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Journée Nationale de l’Industrie : El Ferdaous, magistral, nous fait une immersion dans l’univers de ABA Technology

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Lors de la Journée Nationale de l’Industrie, le 17 octobre 2024, l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) a été le témoin d’une intervention marquante, celle d’Othman El Ferdaous, Vice-Président de DBA Technologies. À travers une posture empreinte de pragmatisme et une maîtrise technique impressionnante, il s’est affirmé comme un acteur clé de la transformation numérique au Maroc. Avec un discours alliant vision stratégique et exemples concrets, El Ferdaous a su captiver l’audience en exposant les rouages du modèle ABA Technology. Son intervention, imprégnée de réalisme et d’audace, a démontré comment l’innovation et la réactivité peuvent transcender les modèles économiques traditionnels, propulsant ainsi le Maroc vers un avenir industriel compétitif et souverain.

Le jeudi 17 octobre 2024, à l’occasion de la Journée Nationale de l’Industrie, un panel s’est tenu à l’UM6P autour du thème «Innovation et compétitivité économique, quelles stratégies pour l’avenir?». Parmi les intervenants de renom, L'ancien ministre Othman El Ferdaous a marqué les esprits en exposant la réussite du modèle ABA Technology, dont il partage la direction avec Mohamed Benouda, et sa vision pour l’avenir de l’innovation industrielle au Maroc.

Othman El Ferdaous a entamé son intervention en mettant en avant un constat essentiel : l’innovation ne doit pas rester confinée aux laboratoires. Il a souligné l’importance du time to market, insistant sur la nécessité pour les entreprises de sortir leurs prototypes et produits minimums viables (MVP) rapidement sur le marché afin de recueillir des retours et s’améliorer continuellement. Contrairement à l’ingénierie européenne, souvent plus lente et perfectionniste, l’approche d’ABA Technology mise sur une dynamique agile et réactive, à l’image de l’ingénierie chinoise, capable de lancer plusieurs versions d’un produit en s’adaptant aux besoins du marché.

Si nous empilions tous les MVP produits au Maroc depuis 20 ans, nous pourrions probablement atteindre la lune, mais le défi est que ces produits n’ont pas été suffisamment confrontés au marché.
Othman El Ferdaous - 17/10/2024

Cette méthode, qu’il appelle «rotation de l’innovation», permet d’expérimenter en temps réel, ce qui est essentiel pour rester compétitif dans un environnement économique en constante évolution. Il a souligné que cette stratégie s’aligne parfaitement avec la vision de souveraineté industrielle prônée par le Roi Mohammed VI, notamment dans les secteurs industriels, sanitaires et manufacturiers.

Nous défendons une stratégie axée sur la réduction du time to market, c’est-à-dire sortir nos prototypes (POC) et produits minimums viables (MVP) rapidement sur le marché afin de recueillir des retours et de nous améliorer. Nous visons une rotation de l’innovation aussi rapide que celle du capital financier, dans une démarche de perfectibilité continue.
Othman El Ferdaous - 17/10/2024

Les use cases concrets de l’écosystème ABA Technology

Othman El Ferdaous a également illustré son propos par plusieurs use cases qui démontrent la maturité du modèle d'ABA Technology. Ces exemples concrets montrent comment l’innovation et la transformation numérique peuvent catalyser la compétitivité de l’industrie marocaine.

1. Raccourcissement du time to market : ABA Technology met un point d’honneur à réduire le temps de mise sur le marché de ses produits en lançant rapidement des POC (proof of concept) et MVP. Cette approche permet non seulement de répondre aux besoins du marché de manière proactive, mais aussi d’intégrer les retours clients dès les premières phases du développement. Cela a renforcé l’agilité de l’entreprise et son adaptation rapide aux exigences de ses clients.

2. Partenariats industriels stratégiques : ABA Technology a mis en place une collaboration fructueuse avec des acteurs industriels de divers secteurs. Par exemple, la société travaille avec FMC2E pour la fabrication de cartes électroniques, avec Injecta dans l’injection plastique et les structures métalliques, avec Mediot dans les dispositifs médicaux, avec  et Mana Technology dans l’industrie minière. avec NextCore dans les équipement de sécurité et de défense. Ces partenariats reflètent la volonté de bâtir un écosystème industriel intégré, axé sur la souveraineté industrielle et sur la création de solutions innovantes adaptées aux réalités du marché.

3. Le développement de jumeaux numériques (digital twin) : En partenariat avec Managem, ABA Technology a développé des solutions de jumeaux numériques qui offrent une visualisation en temps réel de l’ensemble des opérations d’une entreprise. Ces outils permettent aux décideurs de piloter les activités de leurs entreprises via des tableaux de bord en 3D, basés sur la donnée en temps réel, facilitant ainsi la prise de décision et l’optimisation des processus industriels.

4. Industrie 4.0 et connectivité des machines : Dans le cadre de l’industrie 4.0, ABA Technology a collaboré avec un équipementier automobile pour connecter et optimiser l’utilisation des machines en usine, qu’elles soient intelligentes ou non. Ce projet vise à maximiser la visibilité sur les actifs industriels et à améliorer la performance opérationnelle, grâce à la connectivité des équipements.

5. Projet Connected Workers : Ce projet innovant permet une gestion plus fine des ressources humaines dans les usines. En suivant le parcours des employés depuis leur domicile jusqu’à l’usine et en utilisant des algorithmes d’intelligence artificielle, l’outil optimise la répartition des équipes et propose automatiquement des remplacements en cas d’absences, améliorant ainsi l’efficacité et la continuité de la production.

6. Valorisation des données inexploitées : Othman El Ferdaous a également évoqué l’importance de l’exploitation des données dormantes, citant l’exemple de systèmes de vidéosurveillance dont les images ne sont pas analysées. ABA Technology s’attache à exploiter ces gisements de données non utilisées pour améliorer la compétitivité des entreprises marocaines, par exemple en modernisant les systèmes de contrôle des douanes marocaines.

Les défis de la transformation numérique

Othman El Ferdaous a conclu son intervention en évoquant les défis auxquels les entreprises doivent faire face lorsqu’elles se lancent dans la transformation numérique. Selon lui, la réussite de ces projets repose non seulement sur la mise en place de nouvelles technologies, mais aussi sur leur adoption effective par les utilisateurs. Il a insisté sur l’importance de la conduite du changement, soulignant que l’échec des projets de digitalisation est souvent lié à un manque d’adoption des nouveaux systèmes par les collaborateurs.

La conduite du changement est souvent le mot poli pour parler de l’échec des projets de digitalisation. On dit souvent que 10 % des collaborateurs ont adopté le nouveau système, mais les autres sont retournés à l’ancien [...] Si, après trois ou quatre mois, aucun livrable concret n’est produit, un phénomène de découragement s’installe, les équipes se désengagent et le projet échoue.
Othman El Ferdaous - 17/10/2024

Il a ainsi recommandé que l’usage des technologies soit suivi et intégré dès le début dans les tableaux de bord des décideurs, afin de surveiller non seulement la performance industrielle, mais aussi l’adoption et l’utilisation des outils numériques.

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Vous retrouverez ci-après l'intégralité de l'intervention de M. El Ferdaous.

Retranscription de Intervention de Monsieur Othman El Ferdaous, Vice-président de ABA Technology à la Journée Nationale de l’Industrie

Modératrice :

Monsieur Othman El Ferdaous, tout d’abord, de façon assez brève, comment évaluez-vous l’impact des écosystèmes d’innovation sur la compétitivité de l’économie marocaine ? Et puis, deuxième question sur laquelle vous voulez vraiment vous étaler et nous apporter votre éclairage là-dessus, éclairage vivement attendu, notamment sur comment cette montée en puissance de l’intelligence artificielle et de l’internet des objets, et puis comment cette transformation numérique peut-elle impacter de manière, cela va sans dire, positive, la compétitivité de l’économie marocaine ? Je vous remercie.

Othman El Ferdaous :

Je vais tenter de répondre aux deux questions. Pour la première question, il faut bien se poser la question du tempérament d’innovation de chaque économie. Par exemple, vous savez que l’ingénierie européenne ou continentale est une ingénierie d’excellence. Mais le temps que l’ingénieur allemand ou français sorte la première version de son produit sur le marché, l’ingénieur chinois a déjà sorti la troisième version après trois itérations avec le marché, en comprenant bien la dialectique entre l’ingénierie et les besoins du client. Donc, c’est une des supériorités de cette façon chinoise de faire.

Je voudrais donner un exemple, peut-être pas parler des clusters publics, mais donner l’exemple d’ABA Technology. Vous pouvez très bien comprendre l’ADN d’ABA Technology si vous imaginez un cluster, mais avec une thèse : nous défendons la thèse du raccourcissement du time to market. Il y a des financiers qui s’occupent de la rotation du capital, nous, on s’occupe vraiment de la rotation de l’innovation. Il faut sortir nos POC, nos MVP vers le marché le plus rapidement possible, vers le client, pour comprendre, avoir des retours et s’améliorer. Nous sommes dans une doctrine de perfectibilité pour construire cet écosystème qui va dans la vision de Sa Majesté sur la souveraineté industrielle, qu’elle soit sanitaire, manufacturière ou industrielle.

Nous avons mis ensemble des acteurs comme FMC2E, un fabricant de cartes électroniques, avec Injetca, spécialisé dans les structures métalliques, l’injection plastique et le travail des matériaux. Il y a aussi des acteurs sectorialisés qui ont une véritable connaissance du métier, comme Mediot dans les dispositifs médicaux ou Mana Technologies dans l’industrie minière, ou encore Nextcore dans les équipements de sécurité et de défense.

Pour bien comprendre cela, il faut imaginer que si l’on empilait tous les MVP et tous les POC réalisés au Maroc depuis 20 ans, on pourrait peut-être atteindre la lune. Le problème est que tout ce travail n’a pas été confronté au marché. C’est toujours la même chose : soit vous avez un tempérament qui vous pousse à attendre dans votre laboratoire que la pluie cesse, soit vous avez un autre tempérament, celui de sortir et de danser sous la pluie, quelles que soient les conséquences, car vous apprendrez sur le marché.

Cela, c’est pour la première partie de votre question.

Pour la deuxième question, concernant l’intelligence artificielle et l’internet des objets, c’est exactement le positionnement d’ABA Technology. Je voudrais faire une mise en abyme historique pour bien comprendre ce que nous faisons, car il ne s’agit pas juste de technologie pour la technologie. Nous avons traversé une période historique où Henry Ford défendait l’idée que la production en série permettait de faire la chasse au temps perdu. Ensuite, un ingénieur japonais, Monsieur Toyota, a introduit le lean manufacturing pour faire la chasse aux matières premières gaspillées. Aujourd’hui, nous vivons une ère que l’on pourrait appeler le Teslisme, qui consiste à chasser les gisements de données inexploitées.

Par exemple, si vous avez un système de vidéosurveillance et que vous n’analysez pas les images, vous disposez d’un immense gisement de données qui dort et n’est pas exploité, générant un coût d’opportunité énorme. Nous avons déjà mis en place des solutions de ce type, par exemple à l’administration des douanes, pour analyser les données et moderniser l’outil de contrôle douanier.

Je peux vous donner deux autres exemples. Nous avons créé une joint-venture avec Managem appelée Mana Technology, qui se concentre sur la transformation digitale des industries de transformation. Nous avons créé un digital twin qui permet aux décideurs d’avoir une vue virtuelle de l’ensemble de l’entreprise, des processus métiers centraux aux différentes mines du groupe Managem. Avec une digitalisation poussée, vous disposez d’un tableau de bord en 3D qui vous permet de piloter votre activité en temps réel et à travers les données, ce qui représente un avantage considérable.

Le deuxième exemple est notre travail avec un équipementier automobile dans le cadre de l’industrie 4.0. La première étape de la digitalisation de leurs usines était la connectivité des machines, qu’elles soient intelligentes et connectées ou non. Nous achetons beaucoup de matériel avancé qui n’est pas utilisé ou exploité à son plein potentiel. Nous avons également des machines stupides, ni intelligentes ni connectées, que nous devons aussi intégrer dans ce système. La première étape consiste à avoir une visibilité sur vos actifs, qu’ils soient matériels ou humains.

Nous travaillons aussi sur un projet appelé Connected Workers, qui fournit une visibilité complète sur l’efficacité des ressources humaines dans les usines. Ce système permet de suivre le personnel depuis le moment où ils montent dans le bus, jusqu’à leur arrivée à l’usine et leur badgeage. En cas d’absence, un moteur d’intelligence artificielle propose un remplaçant formé aux mêmes compétences. Tout cela permet de gagner du temps et de la valeur. Avec nos partenaires, ces systèmes sont évalués non seulement en termes de temps gagné, mais aussi en impact sur le P&L (compte de résultat), que ce soit par la réduction des charges ou par l’exploitation de nouvelles sources de chiffre d’affaires.

Ce que nous aimons dire, c’est que nous sommes là pour discuter de nouveaux modèles économiques. Nous ne sommes pas simplement là pour optimiser l’existant, mais aussi pour ouvrir de nouvelles fenêtres d’opportunité. Vous êtes probablement assis sur des gisements de données que vous ne soupçonnez même pas, mais qui peuvent ouvrir de nouveaux champs de chiffre d’affaires. Cela nécessite un peu de sérendipité, c’est-à-dire la découverte de choses que vous ne cherchiez pas à l’origine. C’est là tout l’esprit de l’innovation.

Modératrice :

Dernière petite question avant de clore cette session et de passer aux mots de la fin avec tous les panélistes : quels principaux défis se dégagent à la lumière de tout ce que vous venez de partager avec nous pour les entreprises qui veulent adopter ces nouvelles technologies et accélérer leur transition digitale ?

Othman El Ferdaous :

Je vous remercie pour cette question, car elle est fondamentale. Il ne suffit pas de mettre en œuvre des benchmarks et de se mettre à niveau. Il faut surveiller comme le lait sur le feu l’usage des solutions que vous mettez en œuvre. La conduite du changement est souvent le mot poli pour parler de l’échec des projets de digitalisation. On dit souvent que 10 % des collaborateurs ont adopté le nouveau système, mais les autres sont retournés à l’ancien. C’est pour cela qu’il est crucial d’intégrer l’usage dans les tableaux de bord des décideurs, pour non seulement surveiller la performance industrielle, mais aussi l’adoption des nouvelles technologies.

C’est ce qui fait la différence entre un projet qui réussit et un projet qui échoue. La plupart des échecs sont dus à un manque de résultats concrets dans les trois ou quatre mois, ce qui entraîne le découragement des équipes.

Nawfal Laarabi

Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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