'économie et des inquiétudes de nombreux électeurs qui lui reprochent d'avoir poussé le pays vers un régime unipersonnel.
Les résultats préliminaires de l'élection présidentielle sont attendus dimanche soir, et ceux de l'élection parlementaire lundi.
Le principal adversaire de M. Erdogan, Kemal Kilicdaroglu, représente une coalition de six partis d'opposition et s'est engagé à soutenir l'économie et à restaurer la démocratie en Turquie. Les derniers sondages montrent que M. Kilicdaroglu détient une légère avance, malgré le fait que M. Erdogan ait puisé dans les ressources de l'État pour tenter de faire basculer la compétition.
Le vainqueur tracera la voie à suivre pour ce pays de 84 millions d'habitants, membre de l'OTAN, dont l'économie est l'une des 20 plus importantes au monde et qui entretient un large éventail de relations économiques et politiques avec l'Asie, l'Afrique, l'Europe et le Moyen-Orient.
Un troisième candidat à la présidence, Sinan Ogan, ne devrait pas remporter beaucoup de voix, mais pourrait empêcher l'un des deux principaux candidats d'obtenir la majorité, ce qui entraînerait un second tour le 28 mai.
Clés de lecture des enjeux de ses élections :
1. Erdogan, un allié problématique de l'occident
Les dirigeants du monde entier suivront la course. M. Erdogan, 69 ans, est considéré comme un partenaire problématique et souvent imprévisible de l'Occident. Bien qu'il ait condamné l'invasion de l'Ukraine par la Russie, il a intensifié les échanges commerciaux avec Moscou et entretenu des liens étroits avec le président Vladimir V. Poutine. M. Erdogan a également contrarié ses homologues de l'OTAN en entravant les efforts d'expansion de l'alliance, en retardant l'adhésion de la Finlande et en refusant toujours d'approuver l'inclusion de la Suède
2. L'économie malmenée par l'inflation
L'économie est au cœur des préoccupations de nombreux électeurs. Depuis 2018, la Turquie souffre d'une inflation douloureuse qui a dépassé 80 % par an l'année dernière, mais qui est tombée à 44 % le mois dernier, selon les chiffres du gouvernement. Cela a réduit les budgets familiaux et laissé les Turcs se sentir plus pauvres, même si l'économie a continué à croître.
4. Le tremblement de terre pèsera sur le vote
Dans la plupart des régions du sud de la Turquie, les effets des tremblements de terre de février pèsent sur le vote. L'ampleur des destructions et le nombre élevé de morts ont soulevé de vives questions : l'accent mis par M. Erdogan sur la construction pour relancer l'économie n'a-t-il pas produit des bâtiments peu sûrs ? De nombreux résidents qui ont fui la zone du tremblement de terre ont été confrontés à des difficultés pour voter, car les personnes qui n'ont pas changé d'adresse officielle ont dû retourner dans des quartiers souvent très endommagés pour voter, ce qui représente un fardeau pour de nombreux survivants.
5. Kilicdaroglu, l'inconnu
Kilicdaroglu, 74 ans, chef du plus grand parti d'opposition turc, a promis d'améliorer les relations avec l'Occident s'il est élu et de rendre la politique plus institutionnelle et moins personnelle. Mais son parti a été écarté du pouvoir si longtemps que son histoire ne fournit que peu d'indices sur la manière dont il gouvernerait aujourd'hui. Le passé de M. Kilicdaroglu non plus : Il est fonctionnaire à la retraite et a dirigé l'administration de la sécurité sociale turque.