La situation sanitaire reste dramatique en Europe, où la barre des 4.000 décès a été franchie jeudi en Espagne et où les hôpitaux de Londres font face à un «tsunami» de malades, mais l'OMS voit malgré tout des «signes encourageants» de ralentissement de la propagation du nouveau coronavirus sur le continent.
Face à la crise planétaire, un sommet par visioconférence, jeudi, des dirigeants des 20 pays les plus industrialisés de la planète tentera d'apporter une réponse coordonnée à la pandémie qui, selon l'ONU, «menace l'humanité entière», malgré des mesures de confinement sans précédent affectant plus de trois milliards de personnes.
Le Parlement européen consacre aussi une session spéciale à des mesures d'urgence face au coronavirus.
A Londres, les hôpitaux publics sont confrontés à un «tsunami continu» de malades graves accompagné d'une proportion "sans précédent" de personnel souffrant, a annoncé jeudi un responsable du système public de santé britannique.
Le Covid-19, apparu en Chine en décembre et qui a tué environ 20.600 personnes, "menace l'humanité entière", a averti le patron de l'ONU.
Avec les deux tiers des décès, l'Europe paie à ce stade le plus lourd tribut. Plus de 250.000 cas de nouveau coronavirus y ont été officiellement diagnostiqués en Europe, dont plus de la moitié en Italie (74.386) et en Espagne (56.188), selon un comptage réalisé par l’AFP jeudi à 12h00 GMT.
«Bien que la situation reste très préoccupante, nous commençons à voir des signes encourageants», a néanmoins déclaré jeudi le patron de la branche Europe de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), Hans Kluge.
L'augmentation du nombre de cas en Italie, pays le plus durement touché au monde avec plus de 7.500 décès, semble ralentir «mais il est encore trop tôt pour dire que la pandémie a atteint son apogée dans ce pays», a-t-il ajouté.
L'Espagne, devenu la veille le 2e pays le plus touché au monde devant la Chine en nombre de morts, a franchi jeudi la barre des 4.000 décès.
A Vertova le virus a fait plus de morts que la Seconde Guerre mondiale
A Vertova, un petit village du Nord de l'Italie, le virus a fait plus de morts que la Seconde Guerre mondiale. «C'est absurde de voir qu'en 2020 il puisse y avoir une pandémie de ce genre, pire qu'une guerre», se désole le maire, Orlando Gualdi.
«Malheureusement, il n'y a ni masques ni désinfectant dans le village», raconte Augusta Magni, une habitante de 63 ans.
Conséquence des mesures de confinement sans précédent touchant désormais plus d'un tiers de l'humanité: le monde est à l'arrêt et l'économie plonge.
Les experts s'attendent à une explosion des demandes d'allocations chômage aux Etats-Unis, dont les chiffres hebdomadaires sont attendus à 12H30 GMT.
En France, l'institut national des statistiques estime à 35% la perte d'activité économique due aux mesures de confinement.
Pour imaginer la parade, le G20, qui représente près des deux tiers de la population mondiale et les trois quarts du PIB planétaire, va préparer «une réponse globale et coordonnée à la pandémie du Covid-19 et à ses implications humaines et économiques», a promis l'Arabie saoudite qui assure la présidence tournante de l'institution.
Cette réunion en urgence intervient au lendemain de l'adoption par le Sénat américain d'un plan de soutien à l'économie américaine de 2.000 milliards de dollars aux Etats-Unis, et de l'adoption en Allemagne d'un arsenal de mesures de 1.100 milliards d'euros.
Après deux séances de gains, la Bourse de Tokyo a lourdement rechuté jeudi, sur fond de crainte d'une flambée de l'épidémie dans la capitale japonaise, dont les habitants sont invités à éviter les déplacements ce weekend, mais pas confinés.
Londres, Francfort et Paris, qui avaient repris espoirs ces deux derniers jours, ont également ouvert en baisse, effrayés par la propagation de l'épidémie, en particulier aux Etats-Unis, première économie de la planète.
C'est là qu'elle progresse le plus rapidement, avec près de 68.572 cas de Covid-19 confirmés et plus de 1.000 morts, selon un décompte de l'université Johns Hopkins.
Inquiétude et impatience
L'Afrique, mal armée pour faire face à une crise sanitaire de grande ampleur, suscite également de grandes inquiétudes avec l'apparition de premiers cas au Mali ou en Libye, des pays en guerre.
Le président américain Donald Trump ne dissimule pas son impatience de revenir à la normale, d'ici Pâques espère-t-il, pour éviter une longue récession.
Un scénario qui se précise en Chine, où l'épidémie semble endiguée.
Les restrictions drastiques imposées depuis des mois dans la province centrale de Hubei, berceau de la pandémie, ont été levées - sauf dans la capitale régionale Wuhan - provoquant embouteillages sur les routes, et ruées sur les trains et les autocars.
Mais la peur n'a pas disparu et le retour à la normale est encore loin, comme à Huanggang, une des villes les plus touchées par l'épidémie, où l'activité tourne encore au ralenti.
Dans les rues, de nombreux avertissements rappellent que l'épidémie n'est pas finie. «Se rassembler pour jouer aux cartes est un suicide», prévient ainsi une banderole.
«Même si beaucoup de choses sont rouvertes, on doit encore faire attention», explique, masque sur le visage Chen Wenjun, pharmacienne de 22 ans, en compagnie de deux amis.
La France, qui recense plus de 1.300 morts, se prépare à un «effort long». Elle a retiré ses troupes d'Irak et mis ses militaires sur le pied de guerre pour répondre à cette urgence sanitaire.
Deuxième pays le plus peuplé du monde, l'Inde (officiellement 519 cas, dont 10 mortels) a confiné à son tour mercredi ses 1,3 milliard d'habitants.
En Russie, tous les vols internationaux seront suspendus à compter de vendredi et la semaine prochaine sera chômée, le président Vladimir Poutine ayant appelé ses concitoyens à "rester à la maison", sans toutefois l'ordonner.
La mairie de Moscou a en revanche annoncé la fermeture dès samedi de tous les commerces non essentiels.