Les nouvelles sanctions américaines contre Huawei Technologies n’ont pas pour le moment d’incidence sur la capacité du groupe chinois à fournir des équipements pour les futurs réseaux de téléphonie mobile de cinquième génération (5G) à la Grande-Bretagne, a déclaré mercredi son vice-président, Victor Zhang à Reuters. Le ton est moins optimiste en France qui fait monter les enchères. Quant au Maroc, Huawei surf sur la dynamique du Royaume en Afrique.
« Il faudrait des mois pour mesurer l’impact de la décision prise en mai par l’administration Trump de restreindre les livraisons de semi-conducteurs d’origine américaine à Huawei». a déclaré le responsable de Huawei à l'agence Reuters.
Il est à rappeler que cette mesure oblige les fournisseurs à obtenir une licence des Etats-Unis pour pouvoir vendre certains composants au groupe chinois.
«Ces restrictions n’ont pour l’instant pas eu d’impact sur la capacité de Huawei à fournir (les équipements) pour le déploiement de la 5G et de la fibre au Royaume-Uni», a déclaré Victor Zhang, lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes. «Nous devons discuter de l’impact à long terme et ça prend du temps, ça prend des mois.»
Huawei est depuis longtemps au coeur d’un différend entre les Etats-Unis et la Chine sur le contrôle des hautes technologies. Washington tente de convaincre ses alliés d’exclure le groupe chinois de la 5G en arguant du fait que ses équipements pourraient faciliter les activités d’espionnage chinoises, ce que le groupe chinois conteste.
Prudence de Londres
Tiraillée entre la pression de l'administration Trump et la demande du secteur des Telecoms, Londres a accordé un rôle limité à Huawei dans le déploiement de la 5G, tout en faisant savoir que cette décision pourrait être revue en fonction des répercussions des nouvelles sanctions américaines, qui pourraient pénaliser sa capacité à fournir des équipements fiables.
Alors que le Premier ministre Boris Johnson devrait trancher sur ce dossier d’ici la fin du mois, Victor Zhang a déclaré que les autorités britanniques devraient y réfléchir à deux fois avant de prendre une décision qu’il juge cruciale à long terme.
«Nous pensons qu’il est important d’attendre que tous les faits et implications soient connus», a-t-il prévenu. «Ce n’est pas le moment de prendre une décision aussi cruciale concernant Huawei.»
Paris fait monter les enchères
LesEchos dans son édition du 6 juillet, rapporte l'autre combat que mène l'équipementier chinois en France. «La pression monte avant la décision française sur la 5G» a rapporté le quotidien économique.
A la fois technique, économique et politique, le dossier est suivi de très près à Pékin où le sort du champion national Huawei intéresse au premier chef.
Selon la même source, on apprend que la Chine a appelé lundi la France à garantir un environnement « équitable et non discriminatoire », après la décision de l'Agence nationale de sécurité des systèmes informatiques (Anssi) de restreindre les autorisations d'exploitation des opérateurs s'équipant chez Huawei.
Dans un entretien aux « Echos », le directeur général de l'ANSSI, Guillaume Poupard, a annoncé que Huawei ferait à la fois l'objet de refus sur certaines zones et d'autorisations sur d'autres, mais qui seront limitées entre trois et huit ans, pour ceux qui, comme Bouygues Telecom et SFR, utilisent déjà le chinois.
A Rabat, Huawei marque des points
Au Maroc, le géant chinois marche sur des oeufs et s'investie dans les relations publiques avec le gouvernement dirigé par le parti islamiste, le PJD. Les responsables de Huawei ont pu rencontrer à plusieurs reprises le Chef de gouvernement Saad Eddine Elotmani et le ministre de l'Éducation Nationale Saeed Amzazi. Avec ce dernier les chinois ont choisi d'investir les universités marocaines en y installant 14 ICT Academy ce qui a permis de former 700 étudiants et 90 enseignants-chercheurs. Et plus récemment Huawei a lancé la campagne «GO Digital» de formation des étudiants à distance suite à la pandémie du Covid-19.
Outre les relations privilégiées qu'entretient l'équipementier chinois avec les opérateurs télécom marocain, Maroc Telecom, Orange et Inwi, Huawei a misé sur l'une des principales banques du Royaume, la Banque centrale populaire. En effet, le chinois vient de signer un MoU en vue de consolider leur coopération stratégique à l’échelle du continent africain, tant sur le volet bancaire que celui des solutions technologiques. Un évènement de haute importance vu le contexte géopolitique.