Le 16 octobre 1975, la Cour internationale de justice de La Haye rendait un avis consultatif sur le droit applicable dans l’affaire du Sahara. Elle a précisé dans ses attendus que le territoire occupé par l’Espagne ne pouvait être considéré comme terra nullius, estimant que Seguia el-Hamra et le Rio de Oro étaient habités par des tribus ayant une organisation sociale et politique et, surtout ayant des liens d’allégeance avec les différents sultans du Maroc.
Fort de cette référence, feu Sa Majesté Hassan II s’adressait le jour même à son peuple pour lui exprimer Sa décision d’organiser une Marche Verte à destination du Sahara marocain pour recouvrer les droits inaliénables du Royaume du Maroc sur ses territoires méridionaux. Son vœu le plus cher était de prendre personnellement la tête de cette Marche pacifique. Mais le devoir d’un chef, comme il aimait à le répéter, était de rester à son poste de commandement, afin de veiller à l’exécution des ordres et de demeurer en contact permanent avec toutes les provinces du Royaume.
Il s’agissait, en fait, d’un véritable pari psychologique sur lequel tout reposait. En effet, faire affronter à des centaines de milliers de volontaires, aux mains nues, les champs de mines, les tanks et les légions de l’armée franquiste, c’était les envoyer à la mort. Mais pour Hassan II, c’était aussi risquer de se retrouver devant une alternative suicidaire : reculer en perdant la face ou se lancer dans une guerre perdue d’avance.
Le soir même à New York, au siège des Nations Unies, et à la demande de l’Espagne qui qualifiait cette Marche d’« invasion », le Conseil de Sécurité adoptait la résolution 377 qui demandait aux parties de faire preuve de retenue et de modération. Mais c’est dans la ferme résolution du Maroc et sa farouche énergie, ainsi que l’indomptable détermination de toutes les composantes du pays au service de la cause de leur Nation, que feu Hassan II a puisé toutes les forces pour rejeter catégoriquement cette résolution.
Et ni les résolutions 379 du 2 novembre 1975 et 380 du 6 novembre, ni le ton menaçant du président du Conseil de Sécurité, l’ambassadeur russe Yakov Malik appelant le Maroc à stopper immédiatement la Marche, n’ont pu arrêter la volonté d’un Roi et d’un peuple. Hassan II répondait au Conseil de Sécurité «la Marche continuera son chemin pour atteindre ses objectifs définis».
Son successeur, le Roi Mohamed VI, tout en demeurant dans l’esprit et dans la lettre de la Marche Verte, a proposé une nouvelle approche moderniste et volontariste qui fait de l'Initiative d'autonomie un projet concerté, pertinent et conforme à la légalité internationale, et ce en rupture avec la thèse unilatérale d'autodétermination basée exclusivement sur l'option du référendum.
Et alors que les ennemis de la Nation ne cessent de brandir des thèses dépassées pour faire dévier le processus de négociations de son cheminement normal, les campagnes médiatiques qui les accompagnent sont orchestrées dans le sillage d'un embarras excessif, d'une escalade agressive des adversaires et un état de trébuchement sans précédent.
Et tout comme le 6 novembre 1975, où, dans une discipline impeccable, et selon une organisation magistrale, Hassan II venait de faire la preuve, en face du monde entier, qu’il était le souverain d’un peuple capable de la plus grande marche pacifique de l’histoire contemporaine, Sa Majesté Mohammed VI traite, aujourd’hui, avec un esprit constructif les résolutions onusiennes dans le but de réunir les conditions appropriées pour une négociation sérieuse seule à même de garantir une issue politique et pacifique à un faux problème qui n’a que trop duré. Le souverain a également réussi à défaire le Maroc du Plan Baker II et du projet de scission soufflé par Abdelaziz Bouteflika, et a pu stopper les manœuvres visant à faire élargir à tort les prérogatives de la Minurso aux volets dits des ‘Droits de l’homme’ dans un pays devenu incontestablement un modèle de société démocratique dans le monde arabe et qui s'est engagé, depuis plusieurs décennies, dans le processus de la démocratisation, de la modernité et de l'égalité.
Ce même élan de ferveur populaire spontané s'est exprimé par une Marche de 3 millions de marocains qui, d’une seule voix, ont représenté tout un pays pour refuser catégoriquement et condamner les dérapages dangereux du Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon.
En tout état de cause, le Royaume, fort du consensus de l'ensemble des composantes de la Nation autour de l'unité nationale et de l'intégrité territoriale, demeure confiant en la sagesse des membres du Conseil de Sécurité et des Grandes Puissances, et en leur capacité à trouver les formules appropriées pour préserver le processus politique de toutes dérives aux conséquences lourdes et néfastes pour la stabilité de toute la région.
Abdellah El Hattach