La Chine a appelé les familles et les gouvernements locaux à s'approvisionner en produits de première nécessité alors que le mauvais temps, les pénuries d'énergie et les restrictions liées au Covid-19 menacent de perturber la chaine d'approvisionnement.
Le ministère du Commerce du pays a publié lundi soir un communiqué appelant les gouvernements locaux d'encourager les gens à stocker des «produits de première nécessité», y compris les légumes, les huiles et la volaille, afin de «répondre aux besoins de la vie quotidienne et aux urgences».
Le ministère a également exhorté les autorités locales à s'assurer que les populations disposent d'un «approvisionnement adéquat» en produits de première nécessité cet hiver jusqu'au printemps prochain. Exigeant par ailleurs à ces autorités de maintenir les prix stables. Une source d'anxiété chez les chinois ces dernières semaines, car le coût des légumes a bondi dans toute la Chine en raison de précipitations exceptionnellement fortes qui ont nuit aux cultures.
Onde choc
A l'approche des vacances de septembre, les autorités chinoises alertent systématiquement les gouvernements locaux sur l'importance de renforcer la nourriture et d'autres approvisionnements quotidiens.
Cette fois-ci, l'appel a été destiné à l'ensemble des citoyens, ce qui a créé une vent de panique car en deux ans de pandémie, le gouvernement chinois n'a jamais demander aux populations de de stocker des marchandises.
Certains résidents se sont tournés vers les médias sociaux ces derniers jours pour se plaindre de la flambée des prix. Un commentateur de la plateforme chinoise Weibo a décrit le choc d'avoir appris le prix des tomates lors d'un récent voyage au marché. «Je pensais que j'avais un problème d'audition», a-t-il écrit.
Cette onde choc lancée par les autorités chinoises survient après un week-end mouvementé par la découverte d'un cas Covid dans le Disneyland de Shanghai où plus de 30.000 personnes y ont été enfermées durant une journée dans l'attente de se faire dépister.
La dépendance de la Chine au reste du monde et la politique du zéro Covid accentuent l'inflation et la pénurie des denrées alimentaires
La Chine est le premier importateur mondial de produits alimentaires, rappelle les Echos. Une situation qui la rend vulnérable aux tensions diplomatiques, comme celles en cours avec ses gros fournisseurs comme les Etats-Unis, le Canada ou l'Australie. En octobre, les prix de 28 denrées alimentaires étaient en hausse de 16 % sur un mois, a rapporté lundi la presse chinoise, s'appuyant sur des données officielles.
Une tension que justifie Wang Hongcun, un responsable du Bureau municipal du commerce de Pékin par «les efforts nationaux visant à réduire les cas de coronavirus pourraient contribuer en partie à la hausse du coût de la nourriture». Le même responsable chinois a également déclaré la semaine dernière lors d'une conférence de presse que le coût du transit dans les régions pourrait augmenter en raison de mesures de confinement strictes.
Wang a ajouté que les prix de certains légumes dans la capitale chinoise avaient grimpé de plus de 50 % durant le mois d'octobre.
Certains légumes, comme les épinards, ont doublé de prix, coûtant dans certains cas autant que la viande, selon un rapport local .
Mais d'autres facteurs contribuent aussi à la hausse des prix. Une pénurie généralisée de charbon a rendu l'agriculture en serre plus coûteuse en raison de l'augmentation du coût du chauffage et de l'électricité. Et les conditions météorologiques extrêmes ont endommagé les cultures dans les principales provinces agricoles.Le ministère du Commerce a exhorté lundi les autorités locales à se préparer à l'hiver en signant des contrats à long terme avec les fournisseurs de produits agricoles, ainsi qu'en achetant des légumes qui sont conservés.
D'ailleurs, le Chine vient d'annoncer à contre-courant des enjeux mondiaux liés aux réchauffement climatique et en plein Cop26, l'augmentation de la production du charbon et la réouverture de nouvelles mines. Le pays subit de plein fouet la flambée du coût des matières premières, notamment charbon, dont le géant asiatique dépend à 60 % pour alimenter ses centrales électriques.
Chasse au gaspillage alimentaire
Pékin a pris récemment d'autres mesures qui semblent cibler la sécurité alimentaire. Lundi, le gouvernement a dévoilé un «plan d'action» encourageant les gens à ne pas commander plus de nourriture qu'ils n'en ont besoin et à signaler les restaurants qui gaspillent de la nourriture. Une mesure similaire à une campagne menée par le président Xi Jinping l'année dernière, lorsque la pandémie de coronavirus et les inondations extrêmes menaçaient les chaînes d'approvisionnement alimentaire.
Durant le mois d'avril de cette année, la Chine a adopté une loi qui permet aux restaurants de facturer aux clients des frais supplémentaires pour avoir laissé des restes «excessifs» dans leurs assiettes. La loi pénalise également les personnes qui font ou partagent des vidéos sur la frénésie alimentaire, avec des amendes allant jusqu'à 100 000 yuans (environ 15 000 $).