L’affaire Skripal empoisonne les relations entre Londres et Moscou

L’affaire de l’empoisonnement par un agent innervant mortel de l’ex-agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Loulia, retrouvés dans un état critique le 4 mars sur un banc public de la paisible petite ville de Salisbury dans le sud-ouest de l’Angleterre, n’a pas cessé d’empoisonner, à juste titre, les relations entre Moscou et Londres.

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Digne d’un remake du film «Bons baisers de Russie», cette affaire qui n’est pas la première du genre , a fait perdre à la première ministre britannique Theresa May tout son flegme. Elle a tout de suite pointé du doigt la Russie promettant des sanctions au cas où elle ne reçoit des explications plausibles du Kremlin. Ce dernier a répondu par le dédain en qualifiant ces accusations de cirque. Il n’en fallait pas plus pour que Theresa May passe à l’acte. Ainsi, elle a ordonné hier mercredi l’expulsion de pas moins de 23 diplomates russes, la suspension des contacts avec Moscou et last but not least le boycott de la prochaine coupe du monde par la famille royale britannique et par les membres du gouvernement.
La Russie pour sa part, se prépare à riposter à la Grande Bretagne jugeant les accusations et les sanctions inacceptables. L’on s’attend à ce que Poutine active le principe de la réciprocité en ordonnant l’expulsion dans les prochaines heures de diplomates britanniques, voire d’autres mesures de rétorsion.

Les occidentaux solidaires avec la Grande-Bretagne

Face à ce bras de fer, Londres a trouvé soutien et appui auprès de ses amis occidentaux notamment à Paris, Berlin et Washington. Le président français, Emmanuel Macron, qui s’est entretenu ce jeudi matin avec Theresa May a publié un communiqué soulignant la responsabilité russe dans cette affaire : «Depuis le début de la semaine, le Royaume-Uni a tenu la France étroitement informée des indices recueillis par les enquêteurs britanniques et des éléments démontrant la responsabilité de la Russie dans l'attaque. La France partage le constat du Royaume-Uni qu'il n'y a pas d'autre explication plausible et exprime à nouveau sa solidarité à l'égard de son alliée ».
Le communiqué ajoute : « M. Macron et Mme May sont convenus de l'importance de l'unité européenne et transatlantique dans la réponse à cet événement et resteront en contact étroit au cours des prochains jours ».

Ironie de la diplomatie, il est à signaler que le président français inaugurera ce jeudi le Salon du livre de Paris avec la Russie comme invitée d’honneur et pourrait assister à la fin du mois de mai prochain au Forum économique de Saint-Pétersbourg !

Même son de cloche du côté de Washington. Pour l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley qui s’adressait devant le Conseil de sécurité «il n’a ya aucun doute quant à la responsabilité de la Russie dans l’empoisonnement».

En attendant de voir quelle tournure prendra cette nouvelle guerre froide, le ministre britannique des affaires étrangères, Boris Johnson, a demandé aujourd’hui aux «alliés» de se solidariser avec son pays, alors que son collègue à la Défense, Gavin Williamson, a été plus sec : «Franchement, la Russie devrait partir et se taire» !

Jusqu’où ira ce bras de fer ? Wait and see.

Noureddine Boughanmi, journaliste polyglotte avec plus de trois décennies d'expérience dans différents supports marocains et étrangers. Passionné de littérature, d'actualité et d'art, il a interviewé, en français, en anglais et en arabe des dizaines d'acteurs politiques de renommée mondiale. Durant les années 1980 et 1990 il a roulé sa bosse entre la Tunisie, la France, l'Indonésie, l'Afrique du Sud avant de s'installer définitivement au Maroc

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