Même Biden craint la malédiction de la 8ème décennie d’Israël

La récente allocution du président américain Joe Biden, tenue lors d'une conférence de presse conjointe avec le président chilien Gabriel Boric, a mis en exergue une préoccupation profonde au-delà des questions immédiates de politique étrangère: la durabilité d'Israël au-delà de sa huitième décennie. Cela résonne avec une croyance répandue, non seulement parmi les Palestiniens mais aussi au sein de la classe politique israélienne, que la survie de l'État d'Israël après ses quatre-vingts premières années est loin d'être assurée.

Malgré sa force militaire, son avantage nucléaire et le soutien sans précédent des États-Unis et de l'Europe, Israël est décrit comme un pays hanté par un complexe de peur chronique. Cette anxiété se manifeste dans le discours public des intellectuels et des leaders politiques israéliens, et se reflète dans une citoyenneté qui voit dans la double nationalité une bouée de sauvetage.

Les dirigeants israéliens, dont Benjamin Netanyahu et l'ex-Premier ministre Naftali Bennett, ont exprimé publiquement et à maintes reprises l'obsession pour la survie d'Israël. Cette croyance a été prise au sérieux par des figures telles qu'Ehud Barak, qui considère les menaces internes comme plus dangereuses pour Israël que les ambitions nucléaires de l'Iran.

Netanyahu a déclaré durant les 4 dernières élections que sa présence à la tête de l'État hébreu était essentielle pour assurer la continuité de l'État d'Israël au-delà de sa huitième décennie.

Le discours de Naftali Bennett, ancien Premier ministre d'Israël, lors de sa campagne électorale de 2020, a fait écho aux mêmes sentiments et a exhorté les électeurs juifs à se ranger derrière la coalition Bleu et Blanc qu'il dirige, afin de franchir en toute sécurité la huitième décennie et d'assurer la continuation de l'État d'Israël après sa quatre-vingtième année. De même, Ehud Barak, l'ancien Premier ministre d'Israël, a écrit pour confirmer le même complexe, le complexe de la peur pour la survie au delà de la huitième décennie.

Ce qui est saisissant, c'est qu'il ne s'agit pas simplement de rabbins adhérant à des croyances superstitieuses déconnectées de la réalité, mais bien des figures de proue de la politique israélienne.

La prophétie de la 8ème décennie a également son pendant islamique. Des personnalités telles que Ahmed Yassine, ancien leader du Hamas, l'éminent intellectuel Abd al-Wahhâb al-Massiri, et le prédicateur palestinien Bassam Jarar, ont diffusé cette idée auprès des populations musulmanes. Ils ont été jusqu'à proposer des dates spécifiques — 2022, 2027, ou 2030 — comme points de terminaison potentiels pour l'État d'Israël.

Quand Biden s'y met lui aussi

Dans le perron de la Maison Blanche, lors de sa rencontre bilatérale avec son homologue Chilien, Gabriel Boric, le président américain Joe Biden a fait une curieuse déclaration.

Le président Boric a souligné l'importance des valeurs partagées telles que les droits de l'homme, la démocratie et les droits des travailleurs. En réponse, le président Biden a souligné l'importance cruciale des années à venir, suggérant que les décisions prises à court terme pourraient façonner le paysage mondial pour des décennies. Avec une conviction partagée que le monde traverse une période de changement significatif.

PRESIDENT BIDEN : «Eh bien, vous savez, à mon avis, il vient un temps, peut-être tous les six à huit générations, où le monde change très rapidement. Et —»

PRESIDENT BORIC : «Nous sommes à ce moment maintenant.»

PRESIDENT BIDEN : «Nous le sommes. Et je pense que ce qui se passera dans les deux, trois prochaines années va déterminer à quoi ressemblera le monde pour les cinq ou six prochaines décennies. Alors, ensemble, peut-être pouvons-nous l'améliorer».

PRESIDENT BORIC : «Travaillons pour cela».

«Ces mots lourds de sens de Biden sur la certitude d’être à un affrontement décisif (Proche-Orient, compétition avec la Chine, défense de l’imperium US)» a écrit le journaliste suisse Darius Rochebin.

Les observations de Biden, considérant le monde à un point de bascule historique, s'alignent curieusement avec cette perspective israélienne. Sa reconnaissance que les prochaines années sont cruciales pour façonner l'avenir mondial pour des décennies trouve un écho dans les préoccupations israéliennes sur la survie de leur État.

Contradictions Internes et Défis Externes

Comme le souligne l'article, Israël est une entité pleine de contradictions. Netanyahu a tenté de présenter cette diversité comme bénéfique, mais elle pourrait aussi être une source de division interne destructrice. Le choix du putsch contre le pilier de la nation israélienne, son système judiciaire, de l'extrême violence contre les palestiniens de Gaza, la brutalité contre les manifestations israéliens, l'armement des colons ultra-orthodoxes et la «talmudisation» des instituions d'Israël, illustrent la propension à des comportements qui pourraient finalement aliéner ses soutiens mondiaux.

Le carnage en streaming live de Gaza, la posture condamnable de Washington de soutien crimes de guerre de Netanyahu et cette déclaration de Biden suggèrent que nous vivons dans une époque pivotale, où la survie des États est incertaine, et où la stabilité mondiale est précaire.

Les inquiétudes d'Israël sur son avenir après la huitième décennie ne sont pas simplement des superstitions religieuses; elles sont enracinées dans les politiques et les actions des leaders et pourraient façonner la réalité bien au-delà des prophéties et des interprétations historiques. Le monde, selon Biden, est à un tournant, et les actions actuelles, notamment la manière dont les nations comme Israël gèrent leurs contradictions internes et leurs défis externes, détermineront l'avenir pour longtemps.

Intelligence analyst. Reputation and influence Strategist
20 années d’expérience professionnelle au Maroc / Spécialisé dans l’accompagnement des organisations dans la mise en place de stratégies de communication d’influence.

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