L’amiral néerlandais Rob Bauer, président du Comité militaire de l’OTAN, a lancé une mise en garde sans précédent : les entreprises européennes et américaines doivent se préparer à des décisions stratégiques dans un contexte de guerre imminente. Entre mobilisation industrielle et menaces nucléaires de la Russie, l’Europe entre dans une nouvelle ère d’incertitudes.
Lors d’un événement organisé par le think tank European Policy Centre à Bruxelles, le chef du Comité militaire de l’OTAN, Rob Bauer, a lancé un avertissement glaçant depuis Berlin : « La guerre est de retour sur le continent européen ».
L’amiral, qui avait déjà prévenu que chacun devait être prêt à une mobilisation éventuelle, appelle désormais les entreprises à se préparer à des scénarios de « temps de guerre ».
Il a déclaré : « Nous sommes naïfs de penser que le Parti communiste chinois n'utilisera jamais le pouvoir de dépendance [terres rares, principes actifs ..etc]. Les chefs d’entreprise en Europe et en Amérique doivent comprendre que leurs décisions commerciales ont des conséquences stratégiques pour la sécurité de leur nation. »
Et d’ajouter : « Les entreprises doivent se préparer à un scénario de guerre et ajuster leurs lignes de production et de distribution en conséquence. »
S’adressant à son auditoire, il a rappelé : « Mesdames et Messieurs, la guerre est de retour sur le continent européen. Et ces dernières années, de plus en plus de gens en Europe réalisent que la guerre peut également les toucher… encore une fois. »
L’amiral Bauer, âgé de 61 ans, a également souligné que de nombreux civils seraient nécessaires si une Troisième Guerre mondiale éclatait, et que les gouvernements devraient mettre en place des systèmes pour gérer cette mobilisation massive.
Préparer l’économie et l’industrie à l’incertitude
Lors de la Conférence de sécurité de Berlin, il a insisté sur la nécessité pour les secteurs public et privé de changer leur état d’esprit : passer d’une époque où tout était planifié, prévisible et contrôlable, à une ère où l’imprévu peut surgir à tout moment.
« Vous devez pouvoir compter sur une base industrielle capable de produire des armes et des munitions suffisamment rapidement pour soutenir un conflit en cours », a-t-il affirmé.
Ces déclarations font suite à ses avertissements plus tôt cette année concernant une possible conscription si l’OTAN entrait dans une guerre totale contre la Russie.
Avoir un contrat avec Gazprom ou uns société chinoise c'est avoir un contrat avec Poutine ou Xi Jinping
L’amiral Rob Bauer a expliqué que la dissuasion dépasse largement les capacités militaires : tous les outils disponibles peuvent et seront utilisés en temps de guerre.
« Nous le constatons avec la montée des actes de sabotage, et l’Europe en a fait l’expérience dans le domaine de l’approvisionnement énergétique », a-t-il déclaré.
Il a poursuivi : « Nous pensions avoir un accord avec Gazprom, mais en réalité, nous avions un accord avec M. Poutine. Il en va de même pour les infrastructures et les biens détenus par des entreprises chinoises. En réalité, nous avons un accord avec le président chinois, Xi Jinping. »
Bauer a également souligné la dépendance des pays occidentaux vis-à-vis des approvisionnements en provenance de Chine, où 60 % à 90 % des terres rares mondiales sont extraites et transformées. Il a ajouté que des ingrédients chimiques essentiels à la fabrication de sédatifs, d’antibiotiques, d’anti-inflammatoires et de traitements pour l’hypotension artérielle proviennent également de Chine.
L’Est de l’Europe en alerte face à la menace russe
L’Europe de l’Est est particulièrement familière avec la menace constante de la Russie. La Finlande, par exemple, qui partage une longue frontière terrestre avec ce pays, dispose de 50 500 abris anti-bombes – un contraste frappant avec ceux disponibles au Royaume-Uni et dans d’autres pays d’Europe de l’Ouest.
L’intensification des menaces nucléaires russes suscite des inquiétudes supplémentaires. La doctrine nucléaire officielle de la Russie, qui stipulait auparavant que les armes nucléaires ne pouvaient être utilisées qu’en réponse à une attaque nucléaire, a été modifiée. Désormais, elle prévoit leur usage en réponse à des frappes conventionnelles.
Vladimir Poutine a également affirmé que la Russie était « en droit d’utiliser ses armes » contre les nations autorisant l’utilisation de leurs armes contre les forces russes.
Les analystes y voient une menace claire à l’encontre des États-Unis et du Royaume-Uni, qui ont récemment permis à l’Ukraine d’utiliser des missiles de plus longue portée fournis par l’Occident pour frapper le territoire russe. Toutefois, ils divergent sur la probabilité que Poutine passe à l’acte.