Le Maroc, situé au carrefour de l'Europe, de l'Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient, aspire à devenir un centre régional d'affaires et d'industrie. Cette ambition repose sur une position géographique stratégique, une stabilité politique et une infrastructure de classe mondiale, permettant au pays de se développer comme une base manufacturière et d'exportation pour les entreprises internationales.
Le rapport du Département d'État américain de 2024 sur le climat d'investissement met en lumière ces atouts du Royaume du Maroc. Il affirme que les politiques macroéconomiques positives, la libéralisation du commerce, les incitations à l'investissement et les réformes structurelles sont des facteurs clés de succès du Maroc. Le rapport s'attarde également sur les défis auxquels le pays fait face et salue les efforts consentis pour les surmonter.
Chaque année, le Département d'État des États-Unis publie les Rapports sur le Climat d'Investissement, qui fournissent des informations sur les climats des affaires de plus de 160 pays. Ces rapports sont élaborés par des agents économiques en poste dans les ambassades et missions à travers le monde. Ils analysent diverses économies qui sont ou pourraient être des marchés pour les entreprises américaines.
Les Déclarations sur le Climat d'Investissement servent également de références pour collaborer avec les gouvernements partenaires des États-unis afin de créer des environnements d'affaires favorables, non seulement économiquement solides, mais aussi en abordant des questions de travail, de droits de l'homme, de conduite responsable des affaires et de mesures prises pour lutter contre la corruption.
Les rapports couvrent des sujets tels que : l'Ouverture à l'Investissement, les Systèmes Juridiques et Réglementaires, la Protection des Droits de Propriété Réelle et Intellectuelle, le Secteur Financier, les Entreprises d'État, la Conduite Responsable des Affaires et la Corruption.
Ce mercredi 17 juillet, le rapport sur le climat d'investissement au Maroc a été rendu public. L'ambassade américaine à Rabat a accompagné la publication de ce rapport sur X avec un commentaire élogieux :
« À la croisée de l'Europe, de l'Afrique et du Moyen-Orient, le Maroc se transforme en un centre régional d'affaires. Grâce à sa position stratégique, sa stabilité et ses infrastructures, le Royaume attire les investissements étrangers dans des secteurs comme la fabrication, les énergies renouvelables et les véhicules électriques. La nouvelle Charte de l'Investissement et les ambitieux objectifs en matière d'énergie verte soulignent l'engagement du Maroc envers la croissance économique et la durabilité. »
Voici les points clés du travail du Département d'État américain :
Politique d'investissement et réformes du Maroc
Le gouvernement marocain encourage activement l'investissement étranger, en particulier dans les secteurs d'exportation tels que la fabrication, grâce à des politiques macroéconomiques positives, la libéralisation du commerce, des incitations à l'investissement et des réformes structurelles. L'adoption en décembre 2022 de la nouvelle Charte de l'Investissement illustre cette volonté, élargissant significativement les incitations pour les investissements étrangers.
Le pays a également été retiré de la liste grise du Groupe d'Action Financière (GAFI) en 2023 suite à des réformes anti-blanchiment d'argent.
Selon le rapport 2023 de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le Maroc a été le cinquième plus grand récipiendaire d'investissements directs étrangers (IDE) en Afrique en 2022, attirant 2,1 milliards de dollars. Bien que ce chiffre représente une diminution de 6 % par rapport à 2021, il témoigne de l'attractivité continue du pays. Les principaux pays investisseurs incluent la France, les Émirats Arabes Unis, et l'Espagne. Les secteurs attirant le plus d'IDE incluent la fabrication, l'immobilier, les télécommunications, le tourisme, et l'énergie et les mines.
Les législations marocaines traitent de manière égale les entités marocaines et étrangères. Toutefois, certains secteurs, comme les transports aériens et maritimes, imposent des restrictions sur les investissements étrangers. Le Maroc garantit également le traitement national des investisseurs étrangers à travers les centres régionaux d'investissement (CRI).
Infrastructures de classe mondiale et connexions régionales
Le Maroc se positionne comme la "porte de l'Afrique", soutenu par son retour à l'Union africaine en 2017 et son adhésion à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) en 2021. L'expansion du port de Tanger Med en 2019, désormais le plus grand port d'Afrique et de la Méditerranée, connecté aux principales villes par le premier service de train à grande vitesse d'Afrique, témoignent de l'engagement du pays à améliorer ses infrastructures logistiques. Ce développement renforce la capacité du Maroc à servir de hub commercial régional.
Défis et opportunités
Néanmoins, des défis persistent. «La bureaucratie inefficace, la corruption et le rythme lent des réformes réglementaires freinent le potentiel d'investissement» souligne le rapport d'État Américain. En outre, il manque au Maroc un processus de filtrage des investissements pour les industries critiques telles que les télécommunications, les minéraux critiques et les énergies renouvelables, ce qui pourrait poser des risques pour la sécurité nationale et l'économie.
Face à ces défis, le département d’État américian recconait les efforts du Royaume pour lutter contre la corruption et ll'amélioration de l'accésà l'information. A ce titre, le raport a consacré un chappitre à l'Autorité Nationale pour la Probité, la Prévention et la Lutte contre la Corruption (INPPLC), le qualifiant d'organisme clé au Maroc, chargé d'initier, de coordonner et de superviser les politiques de prévention et de lutte contre la corruption.
Créée pour renforcer l'efficacité des efforts anti-corruption du pays, l'INPPLC joue un rôle central dans la collecte et la diffusion d'informations sur la corruption, ainsi que dans la promotion de la transparence et de la probité dans les affaires publiques, souligen le rapport. En 2021, le parlement marocain a adopté la loi n° 19-46 pour améliorer l'efficacité de l'INPPLC, établissant un cadre intégré visant à renforcer la coopération et la coordination entre les différentes parties prenantes, à criminaliser la corruption et à intensifier les efforts de prévention. Malgré ces avancées, l'application des déclarations de patrimoine par les hauts fonctionnaires reste limitée et les sanctions pour non-conformité sont rares. Néanmoins, l'INPPLC demeure un pilier essentiel dans la lutte contre la corruption au Maroc, s'efforçant de créer un environnement plus transparent et équitable pour les citoyens et les investisseurs.
Énergies renouvelables - EnRs
Le Maroc continue cependant à investir massivement dans les énergies renouvelables, visant 52 % de la capacité totale installée d'ici 2030. Les opportunités d'investissement vert incluent les réseaux intelligents, l'hydrogène vert, le stockage d'énergie et les énergies renouvelables. En 2023, le Maroc a annoncé plus de 10 milliards de dollars d'investissements pour développer une chaîne intégrée de fabrication de batteries et de production de véhicules électriques.
Arbitrage et résolution des conflits
Le Maroc est membre de la Convention pour le Règlement des Différends Relatifs aux Investissements entre États et Ressortissants d’Autres États (CIRDI) et de la Convention de New York de 1958, garantissant l'arbitrage international des litiges commerciaux.
Droits de propriété intellectuelle
Le Maroc est membre de l'Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) et a signé plusieurs accords internationaux. Le pays dispose d'un bureau dédié à la propriété industrielle et commerciale et d'un autre pour les droits d'auteur et les œuvres artistiques.
Marché financier
La Bourse de Casablanca est l'une des rares bourses de la région sans restrictions sur la participation étrangère. Elle est régulée par l'Autorité Marocaine du Marché des Capitaux et a une capitalisation boursière de 68 milliards de dollars.
Chiffres Clés tirés du rapport sur le climat des investissements au Maroc en 2024
- Investissements Directs Étrangers (IDE)
- IDE en 2022 : 2,1 milliards de dollars (baisse de 6% par rapport à 2021).
- IDE en 2021 : 2,2 milliards de dollars.
- Pic en 2018 : 3,6 milliards de dollars.
- Principaux investisseurs (2021) : France (31%), Émirats Arabes Unis (21%), Espagne (8%), États-Unis (5%).
- Secteurs Attirant le plus d'IDE (2021)
- Fabrication : 23,6% des IDE.
- Immobilier : 18,8% des IDE.
- Télécommunications : 12,1% des IDE.
- Tourisme, énergie et mines : 6,3% des IDE.
- Port Tanger-Med
- Extension du port achevée en juin 2019, faisant de Tangier-Med le plus grand port d'Afrique et de la Méditerranée.
- Capacité actuelle : 9 millions d'unités équivalentes vingt pieds (EVP).
- Capacité prévue après la troisième phase de développement : 10 millions d'EVP.
- Objectifs Énergétiques
- Capacité totale installée en énergie renouvelable prévue pour 2030 : 52%.
- Part des énergies renouvelables dans la consommation totale d'énergie en 2021 : 19,5%.
- Objectif pour 2035 : 40%.
- Investissements Annoncés en 2023
- Investissements dans la fabrication intégrée de batteries et la production de véhicules électriques : plus de 10 milliards de dollars.
- Classements et Indicateurs
- Indice de Perception de la Corruption (2022) : 94ème sur 180 pays.
- Indice Global de l'Innovation (2023) : 7ème sur 132 pays.
- Revenu National Brut par habitant (2022) : 3 670 dollars.
- Cadre Juridique et Réglementaire
- Nombre de traités d'investissement ratifiés : 72.
- Accords économiques (y compris élimination de la double imposition) : 62.
- Traités bilatéraux d'investissement (TBI) : 51 en vigueur en 2024.
- Zones de Libre-échange et Zones d'Accélération Industrielle
- Nouveau taux d'imposition pour les entreprises dans les Zones d'Accélération Industrielle : 20% (après une exonération initiale de cinq ans).
- Système Bancaire et Financier
- Prêts en cours en 2022 : 105 milliards de dollars (+7,6% par rapport à 2021).
- Prêts non performants (NPLs) : 8,3% en 2022.
- Capitalisation boursière de la Bourse de Casablanca : 68 milliards de dollars.
Le Maroc représente une destination attrayante pour les investisseurs étrangers, soutenue par des politiques favorables, des incitations généreuses et des infrastructures robustes. Toutefois, pour maximiser son potentiel, le pays devra surmonter les défis bureaucratiques et renforcer ses réformes réglementaires. En embrassant une stratégie de développement durable et en exploitant ses atouts géographiques et politiques, le Maroc est bien placé pour devenir un hub économique majeur au sein de la région, conclut le rapport.