Lors d'une conférence de presse sur les questions internationales, tenue ce jeudi 10 juin, le président français Emmanuel Macron a évoqué la «transformation profonde» de la présence militaire française au Sahel.
Une semaine après l'annonce de l'arrêt de la coopération militaire bilatérale entre le France et le Mali, Emmanuel Macron a annoncé «la fin de l'opération Barkhane en tant qu'opération extérieure pour permettre une opération d'appui, de soutien et de coopération aux armées des pays de la région qui le souhaitent». Les modalités exactes et le calendrier de cette transformation seront présentés dans un premier temps lors d'un rassemblement de la coalition au Sahel, qui doit «se réunir très prochainement», selon le président français.
Emmanuel Macron devrait probablement communiquer à nouveau sur ce sujet avant la fin du mois de juin.
«La poursuite de notre engagement au Sahel ne se fera pas dans un cadre constant», a expliqué Macron en annonçant une «transformation profonde de la présence militaire de la France» dans la région.
«La présence durable dans le cadre d'opérations extérieures de la France ne peut pas se substituer au retour de l'Etat et des services de l'Etat à la stabilité politique et au choix des Etats souverains», a également déclaré le président français.
Opération Barkhane, une course était perdue d’avance
La fin de l'opération Barkhane était un secret de polichinelle. Une analyse publiée par l'Institut Montaigne en date du 17 novembre 2020, avait choisi comme l'intitulé, l'affirmation : Vers la fin de l’opération Barkhane. L'étude prospective ne cachait pas le goût amer de l'échec de l'opération militaire principal acte militaire du règne d'Emmanuel Macron.
«Le problème est qu’avec les faibles moyens déployés dès le début dans l’opération Barkhane, en concurrence avec ceux des autres opérations engagées au même moment, en particulier Sentinelle, et les problèmes structurels des États locaux, cette course était perdue d’avance.» souligne l'étude.
«Barkhane a bien cumulé les succès tactiques au cours des années, mais ceux-ci sont restés insuffisants en nombre pour, au niveau opérationnel, empêcher les organisations ennemies de se renforcer, s’étendre et se diversifier», affirme l'Institut.
Et de recommander : « Le moins que l’on puisse faire dans le nouveau contexte qui peut se dessiner est de défendre nos intérêts sécuritaires et diplomatiques au moindre coût dans la durée».
Brakhane est également un gouffre financier. Emmanuel Macron a essayé d'impliquer l'Europe dans sa conquête du Sahel en s'appuyant sur l'Allemagne, premier contributeur de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma).
Face à ses échecs à répétition, il utilisera la crise au sein des pays du Golfe pour monnayer son soutien à l'Arabie Saoudite contre un financement partiel de Barkhane. Il se mettra même l'Otan à dos, en lobbyant pour la création d'une armée européenne en pleine crise du Brexit.
Lire aussi : Macron, Chef de guerre
Macron a fait de l'opération Brakhane le moyen de prendre la contrôle de l'Etat-major des armées
12 jours seulement après la prise de ses fonctions en tant que président, Emmanuel Macron s'est rendu à Gao au Mali pour sa première visite à des troupes françaises à l'étranger.
Lors de cette visite, Emmanuel Macron a endossé son costume de chef des armées qui chérit tant et s'est adressé aux 1 600 soldats déployés dans le cadre de l'opération «Barkhane». Il va y passer près de 7 heures.
Premier chef des armées de la Ve République sans aucune expérience militaire, Emmanuel Macron sera obnubilé durant tout son mandat par son ascendant sur l'armée. Dès les premières semaines, il met dans le viseur le chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers, qui va démissionné avec fracas le 19 juillet 2017. Une première dans la Ve République.
«Une querelle brève et violente s’est nouée entre deux hommes que tout oppose, un président neuf venu du monde des finances, Emmanuel Macron, et un général d’expérience issu de la pure tradition militaire» avait écrit Le Monde.
En 2021, le président français a dû faire face à une levée des boucliers des généraux de l'armée, qui lui ont adressé à semaines d'intervalles deux lettres ouvertes dans lesquelles ils dénoncent « le chaos et la violence » qui frappent le pays en délitement et appellent Macron, les ministres, parlementaires et officiers généraux à assurer la « survie du pays ».
Les signataires de ces tribunes ont également alerté le président français du risque de l'éclatement d'une guerre civile.
« Si une guerre civile éclate, l’armée maintiendra l’ordre sur son propre sol, parce qu’on le lui demandera », ont écrit les généraux.