Rohani assure que l’Iran reste «prêt à discuter» avec Washington

Le président iranien Hassan Rohani a assuré mercredi que son pays restait «prêt à discuter» avec Washington si les Etats-Unis lèvent les sanctions qu'ils ont rétablies contre son pays depuis leur sortie de l'accord international sur le nucléaire iranien.

Il ne saurait être pour autant question de négociations bilatérales directes irano-américaines: Rohani a pris soin de limiter tout éventuel dialogue avec Washington à un cadre strictement multilatéral.

A ce stade, a indiqué le président iranien, de telles discussions, pourraient avoir lieu dans le cadre de rencontres entre Téhéran et le groupe dit P5+1 des six pays ayant conclu avec la République islamique l'accord international sur le nucléaire iranien, à Vienne en 2015 (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne).

«S'ils sont prêts à mettre de côté les sanctions, nous sommes prêts à discuter et à négocier, même au niveau des dirigeants des pays du 5+1», a déclaré Rohani lors d'un discours retransmis par la télévision d'Etat.

Rohani avait tenu des propos similaires en septembre avant de se rendre à l'assemblée générale des Nations unies à New York, où l'idée, portée par la France, d'une rencontre au sommet entre le président iranien et son homologue américain Donald Trump n'a pu être matérialisée.

Cette nouvelle main tendue survient alors que Paris et Berlin ont menacé en novembre d'activer un mécanisme de règlement des différends prévu par l'accord de Vienne et susceptible de mener au renvoi du dossier nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité de l'ONU, ce qui, pour Téhéran, consacrerait la mort de l'accord.

Mensonges absolus

Elle survient aussi après qu'une centaine de villes iraniennes ont été touchées mi-novembre par un mouvement de contestation ayant suivi l'annonce surprise d'une forte hausse du prix de l'essence.

Les autorités disent avoir ramené le calme après quelques jours de manifestations et de violences, qu'elles ont qualifiées «d'émeutes» soutenues et encouragées par des «ennemis» de la République islamique, comme les Etats-Unis, Israël ou l'Arabie saoudite.

Téhéran a rejeté mardi comme des «mensonges absolus» les bilans de certaines ONG de défense des droits humains, comme Amnesty International, selon laquelle «au moins 208» contestataires ont été tués dans la répression de cette contestation.

Le président américain a jugé pour sa part «terrible» que beaucoup, beaucoup de gens aient été «tués en Iran pour le simple fait de manifester».

Aux termes de l'accord de Vienne, Téhéran a accepté de réduire drastiquement ses activités nucléaires, afin de garantir leur nature exclusivement civile, en échange de la levée d'une partie des sanctions internationales qui asphyxiaient son économie.

Les Etats-Unis sont sortis unilatéralement de ce pacte en mai 2018 avant de rétablir les sanctions qu'ils avaient levées contre l'Iran, et qu'ils ne cessent depuis lors de durcir.

Le retour des sanctions américaines, qui a pour effet de pratiquement couper l'Iran du système financier international et de tarir ses exportations de pétrole a plongé l'Iran dans une violente récession.

Pacte «violé», «piétiné»

Rohani a qualifié les sanctions américaines «d'injustes, cruelles, illégales, inappropriées et terroristes» mais assuré que son pays n'avait «pas fermé la porte aux négociations». D'ailleurs le Fonds monétaire international a prévu le recul de 9,5% du PIB iranien cette année.

Le guide suprême iranien, Ali Khamenei, qui décide en dernier ressort sur les questions de sécurité et de politique étrangère, a, lui, fermé la porte en septembre à toute discussion directe entre les Etats-Unis et l'Iran.

A propos de l'accord de Vienne, Rohani a répété la position iranienne selon laquelle les Etats-Unis «ont violé» le pacte en s'en retirant unilatéralement, et que les autres Etats parties «ont piétiné» l'accord en ne faisant pas tout leur possible pour épargner l'Iran des conséquences du retour des sanctions américaines.

En riposte à la sortie des Etats-Unis de l'accord de Vienne, l'Iran a commencé en mai à s'affranchir progressivement de certains de ses engagements, en espérant faire pression sur ses partenaires afin qu'ils l'aident à contourner ces sanctions.

L'Iran enrichit désormais de l'uranium à un degré supérieur au plafond prévu par l'accord de Vienne (3,67%) et conserve des quantités d'uranium enrichi et d'eau lourde dans des quantités interdites par ce texte.

«Même si nous sommes en train de réduire nos engagements, nous continuons d'agir dans le cadre» de l'accord de Vienne, a déclaré Rohani. A l'inverse, Paris, Berlin et Londres appellent Téhéran «à revenir sur toutes [ses] mesures contraires» à l'accord et à son application «pleine et entière».

Source AFP

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