Ceux qui nous ont vendu le mythe d’un monde financier plus transparent et moins vorace nous ont vendu des nèfles. Le monde vit actuellement le cœur sur la main, de peur d’une nouvelle crise financière autrement plus destructrice que celle de 2009.
A la fin de décembre dernier, les Etats-Unis ont failli connaître un grand Krach boursier en contaminant immédiatement d’autres places financières. Signal annonciateur d’un nouveau krach boursier, cette première alerte a prouvé que les réformettes adoptées par les banques centrales des pays développés au lendemain de la crise de 2008 n’étaient que des réformes cosmétiques. L’une des mesures phares, l’abaissement des taux directeurs, au lieu de relancer l’économie, a permis à un bulle spéculative de grandir au fil des années.
La crise de 2008 n’a généré que des réformes cosmétiques
Ce ne sont plus seulement les Etats qui sont surendettés, mais aussi les grandes entreprises, disposant de grandes liquidités, comme Apple, qui contractent des prêts à taux bas pour les emprunter à d’autres et non pas pour investir. Elles s’inscrivent ainsi en porte-à-faux au mythe vendu par les banques centrales. Cette crise du surendettement risque de provoquer l’écroulement comme un château de cartes de l’économie mondiale. Les principaux facteurs de crise sont l’augmentation très forte des dettes privées des entreprises, la bulle spéculative sur les prix des actifs financiers.
La spéculation et le surendettement au cœur de la nouvelle crise
Derrière ces bulles spéculatives se profile la responsabilité des banques centrales des pays industrialisés qui ont injecté des milliards de dollars pour sauver les banques privées de la banqueroute. Ces politiques d’assouplissement monétaire (Quantitive easing), au lieu de jouer leur rôle, ont permis aux banques et aux grandes entreprises de spéculer au lieu de promouvoir l’investissement productif. L’argent donné par les banques centrales a permis d’acheter des actifs financiers (actions, obligations de dettes des entreprises, dette souveraine des Etats, produits structurés et dérivés…), ce qui a engendré une bulle spéculative sur le marché boursier, sur le marché obligataire et dans certains pays dans le secteur immobilier. Les entreprises se sont surendettées en raison du faible coût de l’emprunt avec un taux de 0% dans la zone euro, de -0,1 % au Japon, de 0,75 % en Grande Bretagne et de 2,5 % aux États-Unis.
L’appât du gain à court terme, responsable de la crise
Le pire, c’est à force de vouloir réaliser des profits à court terme, certaines entreprises investissent dans des titres douteux de dettes émis par des entreprises en difficulté en raison de leur haut rendement. Or, ces entreprises émettent des titres pourris (junk bonds) empruntent pour pouvoir rembourser des emprunts antérieurs et ainsi de suite. Georges Ugeux, spécialiste de la finance mondiale prédit le pire. La crise éclatera au plus tard en 2020. L’auteur du livre « La descente aux enfers de la finance » édité par Odile Jacob en 2019), estime que tous les signaux sont au rouge, surtout le surendettement des États qui pourrait être à l’origine d’un tsunami financier imminent. Rappelons que Georges Ugeux est professeur de finance internationale à la Columbia University School of Law, et ancien vice-président de la bourse de New York.
Descente aux enfers de la finance mondiale
Il n’est pas le seul à tirer la sonnette d’alarme. Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne a prédit une crise suivie d’une récession. E, janvier dernier à Davos, Christine Lagarde, patronne du FMI, a mis en garde contre « quatre nuages » qui planent au-dessus de l'économie mondiale, à savoir les tensions commerciales, notamment entre la Chine et les Etats-Unis, le resserrement des taux d'emprunt, les incertitudes liées au Brexit et le ralentissement de l'économie chinoise. « Quand il y a trop de nuages, il faut un éclair pour déclencher la tempête », a averti Christine Lagarde, qui a appelé les gouvernements à s'y préparer et à éviter le protectionnisme. Le hic aujourd’hui est que les pays industrialisés sont « moins préparés que nous devrions l'être ». Et pour cause, la dette publique est passée de 27 milliers de milliards de dollars en 2005 à 63 milliers de milliards de dollars en 2018.
South Korea economy unexpectedly contracts in first quarter, worst since global financial crisis https://t.co/JPDb71hSfx pic.twitter.com/c5OnXdXjMY
— Reuters Top News (@Reuters) April 25, 2019
La marge de manœuvre des banques centrales plus réduite que jamais
Si demain la crise éclate, les banques centrales auront une marge de manœuvre réduite et ne pourront pas voler au secours des banques comme en 2008. De plus, le ralentissement de la croissance dans les pays industrialisés pourrait bien annoncer une récession économique mondiale qui impactera toute la planète. La croissance économique dans les pays « anciens » les plus industrialisés reste faible et elle est en baisse dans plusieurs pays. Certains dits émergents comme la Turquie, le Venezuela, l’Argentine vivent déjà cette réalité. In fine, les financiers ont encore commis des impairs qui vont nous coûter une crise économique sans précédent. Les signes de ralentissement de la croissance, voire de la récession, dans plusieurs pays devraient donner matière à réfléchir aux requins des places financières et aux dirigeants des banques centrales.