«Gabriel Attal dans sa vie, par ses choix et son orientation sexuelle, serait un des symboles pour Emmanuel Macron de sa façon de construire sa vie.», déclaration prémonitoire du directeur de la rédaction du Figaro, Guillaume Roquette, la veille de la nomination du jeune ancien ministre de l'Éducation, nouveau premier ministre de la République française.
À 34 ans, Gabriel Attal est désormais le plus jeune premier ministre de l'histoire moderne de la France, surpassant même le socialiste Laurent Fabius qui avait 37 ans lorsqu'il a été nommé par François Mitterrand en 1984.
Attal remplace Élisabeth Borne, qui a mis fin à son supplice hier en présentant sa démission après 20 mois très difficile. Il aura désormais la tâche de diriger le gouvernement français dans d'importantes élections au Parlement européen en juin.
Il sera également le premier occupant ouvertement homosexuel de l'Hôtel Matignon. Il est en couple avec un autre protégé de Macron, le député européen Stéphane Sejourné. Ce dernier a fait ses premières armes au sein du Parti socialiste aux côtés de Dominique Strauss-Khan.
Guillaume Roquette, directeur de la rédaction du Figaro, a abordé la question de l'homosexualité de Gabriel Attal dans le contexte de sa nomination au poste de Premier Ministre. Il a évoqué que cette partie de sa vie personnelle, assumée ouvertement par Attal, pourrait être l'un des facteurs de sa sélection. Roquette a souligné que cela s'inscrit dans la vision d'Emmanuel Macron de l'émancipation et de la liberté de choix de vie.
«Il a toujours expliqué que son homosexualité faisait partie de sa vie et de ce qu'il était. C'est un des éléments parmi d'autres dans ce qui pourrait être le choix du Premier Ministre. L'un des axes d'Emmanuel Macron, c'est l'émancipation et le fait que l'on doit être libre de choisir sa vie. Et Gabriel Attal dans sa vie, par ses choix et son orientation sexuelle, serait un des symboles pour Emmanuel Macron de sa façon de construire sa vie.» a déclaré le journaliste du Figaro.
Cependant, cette approche a suscité des réactions négatives sur les réseaux sociaux, considérant comme scandaleuse l'implication de la vie privée dans le choix d'un Premier Ministre. Suite à cela, LCI a retiré un tweet et une séquence vidéo relatifs à ces commentaires controversés.
C'est Emmanuel Macron qui a annoncé la nomination de son protégé sur Twitter, louant son énergie et son engagement.
«Cher Gabriel Attal, je sais pouvoir compter sur votre énergie et votre engagement pour mettre en œuvre le projet de réarmement et de régénération que j’ai annoncé. Dans la fidélité à l’esprit de 2017 : dépassement et audace. Au service de la Nation et des Français.» a écrit le président français.
La montée de Gabriel Attal a été rapide. Il y a dix ans, il était un conseiller obscur au ministère de la santé et un membre actif des socialistes.
Après l'élection de Macron en 2017, Attal est devenu député, et c'est là que son talent de débatteur - facilement le meilleur de la nouvelle vague macroniste - l'a amené à l'attention du président.
À 29 ans, il est devenu le plus jeune ministre de la Cinquième République ; à partir de 2020, il était porte-parole du gouvernement et son visage a commencé à être reconnu par les électeurs ; après la réélection du président Macron, il a brièvement été ministre du budget puis a pris la tête de l'éducation en juillet dernier.
L'interdiction des robes abaya musulmanes dans les écoles et la campagne contre le harcèlement l'ont rendu populaire auprès de la société française de plus en plus «droitisée».
Les sondages montrent qu'il est de loin le membre le plus admiré du gouvernement Macron - rivalisant au même niveau que l'ennemie principale du président, la nationaliste Marine Le Pen et son jeune collègue Jordan Bardella.
Et là, bien sûr, est le cœur du sujet.
En choisissant Gabriel Attal parmi son groupe de ministres, Macron utilise son Joker pour surpasser la reine et son valet.
Le processus prolongé de sa nomination - tout le monde savait qu'un remaniement était en cours, mais cela a pris une éternité - montre que si le président Macron est bien conscient de la faiblesse de sa position actuelle, il a aussi été dans une profonde incertitude sur la manière de l'aborder.
Un simple porte-parole, un mini-Macron pourra-t-il réussir là où a échoué Borne, une politicienne chevronnée ?
Gabriel Attal devrait faire face à :
- une opposition de droite dure qui gagne en popularité et semble prête à gagner facilement aux élections européennes de juin ;
- une Assemblée nationale sans majorité intégrée pour le gouvernement, rendant chaque nouvelle loi un combat ;
- un président qui semble incapable de définir ce qu'il veut atteindre lors de son second mandat.
En plus de cela, le nouveau premier ministre aura un problème qui lui est propre - qui est d'établir son autorité sur des poids lourds tels que Gérald Darmanin et Bruno Le Maire.