En moins de deux mois, une des figures emblématiques de la scène littéraire et philosophique marocaine, Abdallah Laroui, est annoncé mort par les réseaux sociaux puis par les médias électroniques nationaux. Et pour la deuxième fois, il a fallu une déclaration des proches de l'écrivain pour tenter d'arrêter un emballement devenu pesant.
Il est 21h00 quand les réseaux sociaux ont commencé à crépiter. Abdallah Laroui est mort. Il n'a pas fallu longtemps pour que l'information soit reprise par les médias électroniques. «Intellectuel reconnu, à la renommée mondiale, Abdallah Laroui décède à l’âge de 88 an» titre Le360 un article publié à 21h40 tapante.
Alors que les condoléances et les témoignages d’affection affluent sur Facebook, Twitter et Instagram, une voix tente de calmer la surchauffe des médias sociaux en mal de «trending topic». Il s'agit du journaliste et animateur télé, Abdellah Tourabi. «Encore une fois, en nom de Dieu, c'est honteux ce que vous faites avec cette information sur la mort de Laroui.» a-t-il publié sur son compte Facebook à 21h50.
Il faut dire que Tourabi a été à l'origine du démenti de la première fausse mort de l'historien marocain le 5 févier dernier, en prenant la peine de contacter la famille de l'intéressé.
Ce lundi 15 mars 2021, c'est encore l'animateur de l'émission phare de la chaine télé 2M, Confidence de presse, qui transmettra à ses followers le message d'un membre de la famille Laroui excédé : «Cette rumeur est devenue insupportable, Ssi Abdellah n’est même pas au courant, il est en train de regarder une vidéo tranquillement à la maison».
L'éditeur de M. Laroui, Cenre Culturel du Livre, a également réagit à cette rumeur en publiant sur sa page officielle un message à l'encontre des colporteurs des fausses informations : « Que Dieu vous pardonne, Dr Abdallah Laroui est en
bonne santé, que Dieu prolonge sa vie. Arrêtez vos allégations»
Quand Zola s'inquiétait de la surexcitation nerveuse du journalisme
En 1888, Emile Zola a choisi pour la préface de «La Morasse, nouvelles», un ouvrage publié par les secrétaires de rédaction des principaux journaux de Paris, une étude sur le journalisme contemporain. Un sujet plus que jamais d'actualité.
Mon inquiétude unique devant le journalisme actuel, écrivait Emile Zola, «c'est l'état de surexcitation nerveuse dans lequel il tient la nation. Et ici je sors un instant du domaine littéraire, il s'agit d'un fait social. Aujourd'hui, remarquez quelle importance démesurée prend le moindre fait. Des centaines de journaux le publient à la fois, le commentent, l'amplifient».
Si l'écrivain avait vécu dans l'ère des réseaux sociaux, il n'aurait, sans aucun doute, pas hésiter à dégainer une seconde fois son célèbre «J'accuse» à l'endroit des tweets et des posts.
La deuxième fausse mort d'Abdallah Laroui vient nous rappeler la nécessité des professionnels de l'information mais également de tout citoyen, de tourner ses dix doigts, au moins sept fois avant d'interagir avec les feeds d'actualité qui ne cesseront de s'accélérer.
Pour le moment, il nous reste la MAP, source ultime de l'information officielle vérifiée.
a qui profite la rumeur? on ne *tue* pas quelqu’un 2 fois de suite sans raison
particuliere
le journalisme du clic et du biz ont encore de beaux jours devant eux….
hélas!!!!