Mohamed Jamal Lahjouji, fondateur de LC Building, une entreprise marocaine spécialisée dans la construction et les travaux publics, touche le fond. Suite au scandale de malfaçon survenu en février de l'année dernière concernant un projet réalisé pour SAR Lalla Meryem, sa réputation a été sévèrement entachée. Actuellement en prison, le magnat de l'immobilier est accusé d'avoir émis une dizaine de chèques sans provision pour un montant total dépassant les 10 millions de dirhams. Il a été arrêté dimanche par la Brigade nationale de la police judiciaire.
La lutte contre les pratiques frauduleuses dans le secteur immobilier marocain, et particulièrement à Casablanca, bat son plein. Plusieurs promoteurs immobiliers soupçonnés d’avoir arnaqué leurs clients font l’objet de poursuites judiciaires. Parmi eux, le célèbre Mohamed Boudrika, vice-président du parlement, membre du bureau politique du parti au pouvoir, le RNI, et président du club de football Raja Casablanca. Boudrika aurait pris refuge au Liban, pays d’origine de son épouse, qui ne dispose pas d’accord d’extradition avec le Maroc. Il aurait même réussi à inscrire ses enfants.
Un autre magnat du secteur, Mohamed Jamal Lahjouji, très connu dans sa profession mais inconnu du grand public, est aujourd’hui dans le collimateur de la justice. Sous le coup d’un mandat de recherche national suite à plusieurs plaintes de clients et de fournisseurs, Mohamed Jamal Lahjouji a été arrêté par la Brigade nationale de la police judiciaire ce dimanche et incarcéré mercredi à la prison d’Oukacha.
Curieuse omerta sur l’affaire
D’habitude très friande de ce type d’affaires, la presse marocaine a été étonnamment discrète dans sa couverture des scandales de LC Building. Le quotidien arabophone Assabah qui a été le premier à donner l’alerte, a pris soin de ne pas citer le nom du prévenu.
Il faut dire que Lahjouji a été impliqué dans une affaire sensible en février 2023. Le360 et Hespress ont d'ailleurs été les seuls de la place a révélé concomitamment les déboires de LC Building qui avait saccagé une résidence de SAR la princesse Lalla Meryem par de graves défauts de construction, au point de devenir impropre à l’habitation.
«LC Building a failli à tous ses engagements pour construire une résidence en conformité avec les règles de l’art et la réglementation en vigueur. Depuis l’entame des travaux, la société a multiplié les actes de malhonnêteté en construisant une demeure où des défauts de finition, des malfaçons et des non-conformités majeures la rendent impropre à l’habitation», témoignait Le360.
Et d’ajouter : «La liste des défauts de cette construction, détaillée par un bureau d’études techniques et de contrôle, dont l’avant-projet est en cours de finalisation, instruit malheureusement sur les pratiques de certaines sociétés de BTP qui livrent des bâtiments approximatifs au lieu de respecter les règles de l’art».
Hespress a enfoncé le clou en soulignant que LC Building aurait pu livrer une demeure parfaite à la princesse Lalla Meryem et ajouter cette réalisation à sa liste de références. Que nenni ! Elle a eu recours à des pratiques indignes, à l’instar d’autres sociétés de BTP qui livrent des bâtiments approximatifs à leurs clients.
«La société LC Building a ainsi livré une demeure pleine de défauts incompréhensibles tout en soutirant des montants et des honoraires importants au maître d’ouvrage», s’alarme le journal émirati.
Pas moins de 10 millions de dirhams de chèques en bois
Mohamed Jamal Lahjouji aurait été arrêté dans un restaurant chic du boulevard Rachidi à Casablanca après avoir été, semblerait-il selon les médias, en fuite pendant plusieurs jours. Présenté devant le procureur du Roi de Ain Sebaa, il a été ordonné de détention et de mise en enquête.
Les premiers rapports faisaient état d’un montant dépassant les 40 millions de dirhams de chèques sans provision émis par M. Lahjouji. Cependant, l’avocat du prévenu a contacté le journaliste Mustafa Elfanne, fondateur du site Adar pour fournir une version différente des faits. Il a affirmé que le montant des chèques incriminés ne dépassait pas 10 millions de dirhams et que son client était prêt à régler cette somme. Cependant, précise l’avocat, M. Lahjouji conteste des chèques supplémentaires d’un montant de 1,1 milliard de centimes, pour lesquels il affirme que le plaignant n’a pas fourni de preuves des services rendus à LC Building.
M. Lahjouji, en sa qualité d’actionnaire et Directeur Général de LC Building, aurait émis des chèques personnels en guise de garantie, en plus des chèques de la société, ce qui a compliqué davantage sa situation. Son avocat a expliqué que ces mesures auraient été «prises sous la menace», et que la société est maintenant engagée dans des procédures légales pour résoudre ces problèmes.
Fiche LC Building
Nom de l'entreprise: LC Building
Secteur d'activité: Construction et Travaux Publics
Siège social: Casablanca, Maroc
Date de création: 1993