En plus d’être une bonne affaire pour le fisc français, l’opération est la conjonction d’actions à dimension mondiale, mettant en oeuvre une batterie de connexions internationales de haut niveau impliquant la France, Israël et le Qatar qui essaie de donner un signal fort au concert des Nations au moment où le pays passe par une phase de turbulences avec ses voisins du CCG.
Le fisc français se frotte les mains. 222 millions d’euros est le montant du transfert de Neymar au PSG. 37 millions d’euros iront aux impôts. Soit l’équivalent du budget alloué par l’Etat français pour sauver Alstom. C’est dire l’impact économique et social d’une telle opération. Sans oublier les revenus des produits dérivés, la TVA sur l’accès aux loges, les taxes sur les consommations des fans et les ponctions sur les revenus publicitaires entre autres produits connexes.
Mais l’opération est d’abord un coup de maître de Doha. En effet, le Qatar qui organise la coupe du monde de football en 2022, opte ainsi pour le Soft Power par le sport, pour démontrer la capacité du pays à influencer son environnement à travers des moyens non coercitifs tout en défendant ses propres intérêts.
En recrutant Neymar, le PSG fait de la star brésilienne non seulement l’ambassadeur du club, mais de tout un pays, le Qatar. Et, par ricochet, celui de la France.
C’est là tout le génie également d’Emmanuel Macron. Le président français, en sentant que les négociations entre le PSG et le FC Barcelone pouvaient capoter à n’importe quel moment du processus de transfert à cause d’interférences nuisibles et nocives -parmi lesquelles les ennuis judiciaires du président de la Liga- a pesé de tout son poids pour faire réussir l’opération : 1) Il glane des points auprès des jeunes français à un moment où sa popularité chute ; 2) Il se positionne sur le plan international en devenant un interlocuteur privilégié de la crise du golfe ; 3) Il met en garde les pays du blocus, notamment l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis, contre toute menace des intérêts économiques français, sachant que le Qatar est un gros investisseur dans l’hexagone employant des milliers de français.
Pour la France, qui est passée par une morosité politique durant cinq ans sous François Hollande, ce recrutement redonnera de la notoriété au club, à la ville de Paris et au pays. A lui seul, Neymar est une entreprise, pour ne pas dire un empire. Et le rêve n’a pas de prix.
Pini Zahavi, le parrain
Pour réussir le transfert du siècle, français et qataris ont fait appel au facilitateur-entremetteur israélien le plus adoubé du circuit des managers. Pini Zahavi a été, indubitablement, l’acteur clé de ce recrutement.
A 73 ans, cet ancien militaire de Tsahal et journaliste de Yediot Ahronoth, a orchestré l’opération de transfert de bout en bout en coordination avec les parties française et qatarie.
Proche des magnats et oligarques russes, le puissant lobbyiste israélien est connu pour être l’instigateur et l’architecte de l’arrivée de Roman Abramovich au club britannique Chelsea FC et du transfert de Rio Ferdinand de Leeds à Manchester United 2002 pour 47 millions d'euros, un record pour un défenseur à l'époque.
Pini Zahavi a tissé sa toile un peu partout en Europe et le transfert de Neymar au PSG est une des pièces majeures du puzzle sur laquelle se fonde son lucratif business. En plus d’être agent, il est également chargé par son pays d’inculquer l’amour d’Israël aux joueurs qu’il défend.
Zahavi, qui fait partie des 5 agents les plus puissants au monde, devrait encaisser dans l’«opération Neymar» quelque 35 millions d’euros de commission.
Abdellah EL HATTACH Follow @aelhattach