Aux abois, l’Iran appelle le FMI à l’aide

Le président iranien Hassan Rohani a exhorté mercredi le Fonds monétaire international (FMI) à octroyer à son pays, parmi les plus touchés par le nouveau coronavirus, un prêt urgent de cinq milliards de dollars qu'il avait demandé pour lutter contre la pandémie. Téhéran n'a jamais bénéficié de l'aide du FMI depuis la chute du Shah en 1979.

«J'exhorte toutes les organisations internationales à assumer leurs responsabilités», a dit M. Rohani en conseil des ministres.

«Nous sommes un membre du FMI (...). S'il devait y avoir discrimination entre l'Iran et d'autres pour l'octroi de crédits, ni nous ni l'opinion en général ne tolèrerait cela», a-t-il encore dit dans des propos télévisés.

L'Iran avait annoncé le 12 mars en avoir appelé à la responsabilité du FMI, à qui, de manière très exceptionnelle, Téhéran dit avoir demandé de l'aide face au nouveau coronavirus.

L'économie iranienne est aux abois depuis le rétablissement des sanctions américaines après le retrait unilatéral en 2018 de Washington de l'accord international sur le programme nucléaire de Téhéran conclu trois ans plus tôt.

Et, l'administration Trump qui mène une campagne de «pression maximale» de Washington contre l'Iran, devrait vraisemblablement user du droit de veto des Etats-Unis au FMI pour bloquer l'octroi d'un crédit à Téhéran, arguant que la République islamique utiliserait les fonds à des fins militaires.

Téhéran n'a plus reçu d'aide du FMI depuis un crédit dont l'Iran a bénéficié entre 1960 et 1962, soit avant l'avènement de la République islamique en 1979, selon les données du Fonds.

«Notre banque centrale a demandé un accès immédiat» à l'instrument de financement rapide (IFR) du FMI, avait déclaré le 12 mars le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif sur Twitter.

Selon le site internet du FMI, l'IFR «offre une assistance financière rapide à tous les pays membres qui (en) ont un besoin urgent».

L'Iran affirme que le nouveau coronavirus a tué près de 4.000 personnes et atteint plus de 64.500 à travers le pays.

Mais, à l'étranger, certains s'interrogent sur les chiffres publiés par les autorités iraniennes, qu'ils soupçonnent d'être sous-estimés.

Pression maximale de l'administration Trump

«S'ils ne remplissent pas leurs obligations dans cette difficile situation, le monde les jugera différemment» a encore dit mercredi le président Rohani au sujet de l'institution financière.

Le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, a déclaré dans une interview récente que l'Iran utiliserait toute aide économique pour développer un programme nucléaire militaire et soutenir des milices en Irak que Washington accuse d'avoir mené des dizaines d'attaques contre les intérêts américains dans ce pays.

«Vous voyez comment (...) le régime est en train de traiter son peuple pendant cette énorme crise. Vous voyez comment ils continuent à dépenser l'argent», a dit Mike Pompeo dans cet entretien radio avec le journaliste conservateur américain Hugh Hewitt.

Les sanctions américaines asphyxient l'économie iranienne. Sur le papier, les biens humanitaires (médicaments, équipements médicaux notamment) échappent aux sanctions.

Mais en réalité ils sont soumis au blocus américain, les banques internationales préférant généralement refuser une transaction impliquant l'Iran, quel que soit le produit concerné, plutôt que de courir le risque de s'exposer à des représailles des Etats-Unis.

«Cela restera dans l'Histoire que la Maison Blanche est non seulement engagée dans le terrorisme économique, mais l'est désormais aussi dans le domaine de la santé», a dénoncé le président iranien.

L'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, encore parties à l'accord nucléaire, ont récemment indiqué avoir livré du matériel médical à l'Iran dans le cadre du mécanisme de troc Instex permettant de contourner les sanctions américaines, utilisé pour la première fois.

Créé en janvier 2019 par les Européens, Instex a pour but d'encourager le commerce de biens non sanctionnés.

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